D’ici la fin de l’année 2024, l’image politique du monde telle que nous la connaissons aujourd’hui pourrait changer radicalement.
La raison est simple : au cours de cette année, des élections majeures auront lieu dans 82 pays du monde, dont 16 pays d’Afrique, 18 pays d’Asie, 30 pays d’Europe (oui, pratiquement toute l’Europe), 4 pays d’Océanie et 14 pays des Amériques.
Aux États-Unis seulement, cinq élections majeures auront lieu en 2024, susceptibles de remodeler tous les aspects de cette grande démocratie, aux niveaux locaux, étatique et fédéral.
Nous, Israéliens, suivrons de près les élections du Parlement européen au début du mois de juin de cette année : la coalition des partis verts, qui, dans la plupart des pays européens, est étroitement liée à la gauche libérale et soutient fermement l’islamisme politique, risque (espérons-le !!) de perdre son emprise sur Bruxelles. En effet, les partis de droite, fervents défenseurs de l’identité nationale et partisans d’un contrôle strict de l’immigration, ont pris la tête des sondages dans toute l’Europe. Il est trop tôt pour prédire les résultats de ces élections, mais une chose est sûre : étant donné le haut niveau actuel d’hostilité envers Israël, et étant donné la vague d’antisémitisme que l’on observe chaque jour en Europe, il est probable que tout changement ait le potentiel d’être bon pour Israël et les Juifs. Espérons que lors de ces élections Européennes du 6 au 9 juin, la coalition libérale/extrême gauche/écologistes/islamistes sera largement battue et que l’hostilité systémique de l’UE à l’égard d’Israël et des Juifs (alias antisémitisme) s’estompera.
L’élection présidentielle américaine est une suite continue d’événements qui se déroulent tout au long de l’année 2024 et du premier mois de l’année 2025. Les primaires État par État ont commencé en janvier et se termineront officiellement en juin. Cependant, tout suspense a disparu depuis que Donald Trump et Joe Biden ont décroché les nominations de leurs partis respectifs et que tous leurs principaux adversaires ont quitté la course électorale. Les conventions des partis républicain et démocrate auront lieu cet été. Du 15 au 18 juillet pour les républicains, à Milwaukee. Du 19 au 22 août pour les démocrates, à Chicago. Le résultat attendu de ces deux événements sera, pour chacun des partis, la confirmation du candidat à la présidence et de son colistier, le candidat à la vice-présidence (ensemble, ils composeront le “ticket” de leur parti). Sauf événement exceptionnel, à la fin des conventions, Trump et Biden seront confirmés et nous connaîtrons définitivement les noms de la seconde moitié des « tickets ». Cette année, plus que jamais, les manœuvres politiques visant à torpiller le candidat de l’autre parti se joueront âprement dans la presse, devant les tribunaux, sur les plateformes de médias sociaux et dans la publicité. Bien que nous ne sachions pas avec certitude qui seront les candidats de chaque parti avant les conventions, on peut supposer que Trump et Biden s’affronteront le 5 novembre et que l’un d’entre eux prêtera serment le 20 janvier 2025.
Il est aujourd’hui impossible de prédire qui sera le prochain président des États-Unis. Alors que Trump bénéficiait d’une avance significative au début de l’année, cet avantage s’est réduit pour se situer bien en dessous du seuil d’incertitude des sondages. La cause : le harcèlement dont Donald Trump a fait l’objet de la part des agences financières et de la justice qui porte ses fruits : il se retrouve dans une situation financière et juridique compliquée, accablante et étalée au grand jour. Cela signifie-t-il que Biden est assuré d’être réélu ? Certainement pas. Parmi les raisons relativement mineures qui expliquent cette situation, l’une est son âge et son état mental et physique, l’autre est le choix actuel de sa vice-présidente (Kamala Harris est largement considérée comme une dirigeante inefficace et incompétente. Elle le tire vers le bas, si tant est que cela soit possible).
Examinons les raisons les plus sérieuses pour lesquelles Biden pourrait perdre cette élection. La première raison est la présence d’autres candidats en plus de Trump et Biden, et certains d’entre eux ont une chance d’attirer un nombre significatif de votes en novembre. Une douzaine de candidats mineurs peuvent faire du bruit mais ne pas causer de perturbations significatives. Robert F. Kennedy Jr, célèbre avocat spécialiste de l’environnement et membre de la très respectée et appréciée famille Kennedy, peut potentiellement attirer de nombreux électeurs et changer l’issue de ce qui aurait pu être une course à deux. Pour aggraver la situation de Biden, de nombreux observateurs s’accordent à dire que les voix qui iront à Kennedy viendront du camp de Biden, et pas tellement de celui de Trump. Biden prend cette menace très au sérieux, et il est probable que les démocrates lanceront une campagne de dénigrement contre Kennedy qui s’accélérera jusqu’en novembre. La situation risque d’être assez désagréable pour ce candidat indépendant
La deuxième raison pour laquelle Biden pourrait perdre cette élection est une série de problèmes, réels ou perçus, qui, dans l’esprit de Biden et de son équipe, pourraient lui coûter un soutien électoral important s’ils ne sont pas traités correctement.
Sur le plan intérieur, le fiasco de la crise frontalière, qui a conduit à une immigration totalement incontrôlée aux États-Unis, est un tel problème, peut-être le plus important. Après l’échec cuisant de Kamala Harris à maîtriser ce problème, Joe Biden a décidé de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre : il a récemment publié un décret sur le sujet, et il se positionne désormais comme le gentil (j’ai fait tout ce que je pouvais faire, ce qui est bien sûr un mensonge), et il rejette la faute sur le Congrès (comprenez : le Congrès ne fait pas son travail). Il reste à voir si cela se déroulera comme il l’entend. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Sur le plan international, Joe Biden a deux priorités : l’Ukraine et la Russie, d’une part, et Gaza et Israël, d’autre part.
En ce qui concerne l’Ukraine, M. Biden cherche activement des moyens de contrôler et de limiter la manière dont l’Ukraine mène sa guerre contre la Russie. Je n’ai aucune sympathie particulière pour l’Ukraine, mais il est de notoriété publique qu’elle a subi et continue de subir des attaques massives de la part de la Russie. La Russie a récemment pris pour cible les sources d’énergie ukrainiennes, dans le froid de l’hiver, causant d’importants dommages aux populations civiles. Eh bien, deux poids, deux mesures, Biden interdit maintenant à l’Ukraine de bombarder le complexe énergétique russe : sources d’énergie, usines et réseau de distribution (dixit: “The Hill”, 27 mars 2024). La raison invoquée : cela provoquerait une hausse des prix du pétrole, ce qui lui donnerait une mauvaise image en cette année électorale. Autre exemple, l’armée américaine a considérablement réduit la portée de certaines des fusées les plus perfectionnées qu’elle a expédiées à l’Ukraine, craignant que les États-Unis (lire : Biden) ne soient blâmés si les fusées américaines atteignent l’intérieur de la Russie. En d’autres termes, chers amis ukrainiens, vous avez été attaqués, nous reconnaissons en principe votre droit à vous défendre, nous vous donnons même des armes et des munitions, mais nous nous réservons le droit de vous dire comment et où vous pouvez mener votre guerre défensive, et vous feriez mieux de nous écouter.
Dans une certaine mesure, le cas de l’Ukraine est assez simple : les États-Unis n’ont jamais eu l’intention d’intervenir directement dans ce pays, ni même promis de le faire. Il n’est pas certain qu’un segment important de la population américaine fonde son vote de novembre sur ce qui se passe en Ukraine. Contrairement au président français Macron, qui semble atteint de paranoïa aigüe (*), Joe Biden agit sur la base d’hypothèses incertaines, mais il se permet quand même d’imposer la manière dont l’Ukraine peut se défendre.
Israël représente un défi plus complexe pour Biden en ce qui concerne sa campagne de réélection.
La population musulmane aux États-Unis est passée de 3,45 millions de personnes en 2017 à 4,45 millions en 2020, pour arriver probablement à plus de 6 millions aujourd’hui. Concentrés dans les États du Midwest et à New York, ils ont un poids considérable lors des élections, d’autant plus que plusieurs de ces États (MN, MI, WI, etc.) sont considérés comme des “swing states”, c’est-à-dire des états susceptibles de basculer d’un camp à l’autre sur des marges très petites. Le vote de la population musulmane dans son ensemble sera surement influencé par la guerre à Gaza / Israël, mais aussi par d’autres considérations. Les dirigeants musulmans américains ont exprimé leur mécontentement quant au soutien apporté par les démocrates à la cause des LGBT. Des sondages ont montré que de nombreux musulmans pourraient détourner leur vote de M. Biden s’il persiste. Biden, le maître de l’apaisement, ne manque jamais une occasion de plaire à sa population musulmane : la semaine dernière, dans le cadre d’un vaste projet de loi de finances, il a signé une disposition interdisant le déploiement du drapeau LGBT dans toutes les ambassades américaines à travers le monde. Cette mesure vise bien sûr à plaire aux électeurs musulmans. Mais dans le même temps, et comme il ne veut pas non plus perdre les votes homosexuels, il a fait la promesse verbale, peu médiatisée, de faire annuler la disposition qu’il vient de signer. Apaisement et complaisance, quel que soit l’angle sous lequel on se place.
Le 8 octobre 2023, le président Joe Biden a été un véritable ami d’Israël. Il a fait preuve de respect, de compréhension, de compassion et de détermination. Il a compris. Son soutien à Israël était remarquable, inconditionnel, considérable. Et au fil du temps, les choses ont commencé à changer. Israël a maintenu le cap, avec les mêmes objectifs déclarés. Le Hamas est devenu plus vicieux au fil du temps. La machine de propagande arabe a commencé à produire des mensonges, des fausses nouvelles et des chiffres scandaleux et invérifiables sur le nombre de victimes. La devise du Hamas, “de la rivière à la mer”, est devenue un slogan de ralliement, rarement compris par ceux qui l’ont crié dans le monde entier. L’éradication d’Israël et des Juifs est devenue un argument commun qui pouvait être utilisé et répété dans des conversations en apparence civilisées. L’antisémitisme est devenu une chose dont personne n’avait à avoir honte, la haine des Juifs était une position ouvertement acceptée et raisonnable à défendre. Que Biden et le reste du monde n’aient pas compris les terribles conséquences de ce nouveau discours ou qu’ils aient délibérément choisi de les ignorer n’a pas vraiment d’importance. Les faits sont simples : Biden et la majeure partie du monde ont choisi de croire tout ce qui sortait de la machine de propagande de guerre arabe, et à l’inverse, ils ont choisi d’ignorer les arguments, les preuves, les témoignages, et la documentation qu’Israël préparait avec soin. Tout cela s’est produit alors que Biden, distancé par Trump dans l’opinion publique, cherchait à améliorer ses résultats dans les sondages. C’est simple : mettre la pression sur Israël, et encore plus de pression. Menacer Israël, faire chanter Israël : nous vous couperons les vivres si vous ne menez pas votre guerre à la manière de Biden. Les Arabes ne doivent pas être blâmés pour quoi que ce soit, le Hamas pourrait même se refaire une virginité. Bravo M. Biden, ça marche pour vous : CNN a déclaré ce matin que plusieurs des États de la région des Grands Lacs (ceux qui comptent une importante population musulmane) ont désormais basculé dans le camp démocrate. Apaisement et complaisance, quel que soit l’angle sous lequel on regarde.
La résolution 2728 des Nations unies, adoptée par le Conseil de sécurité le 25 mars, a été perçue par la plupart des Israéliens et des Juifs de la diaspora comme une trahison. Comment les États-Unis n’ont-ils pas opposé leur veto à une résolution imposant un cessez-le-feu à Israël sans aucune condition, sans blâmer le Hamas, sans le lier à la libération des otages ? Bien sûr, le texte contient quelques mots demandant au Hamas d’avoir la gentillesse de libérer quelques otages, mais sans aucune pression ou menace s’il ne s’exécute pas. Les États-Unis n’ont pas opposé leur veto à cette résolution unilatérale, ils se sont abstenus. Le Hamas, l’Iran, les Palestiniens et bien d’autres se sont réjouis de ce qu’ils considéraient comme une défaite cuisante pour Israël. Pire encore, puisque le monde impose un cessez-le-feu à Israël, le Hamas n’a pas à faire quoi que ce soit au sujet des otages ; et de fait, il a rapidement annoncé qu’il se retirait de toute négociation sur les otages. Et Israël est tenu pour responsable de ce revers. C’est soit le résultat d’une effroyable naïveté, soit le résultat d’un calcul machiavélique de la part de Biden et de son équipe. Monsieur Biden, Monsieur Blinken, il est temps pour vous de vous souvenir de Chamberlain et de Daladier. Comme vous, ils ont aussi cherché à apaiser le diable en trahissant leurs alliés. L’histoire, à juste titre, n’est pas tendre avec Chamberlain et Daladier. Leur erreur de calcul a conduit à la Seconde Guerre mondiale et a causé des dizaines de millions de morts. M. Biden, M. Blinken, en laissant passer cette terrible résolution, non seulement vous vous êtes inclinés devant le groupe terroriste le plus barbare que le monde ait connu depuis très longtemps, mais vous avez également enhardi le Hezbollah, Daesh, ISIS et surtout l’Iran, la pire menace pour la paix dans le monde. M. Biden, avec ce geste détestable, vous allez peut-être glaner quelques voix supplémentaires parmi la communauté musulmane, mais à quel prix ?
Comme nous l’avons déjà dit, les objectifs d’Israël n’ont pas changé. Nous menons une guerre juste, avec décence, éthique et, dans la mesure du possible, respect de la vie humaine. Et nous devons maintenir le cap. Nous devons terminer le travail. Nous devons libérer tous les otages, et pas seulement 40 d’entre eux. Et alors que nous sommes inondés de messages de haine et de critiques, nous devons réparer nos relations avec les États-Unis. À mon humble avis, cela ne peut se faire que loin des yeux du public, de manière totalement confidentielle, sans fuites dans la presse et sans déclarations incontrôlées et inutiles. Le temps est un facteur essentiel ; il faut commencer très vite, car cela prendra du temps. Je suis convaincu que le Premier ministre Netanyahou a les compétences, la motivation et la force nécessaires pour mener à bien ce travail de réparation et pour ramener Biden et les États-Unis dans un alignement total avec Israël, notre pays bien-aimé, la seule démocratie dans un océan de régimes dictatoriaux, et le seul allié fiable des États-Unis dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Puisse D.ieu Tout Puissant nous aider tous, aider Israël et aider les Juifs de la diaspora.
(*) Macron a menacé la Russie de déployer 20 000 soldats français sur le sol Ukrainien, ce qui n’a évidemment pas plu à Poutine. Macron a maintenant porté le degré d’alerte en France à son plus haut niveau possible, avec des militaires et des policiers déployés partout, instillant la peur, voire la panique parmi les résidents français……
Jean-Pierre Braun a passé sa carrière au cœur de la Hi Tech dans la Silicon Valley (Californie). Jean-Pierre a également été le fondateur et président pendant 20 ans d’une synagogue unique au centre de la Silicon Valley et, à son retour en France, est devenu vice-président du CRIF Rhône Alpes et président de la communauté Rachi à Grenoble. Avec sa femme Annie, ils ont fait leur Aliyah a Jérusalem en 2016.
REMARQUABLE ARTICLE !!!