La Thora se termine par l’éloge de Moïse par Dieu Lui-même[1] :
« Il ne s’est plus levé de prophète en Israël, comme Moïse, avec qui Hachem a parlé face à face … ainsi qu’à toute cette main puissante, et à toutes ces imposantes merveilles, que Moïse a accomplies aux yeux de tout Israël. »
Et Rachi commente :
Aux yeux de tout Israël. À savoir que son cœur l’a élevé à briser les Tables à leurs yeux, comme il est écrit[2] : « … je les ai brisées à vos yeux. » Et le Saint béni soit-Il a acquiescé, comme il est écrit[3] : « … les premières Tables que tu as brisées (achèr chibarta) » – que tu as bien fait (yichar ko‘hakha chèchibarta) de briser[4].
Comment !? Ce que Moïse aurait fait de plus extraordinaire, plus que toutes les merveilles accomplies à la sortie d’Égypte, plus même que sa participation à la Révélation, ce serait d’avoir brisé les Tables de la loi ?
Voilà de quoi nous intriguer !
Trois voies s’offrent à nous pour tenter de le comprendre :
En brisant les Tables de la loi alors que les Enfants d’Israël venaient de fauter gravement en fêtant le veau d’or, Moïse a sauvé les Enfants d’Israël ; comme si son acte détournait les regards courroucés de Dieu de la faute des Enfants d’Israël vers la nécessité de redonner de nouvelles Tables, car sans elles le monde resterait privé de sens.
Briser les Tables témoigne pour Israël de la nature vraie de la Thora. Elle n’est pas un talisman, une sorte d’objet sacré. La vénération va tout d’abord au contenu. Qu’elles aient été taillées de la main de Dieu, écrites du doigt de Dieu – quoi que ces expressions puissent signifier – ces tables ne sont d’aucune utilité intrinsèque, magique, et ne sauveront en aucun cas le peuple juif, telle une arme secrète.
Et surtout, briser les Tables dévoile le lien intime entre elles et Israël. Chaque manquement d’Israël au respect de la Thora brise pour ainsi dire les Tables à nouveau ; mais aussi, il est au pouvoir d’Israël d’en restaurer l’intégrité : chaque fois que la volonté d’Hachem se trouve accomplie, les morceaux brisés se ressoudent.
[1] Deutéronome xxxiv, 10-12.
[2] Supra ix, 17.
[3] Exode xxxiv, 1.
[4] Chabbat 87b.
Extrait de l’ouvrage du Rav Shaoul David Botschko ”A la table de Shabbat”
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029972023