Jacqueline Lévy, qui travaille auprès des olim de France, a été témoin du terrible attentat perpétré jeudi soir sur la Promenade des Anglais, à Nice. Elle nous a confié son récit.
Elle venait de rencontrer en début de soirée des futurs Olim au Beth Habad, en prévision du vol prévu cette semaine pour Israël de 160 nouveaux immigrants de France parmi lesquels se trouvent des Juifs niçois. « La réunion s’est terminée vers 21 heures et je suis allée manger à la pizzéria cacher qui se trouve à 500 mètres de la promenade des Anglais. J’ai fini vers 21h45 et j’ai décidé d’aller faire un petit tour ».
« Quand je suis arrivée sur la Promenade, a-t-elle poursuivi, le feu d’artifice commençait et j’ai beaucoup apprécié le spectacle. Il y avait beaucoup de monde. A la fin, les spectateurs se sont dispersés et j’ai décidé de rentrer à mon hôtel après avoir remonté la promenade sur environ 800 mètres. J’ai fait demi-tour et j’ai vu alors des gens arriver en courant et en criant. Après, ce sont des foules entières qui se précipitaient et des personnes tombaient, des vélos étaient abandonnés, avant l’arrivée du camion. J’ai alors cru entendre des coups de feu. Dans de tels moments, on reste hébété, immobile, on ne sait pas quoi faire. J’avais peur de sauter sur la plage, pensant qu’il y avait peut-être des tireurs avec des mitraillettes. J’ai compris que c’était grave et qu’il s’agissait d’un attentat ».
Jacqueline Lévy a continué : « J’ai essayé de m’abriter d’un côté et finalement, n’y parvenant pas, je me suis allongée par terre. Autour de moi, les gens pleuraient. Et c’est à ce moment-là que j’ai aperçu le camion à 4 ou 5 mètres de moi. J’ai eu l’impression qu’il avait ralenti. Il roulait doucement et une voiture de police le suivait. J’ai vu de la fumée.
Le camion est passé et je me suis levée pour traverser la rue. Beaucoup de gens couraient avec moi. Une femme était pieds nus, criant qu’elle ne retrouvait plus son mari. Je l’ai accompagnée dans les petites rues, parlant avec elle, et l’ai conduite presque devant sa porte. Je suis ensuite rentrée à mon hôtel qui n’était pas très loin. Je n’avais pas encore saisi l’ampleur du drame. J’ai envoyé un message à mes enfants en Israël et j’ai allumé la télévision. C’est là que j’ai commencé réellement à réaliser ce qui s’était passé ».