Réalisateur et producteur en Israël, David Szerman a travaillé pendant 17 ans avec le Rabbin Josy Eisenberg.
Le P’tit Hebdo: Comment avez-vous rencontré le Rabbin Josy Eisenberg?
David Szerman: Depuis petit, j’ai été attiré par le métier de réalisateur. Je regardais les émissions de Josy Eisenberg et j’ai toujours voulu le rencontrer. Il y a quelques années, j’ai réalisé un film pour l’Agence Juive sur Théodore Herzl. Josy Eisenberg a été emballé par ce court-métrage et l’a tout de suite acheté pour le diffuser sur France 2. C’était en 2000, nous avons alors créé un lien. Il faisait appel à mes services pour filmer régulièrement des images en Israël qu’il me demandait ou que je lui proposais. Puis j’ai fait des films complets pour la Source de Vie.
Lph: Quels sont les films marquants que vous avez faits avec lui?
D.S.: Dix-huit de mes films ont été diffusés. Nous avons fait une série sur les conversions à Jérusalem, un film sur la musique juive. Mais ce qui m’a le plus marqué c’est celui sur les Bné Ménaché et celui sur la vie après la mort, diffusé récemment et que nous avons co-produit.
Josy était un homme courageux qui osait parler de tous les sujets.
Lph: Que retiendrez-vous de votre relation professionnelle?
D.S.: Pour moi Josy était un homme de télé et surtout un producteur. Il avait sa maison de production KOL OR FILMS. C’était un producteur hors pair! Il a trouvé, pendant 50 ans, des programmations pour son émission sans jamais se répéter, il avait un budget très mince de la part de France 2 et pourtant il parvenait à faire des merveilles. Il travaillait avec une efficacité redoutable. Je me souviens avoir été réalisateur plateau pour l’émission “A Bible ouverte”: nous avions enregistré 6 mois d’émission en une journée de travail. Il savait de lui-même quand conclure chaque séquence, il avait une horloge dans la tête. C’était impressionnant. A titre personnel, Josy Eisenberg m’aura beaucoup appris sur le métier de producteur.
David Szerman (à droite) avec l’équipe de Kol Or Films
Lph: Comment le professionnel de l’image que vous êtes, explique le succès de l’émission du Rabbin Josy Eisenberg?
D.S.: Josy avait beaucoup de talent, une facilité d’écriture incroyable. C’était un véritable intellectuel qui s’exprimait dans un français parfait et avec toujours des traits d’humour bien placés. C’est aussi quelqu’un qui a su faire la part belle au pluralisme. Il a été capable dans les années 80 de faire découvrir en France la hassidout Breslev et parallèlement donner la parole au Mouvement Libéral. Il était l’homme du judaïsme français dans toutes ses nuances. Et bien entendu, son succès est dû à ses capacités professionnelles hors pair que j’évoquais précédemment.
Lph: Le Rabbin Josy Eisenberg en trois adjectifs?
D.S.: Courageux, travailleur et généreux. Mais je pourrais ajouter aussi génial: il y avait du génie dans ce qu’il faisait, dans les mises en scène, dans les techniques de présentation. Il me manquera beaucoup, il m’a permis de produire et de diffuser mes films et m’a beaucoup appris en matière de production. Je me demanderai souvent à partir de maintenant ce que Josy aurait fait face à telle ou telle situation…
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay