Est-ce un premier recul du gouvernement face aux aux pressions extérieures (Jordanie, Egypte, Maroc…) et intérieures (Ra’am) ? Le commandant de la police du district de Jérusalem, Doron Tourdjman a exprimé sa stupéfaction et sa déception après la libération en masse d’émeutiers musulmans de ces derniers jours sur le Mont du Temple et en Vieille ville de Jérusalem. “La police a beaucoup de mal à imposer une quelconque dissuasion dans le secteur du Mont du Temple lorsque les tribunaux libèrent rapidement les fauteurs de troubles”, a-t-il déclaré, dépité, rajoutant : “Nous sommes déçus que la grande majorité des émeutiers ait été libérée. Pour notre part, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir”.
De son côté, le député Betzalel Smotritch (Hatziyonout Hadatit) a adressé une lettre urgente à la nouvelle conseillère juridique du gouvernement, Gali Barhav-Miyara, lui demandant des explications sur ce qu’il qualifie “d’intervention politique illicite dans une procédure judiciaire”. Il demande à la conseillère de révéler quelles sont les instances qui ont donné l’ordre aux tribunaux de libérer ainsi des centaines d’émeutiers qui devaient être jugés et condamnés. Selon plusieurs médias, cette libération aurait été négociée au niveau politique sous les auspices de l’Egypte.
Ra’am accentue sa pression sur la coalition
Sur fond de violences musulmanes et réactions policières sur le Mont du Temple, le parti Ra’am a une nouvelle fois menacé de quitter la coalition et faire tomber le gouvernement. Sur instruction du conseil de l’Ashoura, organe suprême du Mouvement islamique, Ra’am a annoncé dimanche être en “dissidence provisoire” avec la coalition jusqu’à nouvel ordre. Sur le plan pratique, cela n’a pas de grande incidence car la Knesset est en vacances et rien ne se passe sur le plan parlementaire. Mais Mansour Abbas a averti qu’en cas de poursuite de ce que lui et ses acolytes appellent “l’agression policière contre la mosquée Al-Aqsa”, cette dissidence deviendra définitive et provoquera la chute du gouvernement. Le parti Ra’am est en proie à de vives tensions internes quant à la suite à envisager. Si Mansour Abbas tient à maintenir son parti dans la coalition, fermement soutenu en cela par son allié Yaïr Lapid, les députés Walid Taha et Massoud Ghaneim sont plus catégoriques et sont prêts à prendre des mesures plus radicales. C’est dans ce contexte que doit naviguer le Premier ministre Naftali Benett qui sent que son siège est menacé et devra choisir entre l’affirmation de la souveraineté, le maintien de l’ordre public et la sécurité des Juifs d’une part et la survie de son gouvernement d’autre part.
Photo Jamal Awad / Flash 90