Le monde dans lequel nous évoluons règle nos rythmes de vie à une cadence parfois effrénée, nous entraine dans des spirales que nous ne maitrisons pas toujours: boulot, famille, épanouissement personnel, de quoi avoir la tête qui tourne…
Pour certains cela vire au cauchemar: le burn out, le surmenage ou la dépression sont à la clé de ces emplois du temps démentiels et de la vie que l’on s’impose ou que l’on nous impose.
Alors que penser? Est-on fait pour être heureux? Est-on condamné à se battre pour l’être? Le phénomène est devenu assez préoccupant pour que des spécialistes se penchent sur la question.
C’est le cas de David Lefrançois, psychologue, formateur de coach et neuroscientifique. Au terme de trois années de recherches et de travail, il a mis au point une méthode pour sortir du cercle infernal de la dépression et du burn out.
Pour comprendre ce mal du siècle, LPH est allé à la rencontre de cet homme qui a fait de son travail, une mission pour le bien d’autrui qu’il accomplit depuis Israël.
Le P’tit Hebdo: Comment vous définissez-vous?
David Lefrançois: Tout d’abord comme une personne très simple, psychologue de formation. J’ai un doctorat en neuroscience et le cerveau humain me passionne. Je demeure un étudiant de la vie, j’étudie tout le temps ce qui concerne ma profession mais aussi nos Textes, la Torah. Je partage ma vie entre les conférences, les formations et la recherche.
Lph: Vous êtes très présent sur la Toile. Etes-vous un psy 2.0?
D.L.: Ma présence sur internet est liée au fait que j’aime partager, offrir au plus grand nombre. C’est pourquoi j’utilise beaucoup YouTube et FaceBook, qui sont pour moi les moyens les plus rapides et les plus efficaces pour toucher le plus grand. Pour moi, l’idée n’est pas d’utiliser ces outils comme un vecteur commercial mais bien comme un chemin pour éveiller, expliquer et donner les clés pour changer et évoluer. C’est uniquement la première étape dans un processus de changement et d’évolution: prendre conscience et connaissance de ce qui ne va pas.
Lph: La psychologie est-elle la formation au bonheur?
D.L.: Oui, le but de la psychologie est de permettre de mieux fonctionner pour être plus heureux et ce dans tous les domaines de la vie.
Lph: Etre heureux: est-ce dans la nature de l’être humain?
D.L.: L’homme est fait pour être heureux, c’est dans son ADN. Il est programmé pour rechercher ce qui lui fait plaisir et éviter la douleur. Ensuite, notre environnement va nous apporter des éléments, des informations pour structurer notre personnalité.
Lph: Comment, si l’on est fait pour être heureux, peut-on tomber dans des déprimes lourdes?
D.L.: Prenons l’exemple d’un ordinateur neuf. Au début, tout est fait pour qu’il fonctionne à la perfection. Puis on commence à l’utiliser, on surfe sur le net, on y fait entrer des programmes et des logiciels: c’est l’environnement, dans lequel va se ”développer” notre ordinateur. Au contact de cet environnement, l’ordinateur pourra contracter des virus, puis il va moins bien marcher, plus lentement et le bug sera vite arrivé. Un jour, notre ordinateur est bloqué parce qu’il est infesté. Il est encore bon mais les virus l’empêchent d’avancer. On doit alors les enlever un par un.
C’est cela la dépression. Tout est fait pour que cela fonctionne mais l’environnement, les événements enclenchent des processus qui sont comme des virus informatiques. Un jour, c’est le bug.
Lph: Burn out et dépression: deux mots pour désigner le même mal?
D.L.: Les symptômes sont quasi-identiques. La différence est qu’en général, la dépression est liée à tous les domaines de la vie, alors que le burn out concerne certaines zones de vie (travail, enfants,…).
Lph: Quels sont les signaux qui doivent nous alerter?
D.L.: Entrer en dépression est comme amorcer une pente glissante. Les premiers signaux qui doivent alerter sont d’abord une perte de plaisir globale dans tous les gestes du quotidien.
Notre cerveau est constitué de trois zones: le cerveau limbique, le cerveau reptilien et le cortex. Le premier est responsable de nos émotions, le second des comportements primitifs et le dernier du raisonnement, de l’analyse.
Une personne dépressive ne fonctionne qu’avec son cerveau limbique. Je vais vous raconter une anecdote pour illustrer mon propos. J’ai récemment voyagé en France. J’ai mis mes Tefilines à l’aéroport de Tel Aviv chez les Habad. Arrivé à Paris, je m’aperçois que j’ai oublié ma montre au moment où j’ai fait ma prière. C’est d’abord mes émotions qui ont pris le dessus, puis mon cortex est intervenu et m’a aidé à faire redescendre la pression: je savais que chez les Habad, ma montre serait récupérée et qu’il me suffisait d’envoyer quelqu’un pour la chercher.
Une personne dépressive n’aurait pas été capable de ce raisonnement. Son cerveau limbique aurait mené la danse: ”De toute façon, je perds tout. Je suis incapable de garder quoi que ce soit. En plus cette montre était un cadeau. Je ne la retrouverai jamais, etc., etc.”. Il n’y a plus aucune raison, que de l’émotion et on entre dans un enchainement qui nous entraine de plus en plus vers le bas.
Lph: Existe-t-il des solutions?
D.L.: Oui, heureusement. J’ai travaillé pendant trois ans pour mettre au point un programme global qui permet de se sortir de la dépression et du burn out en trois mois. Je travaille avec des techniques testées scientifiquement. Lorsque j’adopte un plan de travail, je ne laisse aucune place au doute. Les outils que j’ai mis au point permettent de calibrer la dimension limbique. La méthode que je prescris nécessite une heure et demie de travail par jour.
Lph: Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre au point un tel programme?
D.L.: J’ai une longue expérience de psychologue et de coach. Depuis 2008, j’ai vu partir en flèche, les demandes d’aides pour des burn out. Je travaillais avec de grands groupes français et alors que jusqu’à cette date, j’intervenais pour des questions de motivation, de management, de leadership, aujourd’hui, ce n’est presque plus que pour des problèmes de surmenage et de dépression. Mon objectif étant de rendre les gens autonomes, j’ai voulu mettre en place des modules pour toucher le plus grand nombre de personnes et les rendre autonomes dans leur prise en charge.
Lph: Trois mois pour sortir de la dépression. Et après?
D.L.: L’après dépend de chaque individu. Il n’y a jamais de garantie qu’il n’y aura pas de rechute, parce que cela dépend de notre environnement. Mais au moins, on a acquis des outils pour la vie et on a développé une croyance que cette situation peut se gérer.
Lph: Peut-on éduquer ses enfants au bonheur?
D.L.: Oui. Mais à vrai dire, les enfants ne nous écoutent pas, les grands discours ne servent pas. Les enfants nous observent. Des parents heureux, qui assument ce qu’ils sont, qui sont attachés au bien-être, éduquent de la meilleure des façons leurs enfants au bonheur.
Lph: Etre heureux passe-t-il par faire le bonheur des autres?
D.L.: Etre heureux est contagieux! Par nature, une personne heureuse déborde de générosité, de sensibilité. Une personne heureuse peut se soucier des autres.
Lph: Si le Bonheur est contagieux, la dépression ne l’est-elle pas aussi? Vouloir se préoccuper de l’autre malheureux présente-t-il un risque pour son propre bonheur?
D.L.: Il faut savoir faire la distinction entre se sentir responsable et se sentir coupable. La physique quantique qui rejoint la Torah nous dit que nous sommes tous un. Sans entrer dans la culpabilité, nous devons nous demander quelle est notre part de responsabilité envers autrui. La limite à ne pas franchir, c’est quand le malheur des autres nous impacte au point d’être malheureux nous-mêmes.
Lph: Vous vivez en Israël depuis un an. Comment expliquez-vous que les Israéliens soient parmi les plus heureux dans le monde?
D.L.: Ici, nous pouvons vivre notre identité de Juif en toute liberté. Israël permet à un large spectre de s’exprimer et laisse la place à chacun. Se sentir libre est une condition du bonheur. Ensuite, je dirais, pour moi qui ai grandi en Normandie, que le climat y est aussi pour quelque chose! Enfin, et ce n’est pas une liste exhaustive, je trouve les gens intelligents en Israël, J’ai parcouru plusieurs pays, je n’y ai pas trouvé cette lumière.
Pour ma part, je peux dire que je suis encore plus heureux ici et cela rejaillit sur les autres. J’assume encore plus qui je suis depuis que je vis ici. Je prends du temps pour étudier la Torah et cela impacte mon être. J’essaie de faire honneur à mon pays à travers mes vidéos professionnelles, c’est important pour moi.
Le monde est tel qu’on le regarde. Un regard positif est certainement ce qui rend les gens véritablement heureux.
Pour aller plus loin
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
“La limite à ne pas franchir, c’est quand le malheur des autres nous impacte au point d’être malheureux nous-mêmes.” David Lefrançois.
Lorsqu’on voudrait aider des êtres reifiés et mis à mal dans le monde entier comme le sont les animaux, quand la banalité du mal le rend invisible à l’humain moyen et vous rend impuissant, il est quasiment impossible de ne pas franchir cette limite.
Et pourtant, pour être efficace, il faut en effet garder ses distances affectives. Compatir sans “en pâtir”!
le pb n’est pas tant la compassion que le fait de ne pas pouvoir lutter contre l’enorme machine qui broie ces êtres au sens propre aussi (poussins broyés).
Vous faites l’eloge du regard positif. c’est bien en theorie. c’est ce qui permet de lutter pour changer le monde, un certain optimisme>. Mais faut s’accrocher quand on est au coeur de la tourmente.
En ecrivant ces mots, je ne peux m’empecher de penser au film Amen, et au pretre qui cherche à trouver des appuis contre le genocide juif. En vain.Le pape aussi lui ferme la porte.
Je pense aussi au cyclone Irma qui s’abat actuellement sur les Antilles. Je pense aux humains…Mais eux seront à l’abri, j’espere suffisant. Mais imaginez tous les animaux errants, ou pire attachés dans des cours qui n’auront aucun moyen de s’échapper quand le niveau de l’eau inondera tout.
En fait, on a le choix entre l’état maniaque et la mélancolie. 😉
vous oubliez le facteur Dieu…
JE SUIS TRES INTERESSEE