Cela fait près de quatre mois que cela dure… Ce que l’on appelle désormais le »terrorisme des cerfs-volants » fait des ravages: plus de 1000 incendies se sont déclenchés et plus de 30000 dounam sont partis en fumée. Les terroristes de Gaza ont trouvé une arme aussi redoutable qu’elle est facile à fabriquer. L’immense majorité des terres en bordure de la frontière sont des terres agricoles et les incendies ruinent toutes les récoltes, tuent la faune et la flore magnifiques de cette région. Les habitants du Sud voient leurs terres agricoles noircies par les incendies, se réveillent et se couchent avec l’odeur du feu et vivent sous la menace permanente des missiles et maintenant aussi d’un incendie qui toucheraient les habitations.
LPH s’est entretenu avec Shmouel Ouaknine, ingénieur agronome et agriculteur, dans le mochav Yated, à trois kilomètres seulement du point de passage Kerem Shalom.
Le P’tit Hebdo: Peut-on parler ces derniers mois de dégradation sérieuse de vos conditions de vie ou est-ce votre quotidien depuis plusieurs années?
Shmouel Ouaknine: Les problèmes sécuritaires ne sont pas nouveaux. Les premiers missiles kassam se sont abattus sur notre région en 2001, après le retrait israélien du Sud Liban. Avec le désengagement de la bande de Gaza, on nous avait prédit que la situation s’arrangerait. C’est tout le contraire qui s’est produit. Nous, qui vivons dans un mochav à la frontière, avons été victimes de tirs de snipers et de tentatives d’incursion. Pour cultiver nos terres, nous sommes obligés d’utiliser des tracteurs blindés. Notre quotidien ici est fait de hauts et de bas sur le plan sécuritaire. Aujourd’hui, nous faisons face de nouveau à une situation intense.
Lph: La situation sécuritaire instable et les guerres à répétition ont-ils un impact sur la production agricole?
S.O.: Jusqu’à aujourd’hui, l’impact se ressentait surtout au niveau de la cueillette, plus que sur la production. En temps de guerre, les produits agricoles pourrissent parce que nous ne pouvons pas procéder à la cueillette. Depuis quelques mois, ce sont les récoltes de toute la saison qui sont perdues, parce que totalement brûlées.
Lph: Que ressentez-vous lorsque vous voyez des champs agricoles brûler?
S.O.: Pour moi, l’agriculture est sacrée. Cela fait si mal de voir cela, je le ressens physiquement. Ce sont surtout les champs de blé et les arbres qui brûlent. En fonction du sens du vent, nous avons aussi l’odeur du feu qui nous envahit. Il faut comprendre qu’en plus des dommages immédiats sur l’agriculture, ce sont aussi toutes les forêts, les animaux qui sont victimes de ces incendies et par là aussi le tourisme dans notre région. Surtout, lorsque l’on voit les flammes, on sait que le danger peut se rapprocher des habitations et qu’il faut agir vite.
Lph: Comment êtes-vous organisés pour parer au plus pressé?
S.O.: Chaque mochav possède un responsable de la sécurité qui organise des rondes 7 jours/7, 24h/24. Dès qu’un problème apparait, un message est envoyé sur le groupe d’urgence whatsapp et tout le monde arrive. Le problème c’est que le feu se propage rapidement, des centaines de dounam de réserves naturelles sont brûlées régulièrement. Jusqu’à présent, notre action conjuguée à celle des pompiers a permis de limiter au maximum les dégâts et surtout d’éviter des victimes humaines.
Lph: Que pensez-vous de l’action du gouvernement face à cette détresse? De l’extérieur, la réponse peut paraitre insuffisante.
S.O.: L’Etat a toujours été au rendez-vous pour nous dédommager financièrement, pendant toutes ces années.
Pour ce qui est de la réaction militaire, elle peut nous paraitre faible, mais nous ne disposons pas de tous les éléments. Nous ne pouvons que faire confiance à notre gouvernement. Il est vrai que l’on se dit que si des vies humaines étaient perdues, ou si les cerfs-volants ou les ballons incendiaires tombaient sur Jérusalem ou Tel Aviv, la réponse serait certainement plus forte. Mais, voilà, nous avons eu un mort, un soldat est tombé sous les tirs d’un sniper. C’était prévisible que cela arriverait. Alors qu’attend-on? Nous avons toujours trouvé la parade aux attaques de nos ennemis, là aussi des solutions existent.
Lph: Face à ces menaces, estimez-vous que vous menez une vie normale?
S.O.: On ne peut pas dire cela… Mais, à vrai dire, dans notre pays, qui peut l’affirmer? Nous sommes dans une réalité complexe. Ce qui ne doit pas nous décourager, parce que l’essentiel, c’est que nous soyons ici et qu’Am Israël Haï!
Ceux qui souffrent le plus de la situation ce sont les enfants. Ils ne possèdent pas les mêmes capacités de résistance que les adultes. Il faut bien réfléchir à la façon dont nous leur passons les messages pour atténuer le choc et l’angoisse. Mes enfants ont peur. Ces moments laissent des cicatrices à vie.
Lph: N’avez-vous jamais pensé à aller vivre ailleurs?
S.O.: Oui bien sûr, nous y avons pensé. Pour nos enfants. Mais pour aller où? Nous nous sentons tellement bien ici, malgré tout. Si nous devions quitter le mochav Yated, ce serait comme quitter Israël. Pour moi, c’est un rêve de vivre dans cet endroit. J’adore cette région, tout y est agréable et magnifique.
Cela fait des années que le Hamas essaie de nous saper le moral, de nous intimider, de nous rendre la vie impossible. Mais nous ne céderons rien. Les agriculteurs continuent à travailler, tout le temps, en temps de guerre et dans les temps plus calmes. Rien ne nous arrêtera, nous continuerons à travailler la terre d’Israël. Cela prendra du temps pour réparer les dégâts, mais ce n’est pas grave, nous ferons le travail nécessaire.
Lph: Qu’attendez-vous des habitants du reste du pays?
S.O.: Ces dernières années, alors que les menaces sécuritaires sont importantes, la population de nos mochavim a augmenté. Ceux qui viennent vivre ici, signifient que nous ne sommes pas des habitants de second rang, dans notre pays. Nous sommes tous dans le même bateau, si le Sud est en danger, c’est tout Israël qui est concerné.
A ceux qui vivent dans le reste du pays, nous disons de venir nous voir, de faire marcher notre économie, car c’est leur pays et leur économie. Les belles paroles, les mots sont toujours agréables, mais ce qui reste ce sont les actions. Nous vous invitons à visiter notre région et à en profiter parce qu’elle a des atouts incroyables à offrir. Notre esprit combattif et notre amour pour la terre d’Israël ne demandent qu’à être partagés.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo by Yonatan Sindel/Flash90
Israël se rend ridicule et misérable en acceptant que les terroristes arabes brûlent impunément la terre d’Israël en commettant une Shoa de la terre d’Israël dans l’indifférence générale y compris par Israël. Honte à tous !