Nous célébrerons ce dimanche, 28 Iyar, le 51e anniversaire de la réunification de Jérusalem. Cette date est hautement importante pour notre histoire et notre identité puisqu’elle signe le retour définitif du peuple juif sur toute sa capitale. Les héros de la guerre des Six Jours se souviennent avec émotion de cet instant où le Kotel a été libéré. Parmi eux, trois parachutistes immortalisés par la photo de David Rubinger, z”l. Tsion Tsigi Karsenty était l’un d’entre eux. C’est avec des larmes dans la voix qu’il retrace pour LPH l’épopée militaire et humaine qu’a été la libération de la vieille ville et du Kotel.
Un héritage sioniste
Tsigi Karsenty tient à commencer notre entretien par une présentation de ses origines familiales qui en disent long sur son engagement. ”Je viens d’une famille qui vit en Israël depuis plusieurs générations. Mes parents se sont battus au sein de la Hagana avant l’indépendance et ils ont poursuivi leur combat après. Je me souviens de mon père qui partait le soir. Petit garçon, je lui demandais pourquoi il s’en allait tous les soirs, et il me répondait: ”Pour protéger les enfants d’Israël”. Mes sœurs aînées soignaient les combattants, notre maison était une sorte de quartier général. J’ai vu, enfant, toutes ces images. Elles m’ont guidé toute ma vie”.
Tsigi est le seul garçon d’une famille de sept enfants. Quand est arrivé le moment de son enrôlement, il n’était de ce fait pas obligé d’intégrer les rangs de l’armée, sauf si ses parents lui en signaient l’autorisation. ”J’ai imité la signature de mes parents pour pouvoir faire mon service militaire”. Les chiens ne font pas des chats, dit une expression française, ou dans sa version hébraïque: la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre… Pour ce fils de sionistes convaincus et amoureux du peuple et de la terre d’Israël, il était inconcevable de ne pas remplir ce devoir. ”J’ai prié Hachem pendant tout mon service de me ramener en vie. Non pas que j’avais peur de donner ma vie pour l’Etat d’Israël mais pour ne pas faire souffrir mes parents”.
Tsigi s’engage naturellement au sein des parachutistes et effectue son service entre 1962 et 1965. En 1967, lorsqu’il est appelé pour la deuxième fois en milouïm, il sait que la guerre est proche. “Les Israéliens ont tout fait pour empêcher un conflit, mais ils n’ont pas eu d’autre choix”.
De la Colline des Munitions au Mur des Lamentations
“Déjà dix jours avant le début de la guerre, nous attendions les instructions. Un samedi soir, on nous emmène sans nous dire où. Nous arrivons au kibboutz Guivat Brenner dans le sud du pays. Là, Motta Gour nous a rejoints. On nous a annoncé qu’à 5 heures du matin, nous recevrions des parachutes et que nous partirions en mission. Nous étions enthousiastes à cette idée. Nous nous identifions alors aux parachutistes héroïques de la campagne du Sinaï, neuf ans plus tôt”. La mission sera annulée au dernier moment. Tsigi et ses amis apprennent alors qu’ils partent pour Jérusalem: il n’y aura pas de saut en parachute, mais la destination est palpitante. ”Nous arrivons à Jérusalem, jeunes soldats, sans aucune expérience de la guerre et sans plan… Nous étions cependant déterminés à défendre notre pays”. En pleine nuit, ils sont chargés de partir à l’assaut de la Colline des Munitions (Guivat Hatah’moshet). Leur mot d’ordre: ”Vous n’allez pas vous battre, vous allez gagner!”, la conquête de ces points stratégiques de la capitale allait ouvrir la voie vers son cœur, la vieille ville. La mission était de taille.
Tsigi se souvient: ”A deux heures du matin, nous avons commencé à approcher et à placer des explosifs près des bungalows jordaniens. Ils nous attendaient…Nous avions du matériel très précaire. Les grenades en plastique que nous leur lancions nous étaient retournées: elles n’explosaient pas… Nous avons continué entourés par des cris, des tirs et marchant sur des corps. Nous ne savions même pas s’ils étaient des nôtres ou pas. Nous devions avancer. Nous nous sommes battus comme des lions. Hanan Porat, z”l, se battait avec moi. Je me souviens que la mort dans l’âme nous avons dû abandonner nos compagnons blessés, nous ne pouvions rien faire pour les sauver, c’était trop tard. Nous avons perdu beaucoup de nos amis”. A ce stade de notre entretien, cet ancien parachutiste, 75 ans aujourd’hui, a des sanglots dans la voix, alors qu’il repense à ses camarades qui ont laissé leur vie dans ces combats.
Comment trouvez-vous le courage de continuer à vous battre, à avancer. Pensez-vous que cela est vain? ”On continue parce qu’on sait que nous n’avons pas d’autre pays! Nous n’avons pas le choix, tout simplement, nous devons nous battre. Mon père s’est battu, ma mère et mes sœurs aussi”.
De Guivat Hatah’moshet le groupe de parachutistes arrive au Mont des Oliviers puis au Mont Scopus. ”Nous voyons la Jérusalem d’Or, nous mesurons dans quel lieu historique nous venons d’arriver”. Puis commence la conquête de la vieille ville par la Porte des Lions. ”Nous formons deux files; les combats sont rudes, mais rien ne pouvait nous arrêter. Puis nous entendons dans la radio la voix de Motta Gour: ”Har Habayit béyadénou”! Nous étions plus que jamais motivés pour continuer le combat. Nos compagnons blessés ont été amenés pour partager ce moment avec nous et pour que nous gardions le moral: ils étaient vivants”.
Arrivé près d’un portail en fer qui donne sur le Kotel, Tsigi est pris pour cible par des tireurs d’élite. Il riposte et aperçoit le drapeau d’Israël qui flotte sur le Kotel. En pleurant, il nous raconte comment il a béni le Créateur pour avoir le mérite de vivre cet instant, comment il a caressé les pierres du Kotel et comment le Rav Goren l’a pris dans ses bras en sonnant du Chofar. “Et là, je vois tous les parachutistes qui affluent vers le Kotel: ils viennent de livrer 48h de combats, sans dormir, sans manger et tous se mettent à pleurer d’émotion”. Moshé Dayan, Itshak Rabin arrivent, remercient les soldats. ”Moshé Dayan écrit un mot qu’il glisse dans les pierres du Kotel: ”Nous ne rendrons jamais Jérusalem””.
Tsigi ne s’aperçoit même pas que le photographe David Rubinger fige cet instant. Ce n’est que quelques jours après qu’il tombe par hasard sur la fameuse photo dans un journal. Plus tard, lui, Haïm Oshri et Itzik Yifat rencontrent David Rubinger: ”Cette rencontre a été très particulière. Par cette photo, David Rubinger a laissé un héritage symbolique important”.
”Fier de mon pays, de sa jeunesse”
51 ans plus tard, pensez-vous que la jeune génération mesure le prix payé pour reconquérir Jérusalem? “Je fais des conférences dans les écoles, à l’armée et dans le monde entier. Les élèves israéliens m’attendent avec tellement d’impatience, ils boivent mes paroles. Dans le monde entier, ces récits touchent et les Juifs de Diaspora écoutent avec beaucoup d’émotion. Je me souviens d’un gala à Paris de LIBBI France auquel j’avais participé: quelle force! Quant aux soldats, ils ont grandi avec notre exemple. C’est leur héritage et ils le portent fièrement. Je vois de la lumière dans leurs yeux. Notre jeunesse est extraordinaire, nos soldats sont déterminés”.
Tsigi se rend souvent aussi sur le parcours qu’il a effectué en 1967 avec des groupes de touristes: ”Je les emmène depuis la Porte des Lions jusqu’au Kotel. Ils sont émerveillés. C’est la meilleure façon de ressentir l’histoire qui s’est jouée à cette époque”.
Pour cet ancien parachutiste qui a vécu l’occupation britannique et les premières guerres vitales de l’Etat d’Israël, la société israélienne va dans la bonne direction: ”Je n’ai aucune inquiétude, tout le monde sait que nous sommes un peuple hors du commun. Nous avons tout construit de nos propres mains, nous savons être ensemble face à l’adversité, nous aimons nos soldats et notre peuple. Je suis fier de mon pays!”
Guitel Ben-Ishay
quand je lis cette histoire,j’ai les larmes aux yeux.Pourtant on a lu et entendu souvent des personnes raconter leurs souffrances ,leur courage ,et leur motivation.Que dieu protège Israël et son peuple.J’espère qu’il y aura toujours un homme où une femme assez visionnaire pour le conduire à la victoire.