Manuel Valls a souligné lundi soir lors du 31e dîner annuel du Crif que « les Français juifs ne doivent pas douter de la France », répondant à « l’angoisse » exprimée par le président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
En l’absence du président François Hollande, retenu à Bruxelles par la prolongation d’un sommet extraordinaire UE-Turquie sur la crise des migrants, c’est le Premier ministre qui a répondu, dans un discours préparé par le chef de l’Etat et complété par ses soins, à Roger Cukierman. En raison des attaques ou menaces jihadistes et des actes antisémites, « nous vivons une vie retranchée. Nous avons le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de deuxième zone », avait souligné un peu plus tôt le président du Crif. « Quand verrons-nous des propositions révolutionnaires pour que l’école publique redevienne l’école de tous les Français ? », s’est-il aussi interrogé.
Dénonçant « des messages haineux en hausse exponentielle » sur internet, le dirigeant juif a jugé que des « règles nouvelles » devaient être « imposées à Facebook, Twitter et Google pour freiner cette évolution ». « L’état d’urgence doit aussi s’appliquer sur internet », a lancé Roger Cukierman en soulignant que Pharos, la plateforme gouvernementale de lutte contre la cybercriminalité, « devrait disposer de plusieurs centaines d’employés au lieu de quelques dizaines, seulement, aujourd’hui ».
Il n’est pas le permis de répandre la haine
Pour le Premier ministre, « les Français juifs ne doivent pas douter de la France. (…) Les Juifs de France ont bâti la France. Ils doivent continuer de la bâtir ! » S’écartant de la version écrite de son discours, il a martelé que « mener des politiques fortes contre l’antisémitisme ou l’antisionisme ne fera pas perdre des voix ici ou là dans tel ou tel quartier », mais « honorera tous ceux qui seront engagés dans ce combat ». « Il y a l’antisémitisme des beaux quartiers, il y a aussi l’antisémitisme dans les quartiers populaires d’une jeunesse radicalisée. Et puis (…) il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël », a-t-il fait valoir.
Le 31e dîner du Crif a réuni selon l’organisation « plus de 850 personnes » dans un hôtel parisien, avec un impressionnant parterre de personnalités politiques, diplomatiques, religieuses…
Le réveil, plutôt tardif, est arrivé !
“L’antisionisme ne serait-il que le masque de l’antisémitisme ? Léon Poliakov fait l’historique et le point de la question.“
« De l’antisionisme à l’antisémitisme », Calmann-Lévy, 1969, 4e de couverture.
T. B.