La personne avec qui j’avais rendez-vous en région parisienne venait de décaler l’entrevue prévue dans la matinée, au début de l’après-midi. Voulant tirer profit de ces quelques heures imprévues de temps libre dans mon planning bien chargé, je décidai d’aller étudier dans un Beth Hamidrach situé non loin de là. À l’heure du déjeuner, constatant qu’il n’y avait aucun restaurant cacher aux alentours, je demandai à un ami habitant le quartier où il me serait possible de manger. Il m’indiqua l’adresse d’un immeuble, au sein duquel se tenaient plusieurs sociétés dirigées par des Juifs.
— Là-bas, me dit-il, tu trouveras une cafétéria cachère. Et il y a même un Rav et un endroit pour étudier…
Arrivé sur place, je croisai un jeune homme à qui je demandai l’étage de la cafétéria, et qui, tout naturellement et très gentiment, m’amena jusqu’à l’endroit exact. Tandis que je faisais la queue devant le kiosque, je remarquai que le serveur me dévisageait avec insistance… Lorsqu’arriva mon tour, je n’eus même pas le temps d’ouvrir la bouche pour commander :
— Excusez-moi, vous ne seriez pas le Rav Kadoch, celui qui s’occupe des Brit Milot pour les adultes ? me demanda-t-il.
— Oui, c’est exact…, lui répondis-je très surpris.
D’accord, j’étais déjà intervenu dans plusieurs communautés pour présenter notre Association… mais je ne pensais tout de même pas être si célèbre ! Je lui demandai d’où il me connaissait et il m’expliqua :
— Eh bien, j’ai vu votre photo, la semaine dernière, dans un article sur WorldBrit. Et justement, cela m’a interpelé, car il y a ici quelqu’un qui vient d’installer sa société… C’est un Juif, lui aussi, mais d’après ce que j’ai cru entendre, il semblerait qu’il n’ait pas fait sa Brit Mila…
Je fus pris d’une émotion intense : une fois de plus, je constatais comment Hachem me guide toujours aux endroits les plus appropriés…
— Où se trouve son bureau ? m’enquis-je aussitôt.
— Deuxième étage, au fond du couloir, Société Untelle – c’est écrit sur la porte. Il s’appelle Nicolas, je crois, un jeune très sympa…
Je le remerciai pour l’information, payai mon sandwich et, ni une ni deux, partis à la recherche dudit bureau. Prenant mon courage à deux mains, je tapai à la porte et je fus invité à entrer… pour me retrouver, « comme par hasard », face au jeune homme qui m’avait amené jusqu’à la cafétéria ! Tout autant surpris que moi, il m’offrit un siège, pensant avoir un client potentiel en face de lui. Je le sentais toutefois un peu sceptique ; évidemment, les rabbins-businessmen, ça ne court pas non plus les rues… Sa méfiance se trouva renforcée dès mes premières questions – un peu directes, certes :
— Vous vous appelez Nicolas ?
— Oui…
— Et vous êtes juif ?
— Oui, me répond-il en haussant les sourcils.
— Est-ce que, « par hasard », vous ne seriez pas circoncis ?…
Je vis des gouttes de sueur perler sur son front et son visage se décomposer, mais il se ressaisit vite et me demanda, avec une pointe de défi :
— Mais qui vous a raconté tout ça ?!
J’ai pour principe de toujours garder l’anonymat de mes informateurs, aussi j’esquivai la question et je commençai plutôt à lui expliquer qui j’étais et quel était le rôle de l’association. Je le sentais s’apaiser petit à petit et je voyais le sourire revenir sur ses lèvres. J’ajoutais une touche d’humour, et la confiance s’installa rapidement.
Il me confia qu’effectivement, cela faisait 23 ans qu’on le traitait de « sale Juif » dans le milieu non-juif qu’il fréquentait, mais que cela faisait aussi 23 ans qu’il n’osait pas pousser la porte d’une synagogue. En réalité, il vivait une crise identitaire assez complexe, ne se sentant appartenir à aucun des deux mondes, ni d’un côté, ni de l’autre… Il m’avoua que cette histoire de Brit Mila lui trottait dans la tête depuis de longues années, qu’il avait essayé à plusieurs reprises de prendre son courage à deux mains et d’aller voir un chirurgien tout seul, mais que l’appréhension d’un tel acte l’avait toujours bloqué, et qu’il n’avait finalement jamais réussi à franchir le pas.
Puisque nous étions en plein dans le sujet, j’allumai mon ordinateur et lui montrai des témoignages « à chaud » de jeunes qui sortaient du bloc opératoire, juste après la Brit Mila, et qui affirmaient que tout s’était passé rapidement et sans douleur. L’atmosphère était à présent franchement détendue ; nous étions même en train de déjeuner ensemble dans son bureau. Cependant, il avait encore des doutes :
— Mais si D.ieu m’a créé ainsi, peut-être que je dois rester incirconcis ? Et qui me dit que je dois le faire maintenant, après 23 ans… ?
— Écoutez, je pourrais essayer de vous convaincre de plusieurs façons du bien-fondé de la mitsva, mais je me permettrai juste de vous rappeler quelques points extraordinaires de votre histoire. Premièrement, vous m’avez avoué que vous rêviez de faire votre Brit depuis des années. Deuxièmement, vous en avez parlé avec le rabbin qui enseigne dans le petit Beth Hamidrach de cet immeuble, et il vous a déjà bien expliqué l’importance de la chose. Et pour couronner le tout, Hakadoch Baroukh Hou vous envoie dans votre bureau-même, sans que vous ne l’ayez invité, le responsable international de l’association WorldBrit qui s’occupe des circoncisions pour adultes… Et je ne vous raconterai même pas par quel concours de circonstances j’ai atterri chez vous… ! Nicolas, tout vous est servi sur un plateau d’argent, et vous avez encore des doutes ???
Réalisant soudain l’étendue de l’extraordinaire Providence Divine dont il bénéficiait, il comprit du même coup que le moment était venu pour lui de prendre la bonne décision.
Cette émouvante histoire fait partie du nouveau livre du Rav Avraham Kadoch, « La Brit Mila Quintessence de l’Alliance – Parcours du juif non-circoncis » qui se consacre depuis plus de 10 ans à aider tous nos frères juifs non-circoncis, souvent issus de mariages mixtes, à rentrer dans l’Alliance. Un livre novateur dans son approche, très enrichissant et surtout rempli de nombreuses histoires plus émouvantes les unes que les autres !… À s’offrir ou à offrir.
D’ailleurs LPH vous présentera l’ouvrage plus en détail dès la semaine prochaine…
Pour le commander : Réouven 0549773914 ou depuis la France : 0177472166