Le tribunal de district de Jérusalem s’est vu déposer une plainte peu commune : plus de mille Israéliens, victimes du terrorisme « palestinien » et familles d’Israéliens assassinés, se sont constitués parties civiles contre l’Arab Bank dont le siège social est à Amman en Jordanie. Ils attaquent la banque pour « financement de terrorisme, génocide et crimes contre l’humanité ». Les requérants accusent la banque d’avoir largement contribué au financement d’attentats terroristes entre les années 1995 et 2005 (les fameuses « victimes de la paix d’Olso »…). Les fonds qui transitaient par cette banque allaient aussi bien au Fatah, qu’au Hamas, au Jihad Islamique au FPLP et à d’autres organisations. Dans un premier temps, les plaignants réclament un montant de 20 milliards de shekels.
L’avocat Gaby Meron, l’un des personnages de pointe dans cette gigantesque plainte explique : « Il faut déjà souligner que c’est la première fois qu’une telle plainte est déposée contre une banque pour son implication dans le financement du terrorisme. Généralement, ce genre de procédure est lancée contre les organisations terroristes elles-mêmes comme l’Autorité Palestinienne ou le Hamas ».
L’Arab Bank est l’un des plus grands établissements bancaires du monde arabe, disposant de plus de 600 agences à travers le monde et d’une kyrielle de filiales. Dans le document présenté par les avocats des parties civiles, il est mentionné que « l’Arab Bank, ses dirigeants et cadres ont été parties intégrantes de l’organigramme terroriste, de manière consciente, volontaire méthodique et permanente en finançant des activités terroristes qui ont visé des citoyens israéliens, militaires comme civils ».
L’identité des 1.132 plaignants rappelle parfois des attentats particulièrement meurtriers, comme celui de l’intersection de Beit-Lid (22.1.95 – 22 morts), celui du Dizengoff Center (4.3.96 – 13 morts), du marché Ma’hané Yehouda à Jérusalem (30.7.97 – 16 morts), du Dolphinarium de Tel-Aviv (1.6.2001 – 21 morts), du restaurant « Sbarro » à Jérusalem (9.8.2001 – 15 morts) et d’innombrables autres attentats qui ont non seulement fait de très nombreuses victimes mais aussi des milliers de blessés et de personnes psychologiquement détruites, dont certains réclament aujourd’hui justice auprès de cette banque collaboratrice des terroristes.
Me Meron apporte quelques détails sur la manière dont l’Arab Bank s’est rendue coupable de complicité à entreprise terroriste : gestion des comptes de terroristes et chefs d’organisations, gestion de comptes d’organisations liées au Hamas, au Jihad Islamique, au Fatah et autres, gestion de comptes d’institutions de « charité » ou sociétés-écrans situées à l’étranger et qui collectaient des fonds pour les organisations terroristes, versement de salaires mensuels aux familles de terroristes détenus, éliminés ou morts en commettant leur acte, gestion du compte de la « Commission saoudienne de soutien à l’Intifada Al-Aqsa ». Parmi les « clients » de cette banque, le sheikh Ahmad Yassin fondateur du Hamas ou Ismaïl Hanyeh, actuel chef du Hamas qui fut à l’époque responsable du terrible attentat lors de la soirée du séder à l’hôtel Park à Netanyah (27.3.2002 – 30 morts et 160 blessés).
Un petit exemple concret sur la collaboration active de l’Arab Bank au terrorisme, en violation de toutes les règles en vigueur : en 2000, au début de la 2e Intifada, le directeur de l’Arab Bank, Abd El-Majid Shoman avait créé le « Fonds de soutien à la résistance du peuple palestinien ». Il s’était alors engagé à contribuer de sa poche à hauteur de 500.000 dollars et avait annoncé que la banque elle-même y contribuerait pour 2 millions de dollars supplémentaires.
De manière générale l’Arab Bank a été – et est toujours – le canal principal de transit de fonds depuis les organisations et institutions situées à l’étranger et les groupes terroristes qui sont « sur le terrain ». Elle a elle-même contribué à collecter des fonds à l’étranger.
Les plaignants soulignent que les activités de l’Arab Bank dans le soutien au terrorisme étaient de notoriété publique et que les familles de terroristes se rendaient aux guichets des différentes agences pour y recevoir leur « dû » !
Gaby Meron rappelle aussi qu’une première plainte avait déjà été déposée en 2004 devant la justice américaine, comprenant 500 plaignants victimes du terrorisme de citoyenneté américaine ou double-nationaux. A cette plainte s’étaient rajoutés 5000 citoyens israéliens, mais le tribunal avait refusé de statuer sur les non-américains. Selon la loi américaine, une personne qui ne possède pas la citoyenneté ne peut pas intenter un procès sur le sol américain contre des sociétés ou organisations situées en-dehors des Etats-Unis pour financement de terrorisme. Les autres plaignants avaient par contre obtenu gain de cause et le montant total de dommages et intérêts fixés par la justice américaine avait été d’environ un milliard de dollars.
Les avocats des parties civiles soulignent que cette procédure et des sanctions financières souhaitées contre l’Arab Bank ont pour but de dissuader de telles activités illégales et immorales. Mais que se passera-t-il concrètement le jour où l’Arab Bank sera effectivement condamnée à verser un montant énorme de dommages et intérêts ? Me Gaby Meron explique que malheureusement, n’ayant pas d’agence en Israël mais par contre dans les territoires contrôlés par l’Autorité Palestinienne, l’Arab Bank traînera les pieds et il sera très difficile d’appliquer le verdict que les familles espèrent. Il faudra sans doute de nouvelles procédures d’exécution devant des tribunaux américains ou européens, ce qui peut prendre des années.
D’après un article paru sur Aroutz Sheva, traduit par Shraga Blum
Photo by Noam Moskowitz/FLASH90