Le personnage de Donald Trump a toujours été un mystère. Tout en étant un fervent supporter d’Israël, et en le prouvant dans les actes lorsqu’il était président – transfert de l’ambassade à Jérusalem, reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et autres subventions et soutiens – il a une attitude ambigüe avec certains antisémites et a tenu par le passé des propos qui frisaient l’antisémitisme.
Il a, par exemple, en 2019, utilisé le cliché antisémite des Juifs et de leur relation à l’argent dans un discours prononcé le Israeli American Council, en Floride: ”beaucoup d’entre vous sont dans l’immobilier”, avait-il lancé, ”Vous n’avez pas le choix, vous n’allez pas voter pour Pocahontas, je peux vous le dire”, avait-il dit, utilisant un surnom péjoratif désignant Elisabeth Warren, qui prétend avoir des ancêtres amérindiens. ”Vous n’allez pas voter pour l’impôt sur la fortune.” Et ce n’était pas la première fois que Trump faisait allusion au rapport supposé des Juifs avec l’argent.
Depuis, il a beaucoup reproché aux Juifs américains, majoritairement partisans du parti démocrate, d’être ingrats et de ne pas assez aimer Israël, puisqu’ils ne votaient pas pour lui.
Cette théorie, l’ancien président, qui a annoncé sa candidature aux présidentielles de 2024, l’a encore écrit, il y a quelques semaines sur son réseau social ”The Truth”: ”Aucun président n’a fait autant pour Israël que moi. Malgré cela, de manière surprenante, la formidable communauté évangéliste, l’apprécie davantage que les personnes de confession juive, surtout celles habitant aux Etats-Unis. Ces Juifs devraient se rassembler et agir pour Israël avant qu’il ne soit trop tard”.
Un message accusateur avec un air de menace mais qui n’a pas suscité la réaction espérée par Trump au sein de la communauté juive américaine.
Le journaliste Ariel Kahana d’Israël Hayom, spécialiste des Etats-Unis, s’interroge: est-ce par frustration envers la communauté juive que Trump a fini par recevoir le rappeur antisémite Kanye West et le prêtre négationniste, Nick Fuentes, pour un repas à son domicile?
Le fait est que cette rencontre a, pour le moins, déçu la communauté américaine mais aussi en Israël. Et Trump s’est contenté d’expliquer qu’il avait reçu Kanye West pour lui donner quelques conseils et que, de toute manière, ce dernier était atteint d’une maladie mentale qui empêchait de prendre ses propos au sérieux. Pour ce qui est de Fuentes, il a prétendu ne pas être courant de ses idées négationnistes, pourtant connues.
L’ancien président américain s’est justifié mais en aucun cas, il ne s’est excusé de ces relations sulfureuses.
Il a même publié une nouvelle attaque contre la communauté juive américaine avec une allusion tendancieuse envers Israël: ”A quelle vitesse, les dirigeants juifs ont-ils oublié que j’ai été le meilleur président pour Israël et de loin! Ils devraient avoir honte. Leur manque de loyauté envers leurs meilleurs amis et la raison pour laquelle beaucoup de membres du congrès et bien d’autres, ont cessé de soutenir Israël”.
Ces récentes sorties et son attitude ambivalente sèment le doute même au sein de ses supporters juifs et israéliens. Notons aussi que sa fille Ivanka et son mari Jared Kushner, juifs pratiquants, ne s’affichent plus en sa compagnie. Ils ont refusé d’être présents à ses côtés lorsqu’il annoncé sa candidature aux présidentielles de 2024.
Les regards se tournent désormais vers Ron De Santis ou Nikky Haley, deux personnalités du parti républicain, ouvertement pro-israéliens.