Yaïr Lapid est intervenu mardi soir à la télévision pour réagir officiellement à l’annonce de la signature d’un accord d’union entre Binyamin Netanyahou et Benny Gantz. Il s’est lancé dans une diatribe d’une rare violence contre le gouvernement qui est en train de se former et également contre celui qu’il qualifiait encore il n’y a pas si longtemps de « meilleur Premier ministre possible pour le pays », Benny Gantz.
Voulant se préparer à sa fonction de chef de l’opposition, le président de Yesh Atid a tiré sur le trait et a tiré à boulets rouges sur le futur gouvernement et son ancien coéquipier, en commençant sur un ton solennel par « demander des excuses à tous ceux qu’il a convaincus depuis une année de voter pour Benny Gantz »: Je n’aurais jamais cru qu’on vous volerait ainsi vos voix pour les donner à Bibi afin qu’il puisse former son cinquième gouvernement ».
Allant très loin, il a repris son accusation déjà lancée lundi envers Benny Gantz, qualifié désormais de « corrompu » et a accusé Gantz et Ashkenazy d’avoir préféré un siège au gouvernement aux intérêts du pays.
Espérant déjà récupérer les déçus du ralliement de Benny Gantz à un gouvernement d’union avec Binyamin Netanyahou, Yaïr Lapid a évoqué avec une certaine virulence tous les thèmes politiques- parfois démagogiques – susceptibles de flatter l’électorat centriste-laïc: la capitulation devant les exigences des orthodoxes sur la loi de conscription, sur la question du Chabbat, la charge financière que devront supporter à l’avenir « ceux qui paient des impôts » pour financer les orthodoxes, la fin de la démocratie et de l’Etat de droit laissés aux mains de Binyamin Netanyahou, le futur gouvernement hypertrophié et dispendieux alors qu’il y a un million de chômeurs, le risque de crise majeure avec la Jordanie et une cassure avec le Parti démocrate américain en cas d’extension de souveraineté sur la vallée du Jourdain, la poursuite de « l’oppression des homosexuels » etc. etc. etc.
Lapid n’a pas hésité non plus à prendre à témoin la population druze et arabe en indiquant que la Loi de la Nation « discriminatoire » (sic) ne sera pas modifiée.
A la fin de son long réquisitoire, Yaïr Lapid a félicité les députés de son parti pour « avoir préféré les valeurs aux fauteuils ministériels » et il s’est dit déterminé comme jamais pour mener la vie dure au futur gouvernement « à la Knesset, dans les rues et les places publiques ».
Photo Yonatan Sindel / Flash 90