Voilà bien une paracha difficile ! Non pas tant par son contenu que par son sujet : elle traite avec un luxe de détails surprenant des vêtements des cohanim et en particulier du Cohen gadol. La Thora serait-elle devenue soudain un magazine d’élégance vestimentaire ?
Il n’en est rien, bien entendu. Mais quels enseignements tous ces détails minutieux peuvent-ils bien receler ?
Examinons, pour l’exemple, l’interdiction de déchirer le manteau du Cohen gadol que Rachi juxtapose à deux autres interdictions concernant le Tabernacle[1] :
Celui qui déchire le manteau transgresse une interdiction[2]. Il s’agit ici de l’une des interdictions de la Thora, tout comme[3] : « Et le pectoral ne se déplacera pas sur le éfod » et[4] : « Elles n’en seront pas retirées », à propos des barres de l’arche.
Rachi nous donne ici un triple enseignement : Il y a trois ensembles dont il importe de conserver l’intégrité et qu’il faut se garder de briser en séparant leurs éléments :
Les Tables de la Loi qui reposent dans l’Arche sainte font bien entendu référence à la Thora. Les barres sont destinées à permettre le transport de l’Arche en tout déplacement. Or, la Thora et la vie ne font qu’un. La Thora ne doit pas être confinée dans la synagogue ou dans la maison d’étude ; elle doit nous accompagner en toute entreprise et nous devons prendre garde à ne pas séparer les fins des moyens.
Le éfod, l’une des pièces de l’habit du Cohen gadol, est un tablier, comme en porte toute personne qui travaille. Le pectoral quant à lui, support du Nom de Dieu, est un habit saint. Là encore, nous découvrons que les domaines habituellement désignés par « matériel » et « spirituel », bien que différents par essence, ne doivent en aucun cas être divisés ou séparés. Un tel dualisme contredirait le monothéisme d’Israël. Il faut savoir sanctifier l’ouvrage concret par lequel est aménagé le monde en demeure humaine authentique.
Le manteau dont s’enveloppe le Cohen gadol représente selon la tradition le peuple d’Israël. Ce manteau ne doit pas être déchiré. Malgré les divergences entre ses membres, le peuple d’Israël est Un, et on ne peut se séparer d’aucune des manières d’être qui le constituent.
[1] Exode xxviii, 32.
[2] Yoma 72a.
[3] Verset 28.
[4] Supra xxv, 15.
Extrait de l’ouvrage du Rav Shaoul David Botschko »A la table de Shabbat »
Pour se procurer l’ouvrage :
hesder2@gmail.com
029972023