La situation est à la fois tragique et romanesque. On a tous perdu des plumes dans cette aventure couronnée. Pourtant je n’éprouve pas de colère.
Les habitants de France, d’Espagne, d’Italie ou d’Angleterre, doutent de la compétence de leurs dirigeants. Pire encore, ils leur en veulent terriblement.
Ce sentiment ne provient pas du confinement interminable qu’ils subissent, mais correspond à une colère montante, généralisée, sans limite. L’épidémie qui fait des ravages sur une partie de la population, est moins forte que la haine, qui elle touche tout le monde. Comment avez-vous pu être si ignorants, si légers, si incompétents ? Pourquoi si tard, pourquoi si mal ?
Or je sens qu’en Israël, la majeure partie de la population fait confiance au Premier ministre dans la gestion de cette méga-crise. Il y a toujours à redire sur les hésitations, les erreurs de timing, les manques de précision, mais on se sent dirigés.
La population accepte sans contestation chaque mesure imposée par le ministère de la santé qui nous muselle un peu plus chaque jour.
L’ambiance est particulière, entre étonnement et discipline quasi absolue. Les soldats de Tsahal sont devenus les partenaires des habitants de Bnei Brak, images surréalistes. Ils rassurent et ravitaillent chaque jour la ville devenue forteresse. Les grands-parents et le corps médical sont devenus les héros de cette série journalière en live qui a dépassé toutes les espérances des box office de l’histoire de l’humanité.
Israël je le sais, je le sens, non seulement va s’en sortir, mais surtout bien mieux que la plupart des autres pays.
D’une part grâce à la discipline de la population qui suit les consignes imposées, mais aussi grâce à l’inventivité journalière qui règne dans le pays des miracles. Aussi bien dans la recherche intensive du vaccin qu’à travers les opérations coup de poing d’acheminement de matériel médical par El Al depuis la Chine.
C’est la force de résilience de ce petit pays qui connaît si bien le prix de la vie et l’effort de survie.
Notre région du Proche-Orient est en train de se métamorphoser, en silence, sous nos yeux. C’est aussi l’occasion rêvée de faire un autre vrai Seder. Voici venu le temps de s’occuper de nos ennemis de toujours : l’Iran, le Hezbollah et la Syrie se noient sous le Corona et ne se relèveront pas de cette pandémie avant longtemps. Voici venu le moment d’agir, et de mettre un terme, sans hésiter, à leur menace indécente depuis 72 ans.
On se souviendra longtemps de ce Pessa’h. Construisez vos souvenirs de demain. Enregistrez vos ressentis par vidéo ou par écrit. Conservez-les, et au Seder 2021, en famille, entre amis, ou même seuls, souvenez-vous des moments, des détails, qui vous ont le plus marqué. Plus tard en les ressortant vous serez étonnés ! Ce qui nous marque le plus aujourd’hui n’est pas forcément ce dont on se souviendra demain. Le temps transforme la mémoire et mélange totalement les cartes.
Ce qui est sûr, c’est que nos yeux pleins d’espoir verront toujours la mer s’ouvrir et la liberté s’offrir à nous, avec un goût de douceur infinie.