Alors ce shabbat, il était comment ? Magnifique ? Je savais…
Ce matin depuis mon banc, je découvre soudain mon intérieur.
Je ne réalisais pas que ma maison était si grande. Qu’il y avait tant de coins et de recoins. Que j’avais un balcon, et un banc en plus, que je ne quitte pratiquement plus. Que le soleil ne commençait à l’éclairer que vers 10h30. Que les chats se promenaient quant à eux en toute liberté de voisins en voisins. Que les enfants du dessus discutaient en français avec leurs parents. Que je parlais fort au téléphone. (Non ça je savais )
Je découvre aussi un autre intérieur, mon moi. J’ignorais ma capacité à rester sur place, sans même avoir besoin d’un cachet de Ritaline. Je n’aurais jamais cru que j’en étais capable. Plus encore, cela va vous surprendre, que j’y prendrai goût. S’il n’y avait pas mort d’hommes dans cette histoire invraisemblable, j’aurais presque considéré que l’expérience était belle. Presque !
Car oui, on nous a privés de cette liberté de circuler. Et nous avons accepté, sans trop nous rebeller. Et nous avons ralenti doucement jusqu’à nous immobiliser physiquement.
Je suis ravi d’une chose. A l’instar de Nathan Charansky durant ses séjours prolongés au goulag (Leavdil), la tête fonctionne. Mieux encore, elle a de loin rattrapé les jambes. Elle pense toute la journée, analyse et se laisse aller, parfois, en cachette, à faire des projets. Mais en silence, de peur qu’on ne se moque d’elle. Qui est ce fou qui se projette actuellement sur la comète ?
Détrompez-vous, il y en a ! Les Juifs, encore eux, avec leur fête… Un peuple qui n’arrête pas de se propulser, même dans l’obscurité, et qui aperçoit la lumière, là-bas, au loin…
Vous la voyez ? Pas besoin de vous lever, ni de courir, elle est en vous, dans votre tête, blottie contre l’épaule de son compagnon, Espoir.
La sortie n’est pas loin, la voiture n’est pas nécessaire. Même assis, autour d’une table, en cercle très privé, on peut apprécier et profiter pleinement : Pessa’h est à notre porte, marquée d’un signe, d’un clin d’œil protecteur et complice, entre Lui et nous.
Avraham Azoulay