Depuis un an maintenant, les ports israéliens sont embouteillés. Les files de bâteau qui attendent pour être déchargés ne font qu’augmenter. On compte près de 17 kilomètres de bâteaux qui stationnent dans les ports israéliens attendant de livrer leur marchandise.
Ces encombrements ne sont pas sans conséquence sur l’économie israélienne. Yonatan Sorochikin, membre du centre de recherche économique du forum Kohelet, estime que chaque jour d’embouteillage dans les ports coûte 20 millions de shekels, soit 7 milliards de shekels sur une année. Ces frais sont répercutés sur la facture du consommateur. En effet, les pénalités imposées pour chaque jour de retard au port, se retrouvent dans le prix des produits vendus. Pour Sorochikin, chaque ménage israélien va perdre 2500 shekels sur l’année en raison de ces embouteillages.
D’où vient le problème? Tout dépend à qui l’on pose la question. Pour Abir Kara, vice-ministre au sein du bureau du Premier ministre, la faute incombe aux syndicats. En effet, deux ports privés ont été créés, un dans le nord, l’autre dans le sud, correspondant à un investissement de 10 milliards de shekels pour l’Etat, mais ils ne sont pas en service. Cédant aux pressions des syndicats des ports publics, le gouvernement ne leur a toujours pas délivré les permis nécessaires pour fonctionner.
Par ailleurs, les embauches dans le secteur portuaire ont été quasiment inexistantes ces dernières années. Les ports publics ont considérablement ralenti le rythme d’embauche depuis 14 ans, lorsque la décision de créer deux ports privés a été actée. Ils craignaient manquer de travail, en raison de la concurrence et n’ont donc pas créé d’emplois.
Mais selon Sorochikin, le gouvernement est le principal responsable de la crise actuelle. Il pointe un doigt accusateur sur la ministre des Transports Merav Mihaeli (Avoda) qu’il accuse de se soumettre aux desiderata de la histadrout. Il évoque les voies de débarquement qui ne sont pas utilisées aujourd’hui dans les ports existants. Il dénonce le fait que la ministre se place sur la ligne des syndicats concernant les rythmes de travail et d’embauche.
Aujourd’hui, la ministre a annoncé une première mesure pour remédier à ce problème qui a un impact direct sur le coût de la vie. Elle a décrété que les voies de débarquement inutilisées seraient ouvertes. Elle a essuyé de vives critiques des syndicats, s’indignant de ce qu’ils qualifient de décision ”populiste, contraire aux accords” conclus entre eux et le gouvernement. Ils prétendent que ces voies ne sont pas du tout préparées et adaptées au déchargement de marchandises et qu’il s’agit d’un problème mondial entrainé par la crise sanitaire. Ils menacent maintenant d’une grève.
Pour Sorochikin, cette situation dans les ports israéliens va finir par ”réussir là où BDS a échoué”, les compagnies pouvant être amenées à l’avenir à réfléchir à deux fois avant d’envoyer un bâteau aux portes d’Israël.