L’orgueil et l’arrogance du président turc Recep Erdogan ont pris sacré un coup dimanche après les élections municipales qui se sont déroulées en Turquie.
Malgré le fait que le dictateur turc ait lancé toutes ses forces dans la bataille pour éviter un vote-sanction (102 meetings en 50 jours), il a subi un véritable camouflet avec une défaite très symbolique dans la capitale politique Ankara, où Mansur Yavas, candidat de l’union de l’opposition l’a emporté sur le candidat favori du président, Mehmet Ozhaseki, avec 51% contre 47% . Il s’agit de la première défaite du parti de l’AKP dans la capitale turque depuis 25 ans. Et à Istanbul, autre ville-test et poumon économique du pays, le candidat du parti présidentiel AKP, l’ancien Premier ministre Binali Yildrim et son adversaire Ekrem Imamoglu étaient au coude-à-coude et le résultat définitif est encore incertain. Les deux camps revendiquent la victoire. Si les résultats se confirment, les trois grands métropoles du pays, Ankara, Istanbul et Izmir seraient gérées par l’opposition au dictateur turc.
Comme Recep Erdogan l’avait lui-même voulu et affirmé, ces élections municipales constituaient un test pour lui-même et pour la popularité de son parti AKP. Durant la campagne, il n’avait pas hésité à déclarer que « la survie de la nation turque était en jeu dans ces élections », qu’il fallait « enterrer dans les urnes les ennemis du pays » ou encore « donner une claque ottomane aux adversaires de l’AKP »! La claque est bel et bien venue, mais pas dans le sens où il l’espérait…
Ce désaveu n’en est que plus retentissant. Il est notamment dû à la crise économique qui frappe le pays, avec inflation (20%), chômage élevé et chute de la livre, mais aussi à la grave situation des droits de l’homme dans le pays.
Bien que les prochaines élections législatives et présidentielles ne soient pas avant 2022-2023, cette défaite symbolique pourrait signifier le début de la fin du régime dictatorial de Recep Erdogan car la perte de villes-symboles mettrait fin au mythe de son invincibilité. Cela faisait vingt-cinq ans que Recep Erdogan n’avait pas perdu d’élections…
Photo Uri Lenz / Flash 90