Macron a raison, du moins sur cette déclaration : « Nous sommes en guerre ».
À ceci prêt que nous n’envoyons pas nos enfants au front pour nous défendre. Les soldats, c’est nous, parents et grands-parents en première ligne ! Drôle de guerre, mondiale en plus.
Personne n’a jamais envie de combattre, de risquer sa vie, de mesurer son degré de bravoure. Aujourd’hui, nous n’avons pas le choix. Nous allons apprécier non pas notre capacité d’endurance à courir et sauter, mais notre aptitude à l’immobilisme et l’acceptation de soi.
Notre faculté à se maintenir dans ce refuge quotidien qu’on avait délaissé, la maison, est mis à l’épreuve. Car la guerre va être longue, sans merci, avec son lot de victimes et l’avalanche d’informations qui nous soulèvent le cœur chaque jour. Tout en vibrant d’espoir à chaque avancée pour la découverte d’un vaccin ou d’un traitement, nous nous mordons les lèvres à l’écoute d’un nom, un de plus, sur la liste des héros tombés sur le champ de bataille.
Nous n’en sommes qu’au début, ici en Israël, et là-bas, en France.
Rions encore, échangeons des vidéos et des blagues. Chantons pour lui montrer, à ce “minus”, que nous n’avons pas peur. Sourions de notre nouvelle situation, en mode statique. Car la guerre c’est ça… Ceux qui l’ont vécue vous le diront. Le départ s’amorce dans l’euphorie, motivés par la découverte d’un nouveau monde, l’envie d’en découdre avec l’ennemi.
Retenez votre souffle, trouvez votre rythme ! La guerre c’est comme un marathon, il ne faut pas courir trop vite au départ, au contraire. Ceux qui veulent atteindre la ligne d’arrivée sur les deux jambes et avec toute leur tête doivent commencer doucement, mais sûrement.
Interrogez des militaires autour de vous, nous ne manquons pas de héros, ils vous raconteront. Plus la guerre dure, plus s’abaisse le moral des troupes. Chaque décès va entamer notre bonne humeur, c’est comme ça. C’est là qu’il nous faudra déployer toute notre énergie, pour remonter notre entourage, avec simplicité et force.
Et puis soudain les vedettes que l’on croyait inaccessibles nous sont devenues proches, fragiles, touchantes. Et surtout disponibles ! Alors bravo à Bruel, Gad, Ishay, Idan et les autres… Vous nous accueillez dans votre salon, vous nous ouvrez votre cœur, sincèrement, sans manières.
Préparons-nous à vivre des moments forts, croyez-moi. Alors un conseil : profitez du calme du départ et de votre réserve sérénité pour vous organiser. Demandez-vous maintenant ce que vous auriez toujours aimé faire, mais que le temps ne vous permettait pas de réaliser.
Laissez-moi vous dire, à titre personnel, ce que je découvre après déjà quelques jours de confinement. Que mes enfants sont drôles par exemple, l’insouciance des petits me touche et me rassure sur la vie. Que cuisiner devient un privilège qu’on ne m’avait jamais vraiment offert. Que la solitude du petit matin sur mon balcon a un goût d’extrême douceur. Que chacun apprend à connaître l’autre dans les moindres détails, à le supporter c’est vrai mais aussi à l’apprécier. Que notre véritable famille est là, avec nous, pour nous.
Une dernière chose : À tort ou à raison, j’essaye de ne pas penser aux conséquences de cette épidémie, au lendemain de fête. D’abord la passer, la gagner. Ensuite nous panserons les plaies de notre parnassa qui s’est volatilisée, de nos rêves envolés, de notre avenir bouleversé.
Nous sommes tous sur ce même bateau de l’inconnu.
Pardonnez-moi mon réalisme pas toujours gai, mais en rien pessimiste.
Nous avons cette chance d’être en Israël, de respirer un air particulier, en proximité avec le ciel, avec notre peuple.
Nous avons aussi un Premier ministre et un ministre de la défense dont le point commun est la sayeret matkal. Ils ont combattu dans toutes les situations, de nuit comme de jour, au péril de leur vie. Les situations d’urgence ne leur font pas peur, au contraire, elles suscitent des capacités supplémentaires de créativité. On va gagner, c’est sûr. C’est “un air de”, mais ce n’est pas la fin du monde, loin s’en faut. Il nous faudra ensuite démarrer un nouveau départ, celui de la reconstruction. Dites-vous toujours que ce
qui nous attend est bien plus merveilleux que ce qui est derrière nous .
À très vite …
Avraham Azoulay