L’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, a publié un livre, intitulé La massue: Comment rompre avec le passé a amené la paix au Moyen-Orient (Sledgehammer: How breaking with the past brought peace to the Middle East).
Dans cet ouvrage, celui qui fut l’ambassadeur de l’administration Trump, revient sur les Accords d’Avraham, la façon dont ils sont nés et pourquoi ils sont considérés comme l’un des plus grands accomplissements de la diplomatie internationale de ces dernières décennies.
Un passage est aussi consacré au fameux ”deal du siècle” qui proposait une solution détaillée au conflit qui oppose Israël et les Palestiniens. Dans les grandes lignes, cet accord aurait accordé une aide financière aux Palestiniens mais surtout aurait exigé d’eux toute une série de conditions à remplir pour obtenir à terme une autonomie. Parallèlement Israël aurait pu appliquer sa souveraineté sur 30% de la Judée-Samarie, dans un premier temps et notamment sur toute la vallée du Jourdain.
Ce plan n’a jamais commencé à être appliqué. Presque le lendemain de sa signature par Binyamin Netanyahou et Donald Trump, il a été remis en cause par les Israéliens et les Américains.
Dans son livre, David Friedman, qui a beaucoup oeuvré en faveur de la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie, explique le déroulé des événements à la suite de l’annonce du deal du siècle et raconte qu’il a été très déçu par l’accueil qui lui a été réservé par la classe politique israélienne.
Il a été étonné de constater que parmi les opposants à ce plan se trouvaient des présidents de région de Judée-Samarie mais aussi des hommes politiques de droite qui estimaient qu’il amènerait à la création d’un Etat palestinien. Friedman a tenté de les convaincre du contraire, en vain. D’ailleurs, Bennett et Shaked n’ont pas voulu soutenir franchement le plan de Trump justement au motif qu’ils se dresseraient contre toute tentative de création d’un Etat palestinien, et ont préféré réserver leur réaction jusqu’à en savoir davantage sur la question. L’ancien ambassadeur évoque aussi le chaos politique qui régnait en Israël au moment de cet accord, puisqu’il a correspondu à la période où les citoyens israéliens s’apprêtaient à aller voter pour la première fois d’une série d’élections qui a duré pendant deux ans.
A l’époque, Friedman a tenté de persuader Avigdor Liberman de rester aux côtés de Netanyahou afin que celui-ci puisse constituer un solide gouvernement de droite qui permettrait de commencer à mettre en oeuvre la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie. Liberman a refusé de siéger avec Netanyahou et les orthodoxes.
Parallèlement, Friedman raconte à quel point il était important pour l’administration Trump que l’opposition israélienne soit impliquée dans le processus. Or, le chef de l’opposition de l’époque, Benny Gantz a bien fait comprendre au Président américain qu’il s’opposait au processus. D’après Friedman, il a maintenu cette position lorsqu’il a intégré le gouvernement avec Netanyahou, refusant de faire à ce dernier ”ce cadeau électoral” avant d’être sûr que l’accord de rotation qu’il avait signé soit respecté.
En revanche, David Friedman insiste sur la volonté de Netanyahou de faire appliquer l’accord conclu avec Trump. Il en aurait donc été empêché par toute une série d’acteurs et une opposition interne trop importante, selon les faits tels qu’ils sont racontés par Friedman.
Finalement, comme on le sait, le deal du siècle est tombé aux oubliettes.
Photo: Yonatan Sindel Flash90