Mesure centrale du droit du mariage dans notre religion, le guet pose question. De nombreuses femmes se voient privées du droit de refaire leur vie, deviennent ”agounot” (enchainées), parce que leur mari refuse de leur donner ce document ou s’en servent comme monnaie d’échange.
Cette problématique est prise de plus en plus au sérieux par les tribunaux rabbiniques, surtout en Israël, où des sanctions sévères pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement sont prises contre les maris récalcitrants.
Mais il faut savoir qu’il existe aussi une proportion importante d’hommes qui se retrouvent ”agounim”, lorsque leur femme refuse d’accepter son guett. Dans ce cas, l’homme non plus ne peut pas se remarier et se voit contraint d’attendre avant de pouvoir refaire sa vie.
Ces jours-ci, le Beth Din en Israël a réussi à libérer un homme enchainé depuis 4 ans.
Il s’agit d’un couple israélien qui habitait depuis des années dans le Maryland aux Etats-Unis. Mais leur mariage a commencé à battre de l’aile et le couple s’est séparé. En 2018, le divorce civil est prononcé à Washington.
Les ennuis commencent, lorsque l’homme désire passer devant le Beth Din afin de mettre un terme à leur mariage suivant la loi juive. La femme a refusé de se présenter devant le tribunal rabbinique, à chaque convocation. En dehors d’Israël, les juges rabbiniques n’ont que peu de pouvoir de sanction. Cela se limite à des sanctions religieuses, surtout contre les hommes, comme celle de ne plus compter dans un minyan, par exemple. Ils n’ont pas les pouvoirs coercitifs qu’ont les juges en Israël qui peuvent faire renvoyer une personne de son lieu de travail, lui confisquer son permis de conduire ou même la jeter en prison.
Le tribunal rabbinique de Maryland a bien prononcé une sanction religieuse contre la femme mais sans effet.
En désespoir de cause, l’homme s’est tourné vers le Beth Din de Jérusalem. Ce dernier a pris immédiatement une mesure d’interdiction de sortie du territoire contre la femme, dans le cas où elle viendrait en Israël. Par ailleurs, il a confié le dossier à l’unité d’urgence qui traite des problèmes d’agounot et les deux parties ont été convoquées.
Il y a un mois, les inspecteurs de l’unité d’urgence ont transmis au Beth Din, une information selon laquelle, la femme se rendrait probablement en Israël pour le mariage de sa nièce.
Et en effet, elle a fait le voyage et a été interpellée à sa descente d’avion avec une convocation pour se rendre devant le Beth Din. Une fois sur place, on lui a signifié qu’elle ne pourrait pas sortir du territoire si elle n’acceptait pas le guett de son mari. Comprenant qu’elle était au pied du mur, elle a accepté.
Le mari a alors été convoqué pour le lui donner, seulement, problème… il était positif au Corona et ne pouvait donc pas voyager. Compte-tenu de la complexité et de l’urgence de la situation, le Beth Din a exceptionnellement autorisé une séance par Zoom et c’est un homme chargé par le mari d’être son émissaire qui a remis le guett à la femme, qui l’a donc accepté. Elle a pu rentrer aux Etats-Unis et l’homme a retrouvé sa liberté.