LPH New. Comment est née l’idée de cette yeshiva ? Est-elle venue répondre à un manque ?
Il y a en effet très peu de yeshivot de ce type. Nous voulons former des étudiants en Torah qui puissent aussi gagner leur vie, être des hommes de science, et apporter une pierre à l’édifice du peuple d’Israël dans des domaines qui requièrent le baccalauréat.
Vous estimez que la communauté ‘haredit n’est pas suffisamment impliquée dans la société ?
Je pense que la communauté orthodoxe fait quelque chose de juste. Il n’y a plus assez d’étudiants en Torah aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle elle y concentre toutes ses forces. Mais au sein de cette communauté, certains sont susceptibles de travailler pour gagner leur vie et d’étudier des matières profanes tout en conservant un bon niveau d’érudition religieuse.
Comment le monde orthodoxe perçoit-il ce genre de yeshiva ?
Avant, c’était mal vu, mais aujourd’hui il y une sorte d’accord tacite, parce que l’on comprend que ce genre de yeshiva répond aux besoins de certains.
Qu’est-ce qui est le plus grave du point de vue de la communauté orthodoxe : s’engager dans l’armée ou étudier des matières non religieuses ?
C’est une bonne question – et je n’ai pas de réponse ! Plus exactement, il s’agit de savoir où un jeune orthodoxe non préparé sera confronté au plus grand danger spirituel : est-ce en travaillant dans une entreprise high-tech non religieuse ou en faisant son service militaire pendant trois ans avec des camarades non pratiquants ?
Les deux cas de figure présentent un risque sur le plan spirituel. Je pense que chaque chose que fait un Juif doit d’abord être bien préparée.
À la yeshiva, les jeunes étudient la Torah en profondeur et, sur cette base, on les prépare aussi au monde
extérieur…
L’emploi du temps doit être chargé, si vous enseignez à la fois le Kodesh en profondeur et des études générales de haut niveau. Comment s’organise votre programme ?
Nous proposons un baccalauréat complet, avec 5 unités en mathématiques ou en anglais.
Nous disposons également d’une salle d’informatique. Mais notre programme met tout de même l’accent sur la Torah en priorité.
Nous accordons trois heures par jours aux autres matières, en préparant nos étudiants au baccalauréat.
Auriez-vous découvert qu’il est possible de passer le bac en étudiant seulement trois heures par jour, contre jusqu’à 8 heures par jour dans les écoles publiques ?! Comment est-ce possible ?
Les autres écoles consacrent du temps à des sujets qui ne sont pas liés au baccalauréat, tandis que nous, ce temps, nous le consacrons à l’étude religieuse. Certes, ce n’est pas un programme qui convient à tout le monde. En général, nos étudiants sont d’un bon niveau ; et s’ils travaillent consciencieusement, de manière organisée, et avec l’attention et le soutien de nos professeurs, ils peuvent tout à fait réussir. Nous avons de petites classes d’une vingtaine d’élèves, ce qui permet de s’occuper de chacun de façon personnalisée.
Une question m’intrigue : pensez-vous que l’étude de la Torah permette d’assimiler avec plus de facilité les matières non religieuses ?
Il est écrit dans la Torah : « Vous les observerez et vous les mettrez en pratique [les préceptes de la Torah], car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples. »
Je pense qu’un jeune qui étudie la Torah en profondeur développe une façon de penser très utile dans de nombreux domaines.
Pourquoi vous adressez-vous à la communauté française ?
En France, beaucoup de possibilités s’offrent aux Juifs orthodoxes d’avoir accès à des études supérieure. En Israël,
c’est plus compliqué. Nous voulons proposer des possibilités similaires.
Les études sont-elles en hébreu ou en français ?
En hébreu. L’établissement est israélien. Nous avons déjà, à la yeshiva, de jeunes Français parlant hébreu. Ce sont des enfants d’olim, et c’est à cette deuxième génération que s’adresse notre yeshiva : les enfants de ceux qui, en France, ont étudié en yeshiva et ont également fait des études supérieures, et qui veulent que leurs enfants puissent suivre le même parcours en Israël.
Il y a donc déjà de jeunes Français dans votre établissement : c’est bon à savoir pour les futurs intéressés. Le programme pour les olim de France est-il différent du programme général ?
Les olim bénéficient de certaines facilités mises en place par le ministère de l’Éducation.
Combien de personnes compte l’équipe des enseignants de la yeshiva ?
Beaucoup ! Chaque classe a son propre professeur, et par ailleurs chaque matière a son professeur attitré. D’ailleurs, nous avons même un professeur français (il parle couramment hébreu). Titulaire d’un Master de
mathématiques de la Sorbonne, il enseigne aujourd’hui à de jeunes Français établis en Israël.
Étudier chez vous coûte cher ?
Non, pas spécialement. Nous avons une association qui nous soutient, avec des personnes dont le travail est de récolter des fonds à l’étranger. Son objectif est de fournir aux orthodoxes
des outils pour la vie. Nous recevons donc beaucoup de support de l’extérieur. Tout le monde comprend que, de la même manière que de nouveaux immigrants arrivent en Israël, il y a également de nouveaux arrivants dans la communauté orthodoxe ; et ces derniers veulent s’intégrer en conservant leur niveau spirituel, tout en acquérant de l’instruction.
Le monde orthodoxe vit entre quatre murs. Nous, nous souhaitons ouvrir des fenêtres, tout en restant derrière
ces murs.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure passionnante ?
Le réel besoin qui s’exprime, au sein du peuple d’Israël et chez une partie des familles orthodoxes, d’être en lien avec le monde réel tout en restant plongés dans la spiritualité. Pourquoi devoir choisir ?
CONTACT : RAV ELIEZER : +972 52-617-6123