La semaine dernière a été inaugurée, à Har Homa, à Jérusalem, une rue Manitou. Cet événement peut être considéré comme une juste reconnaissance de l’action d’un des grands de notre génération.
La Torah de Manitou
Manitou, z”l, a été une figure incontournable du judaïsme français, en France et en Israël. Ses nombreux disciples en témoignent.
Le Rav Yehouda Léon Ashkénazi a participé à la renaissance du judaïsme français d’après-guerre, notamment à travers les EEIF où il recevra son totem, Manitou, nom par lequel il reste connu jusqu’à aujourd’hui. Il fait son alya au lendemain de la guerre des Six Jours et deviendra une des figures de proue du sionisme religieux. Il étudie auprès du Rav Tsvi Yehouda Kook et fonde l’Institut Maayanot et le centre Yaïr, où il diffusera son enseignement.
Une reconnaissance au niveau du peuple
Si Manitou était une personnalité rabbinique dans le monde francophone, il demeurera relativement peu connu du public israélien jusqu’à sa mort en 1996. Son petit-fils Itay Ashkénazi nous raconte : ”Lorsque j’ai commencé à étudier dans les yeshivot, je me suis aperçu à quel point les enseignements des sages d’Afrique du Nord et de France étaient méconnus en Israël. J’ai mesuré le manque que cela représentait”. Pour lui, une rue au nom de son grand-père ne sert pas la fierté familiale : ”Je n’ai pas besoin de cela pour être fier d’être son petit-fils”, nous confie-t-il, ”Avec cette rue, je pense que de nombreux Israéliens seront sensibilisés à la richesse de ce judaïsme d’Afrique du Nord et de France. Ils complèteront ainsi, avec cette pièce importante, la mosaïque que représente le peuple juif”.
A la mairie de Jérusalem, le conseiller municipal francophone, Dan Illouz, a beaucoup œuvré pour que cette rue existe. ”Le crédit revient à la famille Ashkénazi. Pour ma part, j’ai essayé de les aider autant que possible et je suis fier d’avoir participé à ce projet. C’est une nouvelle importante pour la société israélienne toute entière. L’enseignement de Manitou peut nous guider dans les défis actuels que nous rencontrons. Il a enseigné une torah qui combine une perspective juive nord-africaine avec la Torah du Rav Kook, entre la kabbalah et le rationalisme, entre le nationalisme et les valeurs universelles.
Manitou a touché ma famille personnellement. Il a joué un rôle important dans le fait qu’aujourd’hui, je vive en Israël, et que j’œuvre pour l’État d’Israël et pour Jérusalem. Sa torah a été l’une des lumières qui m’ont guidé avant mon alya et qui continuent à me guider.
De voir cette reconnaissance me rend très heureux. C’est un cadeau pour Jérusalem qui restera pour des générations”.
Guitel Ben-Ishay