Nous vous proposons de découvrir le point de vue du Rav Shlomo Aviner concernant le statut des femmes dans la religion aujourd’hui.
Pour cela nous sommes revenus avec lui sur le sujet de la lecture féminine de la Meguilat Esther ainsi que sur la question des débats autour des mikvés et des procédures de divorce.
Le P’tit Hebdo: Pourim est derrière nous. Vous avez, cette année aussi, exprimé votre opposition à la lecture de la Meguilat Esther par une femme pour un minyan de femmes. Alors que certains Rabbins estiment que cela n’est pas contre la hala’ha, pourquoi vous y opposer aussi vigoureusement?
Rav Shlomo Aviner: Dans les différents écrits que j’ai publiés à ce sujet depuis plusieurs années, j’exprime clairement le fait qu’il y a un interdit à ce type de lecture. Je rapporte en quoi ainsi que l’opinion de certains des Grands Rabbanim, comme le Rav Morde ‘haï Eliahou qui s’y opposent.
Effectivement, il y a une controverse. Ce n’est ni la première, ni la dernière. Dans ce cas, nous nous plions à la majorité. Cette majorité peut être numérique: pour ce qui est de la lecture féminine, l’opinion qui l’autorise est bien minoritaire; cette majorité peut être de sciences, ce qui signifie relever des plus hautes autorités rabbiniques, comme c’est le cas dans le sujet qui nous occupe.
Dans ce domaine, il n’est pas nécessaire de découvrir à chaque fois l’Amérique! Il y a toujours eu des femmes de grande valeur et de grande science et elles ne voyaient pas l’utilité de lire la meguila elle-même. Il n’est pas nécessaire de singer les hommes. Malheureusement notre société dévalorise la femme, mais ce n’est pas en singeant l’homme que cela s’arrangera. La Reine Esther est le personnage clé de Pourim: elle n’a pas singé les hommes pour mener son action!
Lph: Que vous inspirent tous les débats autour de la loi sur le mikvé?
Rav S.A.: Un mikvé n’appartient pas au Grand Rabbinat d’Israël. Celui qui le souhaite peut construire un mikvé chez lui et y faire ce que bon lui semble. Mais comme nous sommes les garants de notre tradition alors, bien entendu, on souhaite que le mikvé soit conforme à la loi juive vieille de 3000 ans. Le mikvé a donc toujours été, en dehors comme en Israël, la propriété du monde religieux.
Pour ma part, je constate que les femmes sont heureuses au mikvé et que l’on trouve des solutions à celles qui le sont moins. Le reste ne sont que des exceptions qu’il faut se garder de prendre pour des généralités.
Lph: Globalement, comment estimez-vous le statut de la femme dans le judaïsme aujourd’hui?
Rav S.A.: Il a toujours été excellent! Un homme qui ne respecte pas sa femme est appelé ”goy” dans le Choul’han Arou’h. Les problèmes qui sont soulevés, y compris ceux des guett que les maris refusent de donner pendant des années, ne sont que des exceptions. Il faut, bien entendu, résoudre ces cas d’exception, mais il est malhonnête de les gonfler pour en faire la généralité.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay