Pendant neuf mois, tous les quatre ans –le temps des Primaires américaines – l’Ambassade des Etats-Unis passe à Jérusalem. Chaque candidat républicain jure, aujourd’hui, que lui, Président, il donnera l’ordre de déménager son Ambassade à “Jérusalem, Capitale éternelle du peuple juif”. Et quand le Président sortant est républicain, c’est au tour des Démocrates de promettre qu’eux, présidents, ils vont transférer à “Jérusalem, etc.” leur Ambassade du bord de mer. Seulement, un mandat de Président américain ne dure que quatre printemps. Vous avez à peine eu le temps de chercher l’adresse d’un bon déménageur qu’il vous faut vous occuper des Primaires suivantes. Jérusalem patientera. Juste quatre ans. Après tout, quatre ans pour cette Jérusalem qui du haut du mont Moria nous contemple, est-ce que ça compte?
Le déni de Jérusalem, également partagé dans tout l’univers onusien et donc par la France, m’avait inspiré, il y a neuf ans, une “question orale”, c’est-à-dire… écrite, à laquelle l’Administration était tenue de répondre au Conseiller de l’Assemblée des Français de l’Etranger que j’étais. Quelle devait être, demandais-je, l’adresse postale de Jérusalem? “Vous conviendrez, écrivais-je, qu’il faut uniformiser. Comment? «PALESTINE» n’est guère possible puisque la Palestine mandataire n’existe plus. Pour le même motif, on ne peut retenir «CANAAN»; pas davantage «ROYAUME DE JUDÉE». Pas même«SULTANAT DES MAMELOUKS». Quant à «CORPUS SEPARATUM» […] cette dénomination n’est pas reconnue par la Poste”. Et je concluais “qu’en attendant que les négociations sur le statut de la ville et l’avenir de la région aboutissent, il paraît raisonnable que l’ensemble de nos services localisent Jérusalem, telle que la réalité l’établit, en ISRAËL”. Ce que d’ailleurs l’Administration finit par reconnaître. Reste, qu’en guise de riposte, il ne suffisait pas de la Poste.
Jacquot Grunewald