Le temps libérateur du printemps est une création divine depuis la nuit des temps. Pessah n’est qu’une prise de conscience historique de ce potentiel libérateur existant depuis la création du monde. La puissance qui nous libère de toutes nos « prisons », celles de l’esprit et celles du corps, circule dans l’univers tout entier à cette période de l’année. L’énergie de la sortie d’Egypte, existe bien avant la sortie d’Egypte historique. Le Zohar explique que l’essence même de nos exils se trouve dans notre « paralysie verbale », dans nos peurs, dans nos doutes, dans nos difficultés à réaliser nos idéaux. La difficulté d’exprimer verbalement nos problèmes, ne serait-ce que sur le plan verbal, est déjà la racine de notre emprisonnement.
Sortir d’Egypte n’est donc pas seulement un souvenir de ce que notre peuple a vécu il y a quelques milliers d’années, non, il s’agit de nous-mêmes, ici et maintenant. Ce temps que le Créateur nous a offert, celui du mois de Nissan, contient en lui le remède à tous nos maux. Si nous savions vivre au rythme de ce temps libérateur, nous saurions lire et décoder la racine de tous nos problèmes.
Sortir d’Egypte c’est aussi trouver la clef de notre libération totale. La parole divine créatrice de l’univers, la parole divine qui diffuse la vie est emprisonnée dans l’espace-temps en attendant sa délivrance.
Le mois de Nissan et la fête de Pessah nous permettent de retrouver ce verbe absolu et de le diffuser à nouveau sur la terre. C’est le but même du Seder de Pessah. La haggada n’est ni plus ni moins la mise en liberté du verbe créateur. Le Seder est une remise en ordre de toutes nos valeurs de vie. Ce soir-là nous devons savoir différencier entre le nécessaire et le futile. A Pessah, la bouche s’ouvre et raconte l’essence divine qui nous anime et nous fait vivre.
Pessah libère chaque année un peu plus de valeurs divines sur terre. La gueoula est un processus lent et graduel. Ceux qui ont le regard clair, ne sombrent pas dans les dépressions de la vie.
La gueoula est déjà en place. Il faut simplement la reconnaitre et en gratifier l’Eternel.
L’identité retrouvée à Pessah, elle seule, nous hisse au sommet de notre rôle en tant que nation dans l’arène de la société humaine.
Sortir d’Egypte c’est se hisser au-dessus des limites de ce monde. Se libérer d’Egypte c’est retrouver l’optimisme de nos vies et voir notre monde moderne avec le regard profond dont Israël fut doté à sa création.
Yoël Benharrouche