Moïse, avant de mourir, s’adresse à Dieu[1] :
« Dieu, Maître des esprits de toute chair, nomme un guide pour la communauté. »
« Maître des esprits » signifie, affirme le Midrach[2], que le successeur de Moïse doit « ressembler » au Créateur qui comprend chacun[3] :
« Moïse dit à Dieu, Maître du Monde, tu connais la pensée de chacun, que l’un ne ressemble pas à l’autre ; nomme leur un chef qui pourra supporter toutes les particularités. »
C’est Josué qui sera choisi, que Dieu qualifie d’« homme fort » et le Midrach interprète que, en désaccord avec Moïse, Hachem dit qu’il faut qu’un chef soit déterminé, que son Esprit emporte la décision[4] : « un chef qui pourra aller contre tous ».
Quel et donc le chef idéal ? Celui qui dirige le peuple dans la voie juste cassant toutes les oppositions, ou au contraire le grand diplomate qui emporte l’adhésion de tous en arrondissant les angles ?
Rachi rapporte le midrach en nuançant la contradiction entre la demande de Moïse et la réponse de Dieu :
Comme tu as demandé. un chef qui pourra aller contre tous.
Rachi enseigne que le chef qui dirige est justement celui qui comprend ; un chef ne peut être déconnecté de sa base. Mais il ajoute que comprendre n’est pas synonyme d’accepter ou d’admettre. Il faut être à l’écoute, mais il ne faut pas céder pour autant. Être proche pour conduire. C’est cela le génie de Josué et c’est lui qui amènera son peuple en Israël et ce peuple restera fidèle à la Thora tant que Josué le dirigera. Du vivant de Josué il n’y a eu ni révolte ni abandon. Il n’y a donc pas de contradiction entre les propos de Moïse et ceux de Hachem. Il s’agit de deux aspects complémentaires.