(Article extrait de LPH New n°947)
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Pendant 10 ans à la mairie de Jérusalem, Nir Barkat s’est révélé être un homme moderne, tourné vers l’innovation, osant les réformes. Les Hiérosolymitains ont pu s’en apercevoir. Pourquoi a-t-il quitté ce poste de maire de notre capitale ? Quels sont les objectifs de celui qui est aujourd’hui membre de la Knesset ?
Nir Barkat, l’époque où vous étiez maire de Jérusalem ne vous manque-t-elle pas ? Le troisième mandat était pourtant à portée de main…
NB. On dit qu’une année en tant que maire à Jérusalem vaut sept ans, comme une année chez le chien. Donc j’ai fait 70 ans, ce n’est pas mal déjà… Après avoir occupé de telles fonctions, j’ai décidé de mettre à profit cette riche expérience, conjointe à mon expérience d’hommes d’affaires, au niveau du pays.
Et ainsi je serai en mesure de faire même plus encore pour notre capitale, depuis le gouvernement.
Gérez-vous la politique comme les affaires ?
NB. Je suis avant tout un entrepreneur. Je suis venu à la mairie de Jérusalem pour faire évoluer, apporter du changement. Lorsque j’étais à la tête d’une entreprise, nous avons bâti beaucoup de projets, créé, organisé. Ma philosophie, c’est trouver des solutions innovantes aux problèmes, en les abordant à travers ce prisme. Aujourd’hui, je souhaite entreprendre à l’échelle du pays.
Maintenant vous êtes à la Knesset, mais on a le sentiment que vous êtes un peu amer. Bibi vous avait promis le poste prestigieux de ministre des Finances ?
NB. Peut-être que Binyamin Netanyahou a accordé trop de sièges au groupe de Gantz et il n’en est plus resté assez pour son parti ? Au Likoud il y a beaucoup plus de représentants que de sièges. À Bleu Blanc, c’est l’inverse. Mais on peut comprendre que dans les circonstances actuelles, un gouvernement d’Union nationale soit préférable…
J’aurais été très heureux d’être ministre des Finances, même si, dans la situation actuelle, c’est une lourde responsabilité.
Qu’est-ce qui aurait changé ?
NB. J’avais déjà préparé six grandes réformes économiques innovantes et visionnaires que j’ai présentées avant les dernières élections au Premier ministre Benyamin Netanyahou qui avait été séduit par mon programme.
Mais aujourd’hui, je veux commencer à travailler sur les futures élections et préparer un programme de campagne.
Je connais toutes les problématiques de notre État, mieux que tous les autres membres de la Knesset. Avoir été maire m’a permis de me confronter à toutes sortes de sujets : l’international, le social, les Arabes, les Haredim, la droite, la gauche…
J’ai su réunir toutes ces populations, ce qui me permet aujourd’hui d’avoir la capacité de le réaliser, à l’échelle du pays. Dès que Netanyahou se retirera, je me présenterai pour être à la tête du Likoud, et je vous garantis que je serai alors Premier ministre.
Alors que pensez-vous de la gestion économique actuelle ? Vous ne cachez pas votre colère.
NB. À l’échelle mondiale, la plupart des pays éclairés ont bien compris la gravité de la crise de la corona, et que l’enjeu principal n’était pas le budget, mais l’urgence de faire face à un problème sanitaire d’envergure. Avant la corona, la situation économique du pays était bonne et solide, avec un budget national de 400 milliards de shekels. Aujourd’hui, tout doit être mis en oeuvre pour que notre pays revienne à sa situation d’origine, qu’il retrouve une activité économique et prospère.
L’état n’aide-t-il pas suffisamment les entreprises ?
NB. Ma première critique, c’est que l’État devrait insuffler beaucoup plus d’argent, et particulièrement dans le secteur des affaires, des petites entreprises, des commerçants, des indépendants.
Aux États-Unis, ils ont investi 15% du budget national pour faire face à la corona, au Japon, 20%, en Europe, environ 10%, et en Israël 3,5% !
Certaines entreprises sont gravement atteintes, d’autres moyennement et d’autres légèrement. Comme un malade atteint du Covid-19, il faut traiter en urgence celui qui a besoin d’un respirateur pour survivre. Le pays aurait dû faire le maximum pour éviter les faillites.
Aujourd’hui 120 000 entreprises risquent de fermer, c’est trois fois plus que lors d’une année normale, avec une répercussion d’un nombre de licenciements qui avoisine le demi-million de salariés.
Comment agir alors ?
NB. J’ai présenté un programme de redressement économique au Premier ministre et au ministère des Finances, afin que l’on évalue la situation de chaque entreprise. Celui dont le chiffre d’affaire a baissé de plus de 50% est considéré comme blessé grave.
Selon moi, on devrait lui donner ⅛ de son chiffre d’affaire en don, alors qu’on se contente de lui accorder un prêt afin qu’il ne coule pas.
Au lieu de les aider à surmonter leurs problèmes, on les endette encore plus et ils font faillite. C’est une aide fictive, leurs problèmes persistent, ils devront travailler des années pour rembourser. Les banques ont accordé des prêts garantis par l’État, mais aux entreprises stables et solides, pas à celles au bord du gouffre. L’argent n’est pas dirigé vers ceux qui en ont besoin. Et donc nous subissons le fléau du chômage, 800 000 chômeurs aujourd’hui.
En conclusion l’État devrait consacrer 20 milliards de shekels pour soutenir les entreprises en grandes difficultés, c’est à dire 1.5% du PIB.
Cela ne risque-t-il pas de mettre en péril le pays ?
NB. Au contraire il faudrait débloquer de plus gros budgets. Quelle sera la conséquence de la faiblesse des aides, selon l’expression en anglais : “Penny wise, dollar stupid”. À trop regarder à la dépense, ils risquent de le payer cher par la suite.
Déjà du temps de Kahlon, vous remettiez en question la politique économique du gouvernement.
NB. La source des principales décisions émane des employés du ministère des finances. Ceux-ci sont très dirigistes, ont beaucoup d’influence sur le ministre entrant, et si celui-ci ne vient pas du monde des affaires, il les suit par ignorance. Moi je n’accepte pas leur diktat.
Ils ne doivent pas beaucoup vous apprécier …
NB. Je leur fais très peur, et à juste titre. Lorsque j’arriverai au pouvoir, je leur ferai la guerre.
En quoi consiste entre autres ce programme déplorable de Israël Katz ? L’attribution de 7500 shekels pour chaque employé en chômage technique repris par son entreprise.
Le chef d’entreprise, s’il n’a pas de chiffre d’affaires suffisant, n’embauche pas. Mais si le chiffre d’affaire est suffisant, il emploie automatiquement. Donc cette prime est inutile.
Ils ont donné des primes à des entreprises en position de reprendre leur activité.
Et donc finalement seulement 10% des entreprises auront reçu ces aides.
Pire encore, que se passe-t-il avec les entreprises qui n’ont pas licencié pendant l’épidémie ? Ils ne reçoivent aucune aide, et s’il y a maintenant une deuxième vague, que feront-ils ? Ils renverront le personnel pour pouvoir toucher les indemnités.
Quand je regarde ce tsunami de 800 000 licenciés qui ne retrouveront pas de place dans le marché du travail, puisque les entreprises ont réduit leurs effectifs, cela me brise le cœur.
Ce gouvernement a-t-il une chance de se maintenir ? Comment voyez-vous l’avenir du jeune tandem, Bibi et Benny ?
NB. Benny Gantz ne sera pas Premier ministre. Il n’en a pas l’étoffe. C’est un type bien, il a servi à l’armée, il a été un bon chef d’État major, mais je ne le vois pas Premier ministre. C’était mon opinion avant les élections, et ça l’est encore aujourd’hui.
Mais à mon avis, il y aura des élections anticipées.
Voyez-vous malgré tout un aspect positif à cette affaire de Corona ?
NB. Il est clair que la situation est grave, mais cette pandémie entraîne une réflexion importante, au niveau de la globalisation contre la délocalisation.
Productions locales, industries locales, tourisme interne, ceux sont les communautés qui ont été le plus atteintes, victimes de leur trop grande promiscuité.
Même au niveau individuel, au début de la crise sanitaire, on regardait les gens bizarrement car ils portaient tous des masques, et maintenant on s’y est habitués.
Autre changement majeur, le monde des affaires a intégré l’idée que l’on peut travailler de la maison. C’est le catalyseur d’un processus compliqué qui s’est abattu sur le monde.
Ceux qui vont s’en sortir, ce sont les gens du hi tech, de l’industrie et des services, où tout est robotisé. La corona est un catalyseur pour des réformes profondes nécessaires dans le marché du travail. Le pourcentage de travailleurs va dépendre de la capacité du gouvernement à permettre aux gens de suivre cette évolution. J’ai l’intention de poursuivre cet objectif.
Que pensez-vous de la souveraineté ? Que va-t-il se passer ?
NB. Trump est en perte de vitesse, il n’est pas sûr qu’il soit réélu, Il doit gérer la corona, une insurrection, et beaucoup d’autres sujets qui sont à ses yeux plus importants que la situation actuelle au Moyen-Orient. C’est pourquoi on lui a conseillé de tout faire pour gagner les élections, et ensuite il prendra le temps qu’il faut pour essayer de résoudre les problèmes du Moyen-Orient.
Les hommes qui travaillent pour Trump veulent que Netanyahou et Gantz se mettent d’accord pour ne pas que les États-Unis aient à prendre position. Mais nous savons que Gantz n’acceptera jamais ce programme.
Barkat a le franc-parler des êtres brillants et visionnaires C’est ce qui fait de lui un homme d’action audacieux
Il est pas un bureaucrate qui suit la routine Il est créateur et innovateur avec une vision globale
Une chance pour Israël❤️
Je suis d’accord avec Sergio 26 Monsieur Nir BARKAT est un visionnaire et surtout un homme d’expérience, je lui souhaite de réussir et je l’encourage de se présenter pour le poste de Premier Ministre il peut compter sur mon soutien.