La mairesse de Netanya, Myriam Feierberg et son conseil municipal ont entamé un bras de fer avec le gouvernement pour protester contre le manque de budgets consacrés à l’intégration des olim. A la clé, une annonce de licenciement pour tous les employés du département de l’Intégration de la mairie à dater du 30 juin prochain.
L’affaire remonte à des années. Les critères d’attribution des budgets à l’intégration par ville datent d’un loi de 1951 qui n’a jamais été réactualisée par le ministère de l’Intérieur! A l’époque Netanya n’était pas la ville développée que l’on connait aujourd’hui. Entre temps, des dizaines de milliers d’olim venus de nombreux pays – dont de très nombreux français – sont venus s’installer dans la ville balnéaire. Pour aider à l’intégration, la municipalité a créé un département de l’Intégration en partenariat avec le ministère de l’Intégration et de l’Alya. Il y a aujourd’hui cinquante-trois employés dont quatre pour les francophones, qui comprennent des directeurs de projets (« Projektorim ») des animateurs d’activités extra-scolaires, des coordinateurs scolaires, des professionnels de l’éducation informelle, des psychologues etc.
L’actuelle mairesse de Netanyah, Myriam Feierberg, lutte depuis des années pour que sa ville soit enfin incluse dans la liste des villes accueillant l’alya afin de pouvoir obtenir des budgets en conséquence. Freddo Pachter, directeur de la section francophone d’intégration à Netanya et chef de projet rappelle que rien que pour l’alya de France, deux mille trois-cent sont arrivés à Netanya l’an passé et mille sont encore attendus cet été! D’importants budgets sont donc nécessaires pour absorber cette alya bienvenue.
Le gouvernement actuel, dans sa nouvelle loi budgétaire, a enfin inclu Netanya dans la liste des villes prioritaires et une loi est en préparation pour réactualiser les critères d’attribution des budgets de l’intégration. Mais Myriam Feireberg ne peut et ne veut en aucun cas attendre des mois avant de recevoir les budgets dont elle a urgemment besoin. Que ce soit en compensation des années passées ou comme acompte sur le prochain budget, elle a demandé instamment au gouvernement de lui donner les moyens financiers nécessaires pour faire face à la vague d’alya.
Mais ses interventions répétées auprès du gouvernement ainsi que des actions en justice n’ayant pas abouti. Elle a alors fait voter la semaine dernière par le conseil municipal une décision assez insolite pour frapper un grand coup: l’annonce de la fermeture au 30 juin du département de l’Intégration de la mairie avec pour corollaire le licenciement de tous ses employés. Une lettre officielle a ainsi été adressée à tous les professionnels de l’intégration de la ville leur indiquant que leur mission cessera au 30 juin prochain. Cette lettre ne mentionne pas les raisons exactes de cette démarche mais indique uniquement qu’il s’agit de « restructuration ».
Cette décision municipale a provoqué une certaine panique parmi toutes celles et ceux qui ne comptent pas leurs heures pour aider les olim à s’intégrer, et qui risquent de se retrouver au chômage d’ici un mois. Freddo Pachter dénonce une « manoeuvre politique » par le fait que Myriam Feierberg utilise ces employés dans son bras-de-fer contre le gouvernement. « Et compte tenu de son caractère bien trempé, elle ne lâchera pas le morceau », prévient-il.
Un certain nombre de personnes directement concernées par ce licenciement ont déjà ont contacté des avocats pour contester la procédure selon eux illégale.
Une manifestation qui était prévue devant la Knesset jeudi matin a été reportée suite à une avancée dans les pourparlers et des pressions du lobby francophone à la Knesset sur le gouvernement.
Photo Moshé Shaï / Flash 90