Nous sommes encore en plein ouragan. Même à la fin de ces dix jours de Teshouva, on pense tous que le danger est passé et que l’on peut enfin souffler, pas du tout, la signature finale, entre Lui et nous, ne se fera qu’à Hochaana Raba. A la différence de Florence, le cyclone qui a frappé l’Amérique, nous traversons ce genre de tempête avec une certaine sérénité. Nous sommes habitués au dialogue avec D-ieu, parfois très proche, comme pour Rosh Hashana et Yom Kippour, parfois plus détendu, mais non moins chaleureux, avec Soukot et Simhat Torah. Disons que cette nouvelle réunion par petits groupes à l’intérieur des soukot, nous ouvre une fois de plus les yeux. Finis les réveils au petit matin des slih’ot. Entrons de plein pied dans la tente qui réunit et accueille tous les invités possibles, qui ne nous ressemblent pas, au contraire. Cette fête, qui vient unir un peuple au-delà de toutes ses disparités, montre à quel point, nous aspirons à l’ouverture, à la souplesse. Consacrer un jour à chacun des oushpizin prouve à quel point nous pouvons nous entendre, nous comprendre, nous aimer, bien que totalement différents. C’est vrai, au quotidien, on ne sent pas toujours cette osmose dans le peuple, mais tout dépend de notre regard. Les élans de solidarité se comptent par milliers tous les jours. Ils ne sont pas répertoriés ni assez relevés à travers les medias. Croyez-moi, nous devons être le pays numéro un du don de soi, de la main tendue à l’autre, souvent en secret. C’est pourquoi nous entrons dans cette fête de la précarité, avec une fougue particulière. Chaises en plastique, matelas par terre, grosse chaleur, ou même, qui sait, quelques gouttes de pluie… et alors ? Nous savons surmonter toutes les épreuves, grâce à notre ADN de peule juif, israélien. L’adaptation, ça nous connait, nous avons passé tous les examens en galout. Nous voilà vaccinés et prêts à tout, sur notre terre retrouvée. Les 12 tribus enfin assemblées ont les yeux dirigés vers Jérusalem. Y faire ne serait-ce que quelques pas, est nécessaire durant ces fêtes. Le frisson de la Birkat Cohanim nous rappelle l’émotion forte du choffar de la Néïla. La magie de h’ol hamoed, c’est ce doux plaisir à replonger dans les vacances d’été, alors que la rentrée est déjà entamée. Alors oui, on va tous en profiter, peut-être même entamer un nouveau jeûne, celui du smartphone. Déconnecter quelques jours, ou quelques heures, afin de lever les yeux, regarder autour de nous et nous retrouver enfin, détendus, disponibles. Tous les éléments sont réunis ? Alors, comme les quatre sortes du Loulav, vivons ensemble, attachés les uns aux autres, plus que jamais, et créons ce vrai lien entre la nature et la Gueoula.
H’ag Sameah’ !
Avraham Azoulay