Exprimer sa sympathie à un membre de sa famille ou à un ami endeuillé, même si cette sympathie est maladroite, voire abrupte, est bien plus qu’un geste de politesse. C’est un commandement divin ! De la sorte, nous imitons D.ieu en personne qui consola Isaac de la perte de son père Abraham (Talmud, Sota 14a). Évidemment, il ne s’agit pas de s’acquitter d’un devoir technique ou impersonnel, d’un simple acte de présence, auquel cas il deviendrait ridicule, mais d’un devoir toujours accompagné d’une sincérité absolue. Durant les sept jours de deuil, les proches du défunt entendent tellement de phrases vides que quelques mots honnêtes (ou une parole de Thora bien centrée) peuvent leur apporter un vrai soulagement.
A l’heure de Facebook, les règles pour exprimer ses condoléances sont brouillées et souvent noyées sous des lignes d’émoticônes, ces caractères hiéroglyphiques représentant smileys tristes ou larmoyants, figurines derrière lesquelles se cachent des personnes qui n’ont, soi-disant, plus le temps. Il est vrai que souvent, nous apprenons par les réseaux sociaux qu’un ami a perdu un être cher et le premier réflexe est de réagir en écrivant בָּרוּךְ דַּיַּן הָאֱמֶת Barou’h Dayan Haémeth, (Béni soit Celui qui rend une justice équitable). Mais ces trois mots, pour sincères et généreux qu’ils soient, ne remplaceront jamais une lettre manuscrite, si nous sommes dans l’impossibilité de nous déplacer pour l’enterrement ou durant les jours qui le suivront. Entre parenthèses, vous êtes-vous déjà demandé quand vous avez reçu votre dernière lettre manuscrite ?
Tout d’abord, le fait de ne pas trouver les mots qui consolent est normal. Il est sûrement plus sain de se taire que d’écrire ou d’énoncer des clichés creux et banals, parfois agaçants. Souvenons-nous de l’attitude des amis de Job lors de leur venue : « Durant sept jours et sept nuits, ses amis restèrent avec Job, assis à terre. Personne n’osait lui adresser la parole, car ils voyaient combien la douleur était accablante ». (Job 2 : 13)
Pourtant, rien n’est plus réconfortant pour un endeuillé que d’entendre évoquer le souvenir du défunt comme s’il était encore présent … De même, révéler ses comportements inspirants, parfois ignorés de ses proches eux-mêmes, produit toujours un effet apaisant. Sans se risquer à ouvrir une boîte de Pandore, il est bon de citer des anecdotes, des belles phrases ou habitudes du défunt. Mieux encore, prêter une oreille attentive aux paroles des endeuillés concernant le parent disparu, c’est aider à alléger leur peine et leur apporter un apaisement. Évidemment, participer aux offices quotidiens dans une maison endeuillée est important, mais l’occasion d’exprimer quelques paroles de consolation ne peuvent se faire qu’avant ou après la prière.
L’empathie est normale, mais inutile de se mettre en scène avec des propos du genre : « Je n’en ai pas dormi de la nuit », « J’ai tellement pleuré », « Je lui ai téléphoné hier » … Nous ne sommes pas venus pour nous mettre en avant mais pour diminuer la tristesse de la personne affligée. S’il est vrai que la mitsva est de rendre visite à la personne en deuil dans les sept jours qui suivent les funérailles, rien n’empêche de le faire par la suite. Je dirais même que c’est louable et je pense que les proches du défunt l’apprécieront toujours. Lorsque tout le monde retourne au quotidien, et que ceux-ci se retrouvent seuls, quel pouvoir bienfaisant qu’une visite, un coup de fil ou une lettre.
En conclusion, il faut souligner que l’attention portée à une personne endeuillée est toujours synonyme de sincérité.
Chabbath Chalom,
Yaakov Lévi
Rav Kehilath Atrid, Arnona Hatse’ira