Les demandes de plus en plus nombreuses de synagogues et de miqvaot dans les kibboutzim ne plaisent pas à tout le monde dans ce milieu qui a grandi dans la déconnection de la tradition juive. C’est le cas dans le kibboutz Ein Gedi, près de la Mer Morte où l’assemblée générale doit bientôt se prononcer sur la construction d’une nouvelle synagogue et d’un bain rituel, pour un montant de sept millions de shekels. La querelle entre les partisans et une minorité bruyante d’opposants symbolise le combat qui traverse la société israélienne entre le monde religieux – de plus en plus important – et les “laïcs”, effrayés par la crainte de voir leur mode de vie disparaître.
Le président du conseil régional Tamar, Dov Littbinof justifie la proposition du conseil par le fait que les membres du kibboutz Ein Gedi qui désirent prier régulièrement le font dans les locaux du foyer dans des conditions indignes. Il souligne qu’il existe tout un éventail d’opinions et de niveaux religieux parmi les membres et qu’il faut permettre à ceux qui veulent prier de pouvoir le faire dans des conditions adéquates. Pareillement pour les femmes qui désirent se rendre au miqveh. Dov Littbinof dit ne pas comprendre l’opposition de principe de certains membres, soulignant que ces constructions ne modifieront en rien l’identité du kibboutz. “Il n’y aura aucune coercition religieuse. Personne ne sera obligé de prier ou de se tremper dans le bain rituel”, précise-t-il.
Il rappelle aussi que les archéologues ont trouvé des vestiges indiquant qu’une synagogue et un miqveh existaient déjà à Ein Gedi il y a seize siècles!
A l’opposé, l’un des plus anciens membres du kibboutz, Guilad Tsvi Grimi, fait partie des opposants les plus farouches à ce projet, surtout celui d’un miqveh, au kibboutz comme à l’hôtel: “Qui va s’y tremper?? Pour une ou deux femmes au maximum par mois il n’y a aucune justification à installer un miqveh à Ein Gedi!!” Il accuse un ‘organisme religieux anonyme’ qui aide à financer la construction de la synagogue d’avoir posé comme condition au président du conseil qu’un miqveh soit également construit. Pour cet ancien membre, l’intention de cet ‘organisme religieux anonyme’ est clair: pouvoir crier victoire et écrire une nouvelle fois sur la carte d’Israël qu’un miqveh a été installé dans un kibboutz non-religieux.
Guilad-Tsvi Grimi avoue pourquoi il tient à ce combat: “Le sioinisme laïc-libéral a déjà perdu le combat au niveau national et l’Etat d’Israël devient de plus en plus religieux et nationaliste. Mais dans notre petit coin de paradis, je veux préserver le caractère idéologique originel du kibboutz”.
Le président du conseil nie toute intervention d’un “organisme anonyme” dans le financement de ce projet. C’est le ministère des Cultes, le conseil régional et des donateurs qui prendront le projet en charge. S’il est approuvé!
L’assemblée générale du kibboutz se réunira mardi pour voter.
Photo Matanya Tausig / Flash 90