Situé dans le village de Kfar Maïmon, le lycée torani français existe depuis 38 ans. Des milliers de garçons y ont obtenu le Bac français tout en vivant en Israël et en se familiarisant avec la société et la vie sur place. Si l’alya n’est pas obligatoire pour intégrer ses rangs, il n’en demeure pas moins que nombreux sont ceux qui ont ensuite décidé de faire leur vie en Israël.
Nous nous sommes entretenus avec le Rav David Bittoun, proviseur du lycée.
Un cursus serein jusqu’au Bac
“Lorsque le lycée torani a été fondé, il avait pour objectif d’ouvrir aux jeunes garçons traditionnalistes français, une fenêtre sur Israël et de leur montrer une autre image du judaïsme et de l’approche des textes. Nous leur démontrons que tout se trouve dans le Livre des livres”.
Progressivement, l’école se fait un nom et de nombreux adolescents français décident de leur propre chef qu’ils passeront leur Bac français en Israël, débarquant sans leurs parents mais très motivés.
Reconnu par les ministères de l’éducation français et israélien, le lycée torani de Kfar Maïmon accorde une attention particulière à la personnalité de chaque enfant et ne transige pas sur la discipline. “L’internat a une mauvaise réputation chez les Français”, assure le Rav Bittoun, ”mais lorsqu’il est géré comme nous le faisons, il devient une structure bénéfique. Les enfants sont comme des éponges, c’est à cette période de la vie que l’on peut leur inculquer beaucoup de savoirs mais aussi de valeurs dans leur attitude envers leur prochain”.
C’est conscient de cela que l’équipe du lycée s’attache non seulement à fournir un enseignement de qualité mais aussi une présence après les cours pour, nous dit le proviseur, ”les aider à consolider leur personnalité, à faire les bons choix et à envisager l’avenir”. Au sein de ce lycée, on est convaincu que si l’enfant se sent valorisé, il produit le meilleur de lui-même.
Et l’intégration?
Est-il forcément judicieux d’inscrire son enfant dans une structure francophone qui prépare de surcroît au Bac français? ”Avant toute chose”, nous répond le Rav Bittoun, ”il faut observer le profil de l’enfant. Il n’y a pas de structure idéale, tout dépend des caractéristiques de l’enfant. Il faut lui donner ce qu’il est capable de recevoir. Notre structure répond à un besoin réel. Même si les ministères de l’intégration et l’éducation ont répété qu’il vaut mieux intégrer tout de suite le système israélien, notre expérience prouve que cela n’est pas aussi simple”. En fait, le Rav Bittoun explique que tout dépend de l’âge de l’enfant et de sa capacité à s’adapter. ”Jeter un enfant de 16 ou 17 ans dans le bain de l’école israélienne, c’est l’envoyer à l’échafaud”.
En proie à des difficultés financières ces derniers temps, le lycée torani de Kfar Maïmon a réussi à être sauvé in extremis, ce qui n’est pas le cas d’autres établissements de ce type en Israël qui sont toujours menacés de fermeture. “Notre concept d’école a toute sa place. Nous intégrons nos élèves à la vie après le Bac, les histoires de vie de nos anciens élèves le prouvent. C’est grâce à des structures comme les nôtres que l’on évite aux jeunes olim de se retrouver dans la rue, tous les après-midis et qu’ils parviennent à vite trouver leurs repères”.
Pour aller plus loin:
La Torah ne se terminant pas par un “n”, on ne peut pas dire “torani” ou “toranique”, contrairement au “Coran” qui se termine par un “n” et avec lequel on peut donc dire “coranique”.
Pour la Torah, on dit plutôt “torahique”.
La non-mixité est elle vraiment un atout quand on pense éducation?
Oui François surtout à cet âge. Cela permet de rester concentré sur l’essentiel.