Le Ptit Hebdo a voulu mieux cerner ces médecines parallèles de plus en plus présentes sur la scène médicale, quitte à parfois reléguer les traitements conventionnels dans les coulisses. Quelles sont-elles ? Comment marchent-elles ? Cette semaine, zoom sur l’hypnose
Salomé Touitou
Titulaire d’un master en gestion et communication, Sonia Maarek, passionnée par l’humain et tout ce qui touche à l’intelligence émotionnelle, se forme en thérapie comportementale et cognitive. Au sein de l’association du rav Elie Lemmel, en France, elle monte des ateliers pour parents – mieux communiquer avec ses ados, entre autres. Puis étudie l’art thérapie, la communication non violente, la PNL, et surtout l’hypnose, pendant 3 ans. Installée en Israël depuis juillet 2015, elle exerce désormais comme thérapeute en thérapies brèves. Dans le cadre d’une série sur les médecines parallèles, Le Ptit Hebdo est allé à sa rencontre pour comprendre l’hypnose, ses tenants et ses aboutissants.
On vient la voir dans son cabinet de la rue Hillel pour des allergies, des problèmes de peau, des douleurs au dos, un certain mal-être, ou bien d’autres maux encore. Sonia Maarek traite ses patients par des thérapies brèves, une forme de psychothérapie limitée dans le temps, “une dizaine de séances tout au plus, loin de la psychanalyse qui va durer des années”, précise-t-elle.
La technique est relativement récente. Elle a vu le jour aux Etats-Unis après la guerre. Le but : s’occuper du comment faire, et non pas du pourquoi de la pathologie. “Quand un patient vient nous voir, on va essayer de l’aider à comprendre comment faire, on ne va pas chercher à remonter à la source du problème. Ce qui nous intéresse, c’est pourquoi son présent est handicapant, pourquoi il est victime de tel mal ou de telle phobie.”
Parmi les thérapies brèves, on trouve aussi l’hypnose thérapeutique, “le cœur de la psychothérapie”, note la thérapeute. Ce qui permet d’aller toucher l’inconscient, “là où les mémoires sont bloquées, là où le patient a un blocage”. Elle prend l’exemple d’un fumeur invétéré ou d’un gourmand excessif en surpoids. Leur conscient va les encourager à se maîtriser, mentalement ils savent qu’ils doivent arrêter. Mais ils n’y arrivent pas. “L’hypnose thérapeutique va alors contacter un autre acteur responsable, l’inconscient, qui raisonne comme un enfant. Beaucoup de mémoires sont bloquées là-dedans”, pointe Sonia Maarek. Ce qui est important dans l’hypnose thérapeutique, précise-t-elle, c’est d’accompagner le patient à aller chercher de nouvelles solutions potentielles pour qu’il puisse régler lui-même son problème.
Libérer les blocages
Selon Sonia Maarek, toutes les douleurs du corps sont liées à des blocages dans l’inconscient. Elle cite le cas d’un patient atteint de fibromyalgie aiguë depuis des années, avec des difficultés à se mouvoir et de fortes douleurs. Il avait “somatisé”, il avait une intention positive à rester malade, pour différentes raisons trouvées sous hypnose : cet homme, pourtant très dévoué aux autres, avait ainsi trouvé une façon de dire à son entourage qu’il ne fallait pas trop le solliciter.
Et cette approche est valable pour toutes les douleurs physiques, qui ont toutes quelque chose à dire, un message à faire passer. Maux de dos, pincement à la nuque, autant de blocages qui, une fois le patient en état modifié de conscience, pourront se travailler sur symbole pour comprendre ce que cette douleur représente. Et ainsi, remonter le fil d’une histoire, comme une scène bloquée dans l’enfance, explique Sonia Maarek. Autrement dit, “l’hypnose permet de libérer les douleurs physiques, souvent liées à une émotion coincée à un moment donné”.
Les sciatiques, précise-t-elle, sont très souvent liées à des peurs. Il peut s’agir de patients qui souffrent d’insécurité au niveau financier, de personnes qui prennent beaucoup sur elles les problèmes des autres. “L’hypnose permet alors de libérer toute cette émotion portée sur le dos, sur les épaules”.
Quant aux problèmes de peau, l’hypno-thérapeute travaille parfois en complémentarité avec la médecine traditionnelle. “Ce sont des pathologies très difficiles à résoudre. Il n’est pas rare qu’un patient soit envoyé par son dermatologue qui lui conseille l’hypnose après avoir été traité pendant 20 ans à la cortisone.” L’hypnose marche très bien pour les problèmes de peau, et les allergies, affirme Sonia Maarek.
Un domaine en pleine évolution
Selon elle, toutes les médecines parallèles vont connaître un réel essor grâce aux avancées dans le domaine des neurosciences. “Aujourd’hui, on arrive à voir scientifiquement l’impact au niveau du cerveau de l’hypnose ericksonienne ou d’autres médecines parallèles. En faisant un IRM au patient, on observe les zones du cerveau sollicitées et on voit que cela répond.”
En France, l’hypnose est rentrée dans les hôpitaux depuis très longtemps, pointe Sonia Maarek : “on accouche sous hypnose, on gère la douleur sous hypnose, c’est une discipline reconnue”.
Pour autant, la technique ne rencontre pas l’adhésion totale du personnel médical. Rien d’étonnant, explique l’hypno-thérapeute : “On a appris aux médecins à traiter la douleur là où elle se situe, pas à comprendre le vécu du patient, cela n’intéresse pas les médecines traditionnelles. Un patient a mal au ventre, on lui donne tel traitement ou tel médicament. Mais on laisse de côté les émotions. La médecine fonctionne comme cela depuis toujours. Et c’est très difficile pour des médecins qualifiés, qui ont étudié pendant des années, de voir apparaître toute une pléiade de thérapeutes non diplômés qui exercent en privé et gagnent bien souvent beaucoup plus qu’eux. Cela remet en question tout le système. Et il y a aussi beaucoup de politique autour de ça.”
Mais le chemin parcouru est évident. Aux Etats-Unis, par exemple, les thérapies comportementales et cognitives sont reconnues et remboursées. En France, les méditations en pleine conscience sont désormais développées à l’hôpital Saint-Anne, à Paris, grâce à l’impulsion du professeur Christophe André, psychiatre, qui s’est converti aux thérapies brèves.
Mais il faut aussi connaître les limites de l’hypnose, avance Sonia Maarek : “On peut aider le patient à gérer le côté psychologique de sa maladie, mais on ne peut pas se substituer au médecin qui va lui prescrire un traitement thérapeutique. L’hypnose ne va pas remplacer la médecine traditionnelle”.
Sonia Maarek
Thérapies Brèves et Coaching
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