La semaine dernière, des pays occidentaux, dont la France et l’Espagne, ont trouvé juste de s’abstenir lors du vote déshonorant à l’Unesco, vote qui dénie de fait tout lien entre le peuple hébreu et sa capitale Jérusalem, le mont du Temple et le Mur occidental. Des pays musulmans, comme l’Algérie, le Liban et l’Iran, mais aussi l’Égypte et le Maroc, ont soutenu la résolution. L’ancien Premier ministre et ministre de la Défense, Ehud Barak, a décrit cette résolution comme « un échec monumental de Netanyahou ». Qu’en est-il ? Aurait-on pu empêcher l’abstention de la France et de l’Espagne, et le soutien des pays arabes ? Il semble que non, en particulier pour les raisons suivantes :
Toute reconnaissance musulmane d’un droit quelconque du peuple juif sur Jérusalem et le Mont du Temple par les pays islamiques constituerait une négation de l’Islam et de ses fondements. Dans la tradition musulmane, le roi Soliman, à savoir le roi Salomon, était « muslim », et il aurait construit une mosquée sur le Mont du Temple. La découverte de vestiges du Temple, ou toute autre preuve archéologique confirmant la présence historique multimillénaire de Juifs en ce lieu, remettrait en cause les bases mêmes de l’Islam. On ne s’étonnera donc pas que le Waqf de Jérusalem détruise systématiquement toutes les découvertes archéologiques qui en témoignent. Tout effort israélien visant à faire pencher les pays musulmans, y compris ceux avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques formelles ou informelles, à un vote différent à l’Unesco, est donc voué d’avance à l’échec.
Il y a un mois, le Figaro a publié une interview avec Barbara Lefebvre, co-auteur du célèbre livre « Les Territoires perdus de la République ». Professeur d’histoire-géographie, elle a analysé les manuels scolaires d’histoire-géographie de 5ème, année durant laquelle est étudié l’Islam. Sa conclusion est que « l’histoire scolaire de la civilisation musulmane, sans aspérité, confine parfois à l’apologétique, tout cela au service de la glorification dogmatique du ‘vivre ensemble’». Elle cite quelques exemples de silence sur des données gênantes, comme la place des femmes en islam médiéval, et de falsification, comme la reprise de la Mecque par Muhammad, ville qu’il n’avait jamais dirigée auparavant. J’ai étudié un de ces manuels et y ai trouvé une omission volontaire liée au peuple d’Israël et à Jérusalem. Le livre d’histoire-géographie de 5ème le plus populaire rapporte le pacte d’Omar dans lequel le deuxième calife, tout de suite après sa prise de Jérusalem, octroie la liberté de culte aux Chrétiens de la ville. Mais la citation omet, sans points de suspension, la phrase suivante : « Aucun Juif ne pourra résider dans la ville ». Cette omission n’est pas le fruit d’une initiative musulmane mais une décision délibérée d’un grand éditeur français. Un manuel de première que j’ai étudié décrit le Mont du Temple comme étant « l’Esplanade des Mosquées ».
Cette conduite de pays occidentaux découle tant de leur peur d’un conflit frontal avec leurs populations musulmanes que de la peur de heurter les pays musulmans qui acquièrent des produits occidentaux pour des dizaines de milliards d’euros.
L’échec monumental est donc celui des pays occidentaux eux-mêmes. Israël se doit de refuser de servir de bouc émissaire de la veule politique de ces pays d’Europe. La décision de couper les relations avec l’Unesco est un pas positif dans ce sens. Elle contraindra les médias occidentaux à rapporter cette réécriture fallacieuse et grotesque de l’histoire (qu’ils n’ont pas publiée le jour même), et mettra les gouvernements occidentaux face à leur responsabilité, quant au vote de leurs représentants.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.