Interview extraite du Lph New numéro 958
L’association Isha la-isha a été fondée à Jérusalem afin de proposer un refuge pour les femmes battues . Le travail mené sur le terrain a permis d’alerter les consciences sur l’existence des violences conjugales et familiales, et a révélé la nécessité impérieuse d’y remédier, en accueillant et en soutenant les femmes et les enfants qui en sont les victimes. Naomi Schneiderman est entrée dans l’association il y a près de quatorze ans, et elle fait aujourd’hui partie de ceux qui la dirigent.
LPH New. Naomi Schneiderman, quels types de femmes arrivent en maison d’accueil ?
N. S. La violence conjugale est un problème qui touche toutes les couches de la société, mais les femmes qui sont dirigées vers les maisons d’accueil viennent en général de milieux socio- économiques défavorisés. La violence est le déclencheur de leur arrivée dans ces refuges, et elles ont besoin de soins spécifiques et professionnels. Pour leur permettre de vraiment s’en sortir, il faut leur donner les outils qui les rendront autonomes et aptes à fonctionner seules au quotidien ; il faut notamment les aider à devenir financièrement indépendantes.
C’est donc à la fois pour des raisons de sécurité et pour des raisons financières que les femmes séjournent en maison d’accueil ?
N.S. Rencontrer un homme violent peut arriver à n’importe qui. La question qui se pose
est la suivante : pourquoi une femme reste-t-elle dans une relation de couple violente ? La réponse dépend des conditions psychologiques et sociologiques de chaque femme – souvent, on peut trouver des causes dans la famille d’origine de la femme. Beaucoup de celles qui arrivent dans les maisons d’accueil n’en sont pas à leur première relation violente. Notre but est de les aider sur le plan émotionnel, pour qu’elles puissent croire en leurs forces, mais aussi sur le plan concret, matériel, financier, parce que c’est sans aucun doute là que réside une bonne partie des blocages.
Qu’est-ce qui décide une femme à quitter sa maison pour se réfugier dans un abri ?
N.S. Tout d’abord, elle doit passer par les services sociaux ; ce sont eux qui ensuite nous l’adressent, elle ne vient pas directement frapper à notre porte. Malheureusement, en général, il ne s’agit pas d’une décision planifiée à l’avance, mais c’est plutôt lors d’une situation de crise qu’une femme quitte son domicile, suite à des menaces,
un excès de violence, ou bien un drame avec les enfants – quand il se passe quelque chose d’extrême…
Contact : [email protected]
Site internet : www.jerusalemshelter.org.il
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