Question :
Cher Rav, est-on autorisé à se livrer à un quelconque travail à l’issue de Chabat avant d’avoir récité la Havdala ?
Réponse :
Il me faut signaler en préambule qu’il existe trois types de Havdala, c’est-à-dire trois manières de marquer la fin de Chabat:
- Prononcer la phrase “Baroukh Hamavdil Ben Kodèch Lé’hol (Béni soit-Celui qui différencie le sacré du profane)”.
- Lire le passage de “Ata ‘Honantanou etc.”, qui fait explicitement référence à cette notion, au sein du Chémoné Essré de l’office de Arvit à l’issue de Chabat.
- Faire la Havdala en bonne et due forme, à savoir la Havdala traditionnelle récitée sur une coupe de vin.
Si l’on s’en tient à la loi stricte, il est permis de se livrer à tout travail après avoir marqué la fin du Chabat au moyen d’une Havdala du premier ou du second type, bien que celle-ci n’ait pas été effectuée sur une coupe de vin.
Il est cependant important de noter que selon le Zohar Hakadoch il est interdit de se livrer à tout travail proscrit durant Chabat avant de s’être acquitté de la Havdala sur une coupe de vin. C’est pourquoi il est recommandé aux hommes de tenir compte, dans la mesure du possible, de cette dernière opinion, bien qu’il s’agisse d’une ‘Houmra n’ayant pas de caractère réellement contraignant. Quant aux femmes, elles ne se montrent généralement pas rigoureuses sur ce point.
Il est intéressant de remarquer que cette exigence du Zohar semble poser un problème apparemment insoluble : comment un homme souhaitant s’y soumettre peut-il s’autoriser à allumer la bougie de la Havdala alors qu’il s’agit, selon le Zohar, d’un “travail” auquel il lui est interdit de se livrer tant qu’il n’a pas récité une Havdala en bonne et due forme ?
Certains décisionnaires (le Or Létsion par exemple) contournent cette difficulté en conseillant de demander à un enfant, ou à une femme ne s’étant pas engagé à se plier à cette ‘Houmra, de procéder à l’allumage de la bougie de la Havdala.
D’autres décisionnaires sont d’avis que le Zohar, conscient du caractère insoluble du problème posé, n’a jamais entendu inclure dans cette ‘Houmra l’allumage de la bougie de la Havdala.
Selon d’autres encore, cette ‘Houmra du Zohar se limite à des travaux laborieux, et n’englobe pas des actes aussi simples que celui consistant à allumer une bougie.
Le Michna Béroura, pour sa part, ajoute que même les personnes n’ayant pas pris l’engagement de se plier à la ‘Houmra du Zohar, doivent, dans la mesure du possible, après avoir prononcé la phrase “Baroukh Hamavdil Ben Kodèch Lé’hol”, se borner à des “travaux” simples, tels qu’allumer la lumière ou répondre au téléphone, et attendre d’avoir récité la Havdala en bonne et due forme sur une coupe de vin pour se livrer à des tâches plus élaborées, cuisiner par exemple.
Un point important mérite d’être précisé : une personne qui aurait prolongé son Chabat au-delà de l’heure de sa sortie officielle inscrite au calendrier, aura le droit de demander explicitement à une autre, s’étant déjà séparé du Chabat au moyen de la Havdala, d’exécuter un travail interdit pendant Chabat, et ce bien qu’elle-même n’ait pas récité la Havdala. En effet, objectivement, le Chabat a bel et bien touché à sa fin.
Cette autorisation vaut-elle aussi concernant une personne qui, se conformant à l’opinion de Rabbénou Tam, prolonge régulièrement son Chabat au-delà de l’heure de sa sortie officielle ?
Non, répond le Rav Vozner, ceci lui est interdit. En effet, dès lors que cette personne pense que la Loi prescrivant l’heure de sortie est conforme à l’opinion de Rabbénou Tam, demander à autrui d’effectuer un travail avant ce terme reviendrait à lui demander de transgresser le Chabat. Oui, répondent le Rav Shternbukh ainsi que le Rav Ovadia Yossef, elle en a le droit, dès lors qu’elle sait pertinemment que l’horaire prescrit par Rabbénou Tam relève de la ‘Houmra et non pas de la Loi ordinaire.
Rav Azriel Cohen Arazi
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