Yoni Chetboun s’est d’abord fait un nom en tant que combattant, puisqu’il a été décoré après la deuxième guerre du Liban en 2006 par le Chef d’État-major de l’époque pour son action héroïque.
Homme d’action, Yoni Chetboun a ensuite créé un mouvement militant de droite (Raananim). Puis il rejoint Naftali Bennett au sein du parti Bayit Hayehoudi pour les élections de la 19e Knesset. À seulement 34 ans il est élu député. Lors de cette cadence, il créera et présidera le lobby francophone de la Knesset, lui-même étant fils d’olim de France. Suite à des divergences avec la direction du parti, il décide de s’en détacher et se présente lors des dernières élections avec Elie Yishay sous l’étiquette du parti Yahad. Ils ne parviendront pas à passer le seuil d’éligibilité.
Le P’tit Hebdo : Après avoir dirigé le lobby francophone à la Knesset, comment aidez-vous aujourd’hui les olim français ?
Yoni Chetboun : Lorsque je dirigeais le lobby francophone j’ai travaillé à la mise en place d’une association qui réunirait toutes celles déjà existantes et qui centraliserait leur travail si important. Il y a maintenant deux ans et demi j’ai rencontré Marc Eisenberg, une personne qui dispose de toutes les qualités pour diriger cette association. Ainsi est née Qualita, et je m’en félicite. Aujourd’hui je travaille avec Qualita à la mise en œuvre d’un centre d’emploi pour les olim francophones. Un pilote devrait voir le jour à Jérusalem d’ici cet été, et d’autres centres seront ensuite créés dans tout le pays.
LPH : Que trouvera-t-on dans ce centre ?
Y.C. : Nous sommes partis du constat qu’aujourd’hui le principal souci d’un olé est de trouver un emploi. En effet, de la stabilité professionnelle et financière dépendent la stabilité dans le couple, le bien-être du foyer. L’idée est de créer un « One stop shop », autrement dit que les olim de France puissent trouver dans un lieu unique toutes les informations dont ils ont besoin pour construire leur avenir professionnel en Israël. Ainsi, sur place seront présents des représentants du gouvernement et des municipalités, des sociétés privées avec des offres d’emploi et les associations centralisées par Qualita. Nous bénéficions du soutien du bureau du Premier ministre, du ministère de l’alya et du ministère de l’Éducation. Qualita est le principal financier du projet mais nous sommes aidés par des partenaires comme la Mairie, le ministère de l’Alya et celui de l’Éducation.
LPH : De quels services les olim pourront-ils bénéficier ?
Y.C. : Qualita ne remplace pas les associations déjà existantes, elle offre une plateforme pour que tous les acteurs puissent se rencontrer dans un lieu unique. Nous leur donnerons tous les outils nécessaires pour préparer les équivalences de diplômes, des jours seront consacrés à des rencontres avec des responsables dans les différents domaines professionnels. Nous mettrons aussi l’accent sur le networking parce que je suis convaincu que le fait de rencontrer d’anciens olim qui ont réussi permet non seulement de faire profiter de son expérience mais aussi de montrer que l’on peut réussir en Israël.
LPH : Vous êtes aussi un combattant resté très actif à l’armée. Comment jugez-vous la situation sécuritaire aujourd’hui ?
Y.C. : Ce sujet est très important pour moi. Je viens de finir d’ailleurs un cours Magadim en milouim. Notre ennemi a changé, auparavant il s’agissait d’armées puis de groupes terroristes, aujourd’hui l’Islam fondamentaliste est parvenu à créer des individus qui, seuls, commettent des attentats. Nos renseignements pour prévenir ces actes sont limités. Aussi en plus du travail formidable que font les forces de sécurité, j’en appelle à une action citoyenne. Je fais avancer un projet dans lequel les citoyens pourraient être au courant dès qu’un attentat se produit et ainsi intervenir rapidement. Concernant la prévention, nous devons couper la source de la motivation terroriste, à savoir l’espoir de nos ennemis. Nous devons affirmer notre souveraineté partout, notre fierté nationale.
LPH : Pensez-vous faire campagne pour la prochaine Knesset ?
Y.C.: J’ai appris de mes expériences passées. La politique est un domaine dans lequel il est important d’agir même s’il est possible de servir le public de l’extérieur aussi. Je pense y revenir mais je préfère, pour l’heure, me concentrer sur mes actions présentes.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay