Anticipant les cérémonies de la déportation, chaque dernier dimanche d’avril, cent vingt élèves du lycée Watteau ont rencontré un rescapé des rafles du 11 septembre 1942.
Mercredi matin, au lycée Watteau, Maurice Baran, qui vit dans la région dunkerquoise, est venu témoigner de la déportation juive dans le nord de la France devant cent vingt élèves de première et de terminale. Il était accompagné d’un spécialiste de cette question, Rudy Rigaut, professeur à Grande-Synthe. Cette rencontre s’est terminée par une remise de gerbes au monument dit de la Piéta, édifié Place Verte, à deux pas du lycée, en mémoire de tous les déportés, résistants, torturés et fusillés du Valenciennois.
Lors de la grande déportation des familles juives du Nord, le jour du Nouvel An juif, le 11 septembre 1942, Maurice Baran avait 9 ans. Son père avait été arrêté fin juillet en tentant de franchir la ligne de démarcation pour aller à la recherche d’un futur asile pour sa famille. Il fut presque aussitôt déporté à Auschwitz dont il ne revint pas. Maurice se retrouva sur le quai de la gare de Fives-Lille avec sa mère qui tenait dans ses bras son frère Michel âgé de quatre mois.
Le courage de quelques femmes
L’employée de maison de la famille réussit à l’emmener hors de la gare, sous prétexte d’aller lui donner à boire, et à le conduire dans la petite ferme de ses parents à Loon-Plage où il passa le reste de la guerre. Un peu plus tard, sa mère confia le petit Michel à la directrice et à deux infirmières de la clinique Ambroise-Paré accourues sur place. Caché dans le sac au dos de l’une d’entre elles, l’enfant fut aussi sauvé et élevé par la directrice. Les deux frères se retrouvèrent en 1947 et furent adoptés par la famille Marszak. Fanny, leur maman, fut déportée par le convoi 10, parti de Malines le 15 septembre vers Auschwitz où elle disparut. Ce convoi emportait également vers la mort de nombreuses familles juives valenciennoises, dont Szaja, le père de Léon Kopel qui était présent à la cérémonie de mercredi.
Celle-ci a été conduite par Maryse Dumortier, adjointe au maire en charge des affaires patriotiques, en présence de nombreuses personnalités : Marc Gosselin, proviseur du lycée Watteau, Bernard Coget, président de l’association citoyenneté, sécurité nationale et défense, Jacques Ajzen, du comité des Juifs de Valenciennes, Mme Touzard-Dawidowicz, présidente de l’association pour la mémoire des enfants juifs déportés, etc.
Ignace Enten, qui avait 14 ans en 1942 et qui garde encore un souvenir précis de plusieurs familles juives de Valenciennes déportées, a dit quelques mots sur l’ambiance de la ville à cette époque.
Maurice Baran a écrit Histoire d’un enfant caché du Nord (Éditions Le manuscrit, 2015, 19,90 €).