L’histoire d’Ahuvah Gray, convertie au judaïsme il y a un certain nombre d’années, est assez singulière. Née sous le nom de Dolorès Gray, elle a grandi près de Chicago dans une famille chrétienne « qui allait à la messe tous les dimanches ».
Tous les étés, elle se rendait avec ses frères chez ses grands-parents, dans le Mississipi. « Ma grand-mère était une femme très pieuse, raconte-t-elle, et elle m’a appris à lire les Psaumes dès l’âge de 4 ans ».
Ses grands-parents étaient des gens simples mais la jeune Dolorès, grandissant à une autre époque, a pu quant à elle poursuivre ses études après le lycée et obtenir un diplôme universitaire de gestion. Après avoir travaillé quelques années, elle a ouvert sa propre agence de voyages.
Ses connaissances « bibliques » et son amour pour la religion l’ont incitée à devenir prêtre et elle a exercé cette fonction pendant 14 ans dans une communauté africo-américaine de Chicago et de Los Angeles. « Je faisais des mariages, conduisais des enterrements et prononçais des discours, se souvient-elle ». Mais il y avait une faille : « Chaque fois que je lisais la « bible », je trouvais des erreurs et estimais que le christianisme manquait de crédibilité ».
Après 12 ans de recherches et d’hésitations, Ahuvah Gray a cessé toutes ces activités mais elle était encore loin du grand changement qui allait plus tard bouleverser sa vie. Ses parents n’étaient pas satisfaits de voir leur fille abandonner progressivement toute pratique. Mais, comme elle l’a souligné, elle avait déjà 42 ans et il était impossible, à ce stade de la vie, « de détourner une personne de la voie qu’elle a choisie ».
Grâce à son agence de voyages, elle a pu se rendre à de nombreuses reprises en Israël. La première fois, elle accompagnait un groupe de catholiques. « Lorsque nous avons quitté Tel Aviv, indique-t-elle, et sommes arrivés à Jérusalem, j’ai senti que mon cœur battait plus fort et j’ai compris alors que j’étais arrivée ’à la maison’. J’avais visité le monde entier mais là j’ai senti un lien spirituel très fort avec les lieux et la terre. Je n’envisageais pas encore de me convertir mais je savais que je voudrais un jour y vivre ».
Le tremblement de terre qui a secoué Los Angeles en 1994 a poussé Gray à quitter les USA pour Israël. Installée dans le quartier de Katamon, à Jérusalem, elle a été invitée deux mois plus tard dans une famille orthodoxe de Bayit Vegan. Ensuite, le processus s’est lentement mis en marche. Gray a fréquenté plus assidument la communauté orthodoxe jusqu’au jour où elle a décidé de se convertir au judaïsme. Les démarches furent difficiles, vu son passé, mais elle a fini par convaincre le tribunal rabbinique de sa sincérité. Cela fait maintenant 18 ans qu’elle vit à Bayit Vegan.
Ahouvah Gray a écrit un premier livre autobiographique en 2001, « Ma sœur juive ». Elle a ensuite publié d’autres ouvrages et elle se déplace à l’étranger pour les présenter. Pour elle, c’est un moyen de rapprocher les Juifs de leurs racines. « Lorsque des jeunes américains viennent écouter mes conférences, ils ont les larmes aux yeux, affirme-t-elle, et ils applaudissent ensuite parce qu’ils s’identifient avec mon histoire ». Elle a ajouté qu’un jeune homme l’avait arrêtée dans la rue, il y a quelques mois, pour lui dire qu’il avait quitté Londres pour s’établir en Israël après avoir écouté sa conférence.
Claire Dana-Picard pour Chiourim.com