Yoni Chetboun s’est fait un nom sur la scène politique israélienne ces dernières années. Au sein du parti Habayit Hayehoudi, il a siégé comme député lors de la précédente Knesset et s’est distingué par son courage, la force de ses convictions et sa détermination. Ces valeurs et ce caractère de battant, Yoni les a déjà prouvés lors de sa longue carrière militaire. En effet, avant d’être l’homme politique que l’on connaît, il est un héros d’Israël, un soldat qui a reçu le ”tsalash” du Chef d’État-Major, l’une des plus hautes distinctions, pour son action pendant la seconde guerre du Liban.
Retour sur les faits
Yoni fait son service militaire dans l’unité d’élite Egoz, puis comme officier supérieur et commandant dans Golani.
Il a ainsi donné plus de dix ans de sa vie à Tsahal. Pendant ces dix années, il s’est marié et a eu six enfants. « Le dernier soir de mes sheva bra’hot, l’opération ”Rempart” (”Homat Maguen”) a été lancée et j’ai été appelé. Je suis immédiatement parti et je n’ai retrouvé ma jeune femme que quelques semaines plus tard », nous raconte Yoni.
Yoni n’a pas été un soldat ordinaire et il s’est distingué lors de la deuxième guerre du Liban pendant une bataille particulièrement difficile.
Près de la ville de Bint Jbeil, dans le Sud Liban, un bataillon de Golani affronte des terroristes du Hezbollah. Le combat est rude et meurtrier : le major Roy Klein – connu pour s’être couché sur une grenade afin de sauver ses soldats – ainsi que sept autres soldats sont tués. L’unité 51 de Golani se retrouve alors sans commandement. Yoni et quelques-uns de ses compagnons qui servaient dans un autre bataillon apprennent la nouvelle. Ils se portent immédiatement volontaires pour venir en aide aux soldats en difficulté.
Yoni prend alors la place du commandant et parvient, tout en se battant au corps à corps avec les terroristes, à signaler la position de l’unité et ainsi à évacuer les corps, les blessés et à sortir de cette passe dramatique tous les survivants du bataillon.
En récompense pour cet acte de bravoure, Yoni a été décoré par le Chef d’État-major de l’époque, Benny Gantz du ”Tsalash haramatkal”, l’une des plus hautes distinctions de Tsahal.
Qu’est-ce qu’a changé la bataille de Bint Jbeil sur le plan personnel ?
”Quand on a côtoyé les combats, le feu, la mort, on se dit que l’on ne peut pas rester indifférent à ce qui se passe autour de soi. C’est définitivement ce qui m’a incité à consacrer ma vie au commun, à agir dans l’action collective, publique”.
Combattant et père de famille
Yoni Chetboun était déjà marié et père de 3 enfants quand il part se battre au Liban. Dans un des passages de son livre, il raconte qu’avant un combat, il voit l’image de sa femme et de ses enfants et il se sent comme paralysé.
”Au final, un homme marié avec des enfants a plus de stabilité, il est plus mature et se sent soutenu par encore plus de gens chers. C’est cela qui lui donne la force pour se battre comme il faut. Il a compris pour quoi et pour qui il doit se donner totalement dans son rôle de soldat”, estime Yoni Chetboun. ”Pour ma part, j’ai mérité une épouse, Mayane, qui m’apporte un soutien inconditionnel et qui me rend encore meilleur”. Et quand on lui parle de ses enfants, Yoni nous explique : « Se battre pour Erets Israël, c’est une grande leçon d’éducation et mes enfants ont su en tirer leur fierté. ».
Quel bilan tirez-vous de la 2e guerre du Liban ? Échec ou victoire ?
”A vrai dire, il y avait, au moment de la guerre, un grand fossé entre ce que nous ressentions sur le terrain et ce qui était rapporté dans les médias. Nous voyions les terroristes tomber, pour nous, chaque étape était une victoire. Nous sortions de la bataille de Bint Jbeil, nos uniformes portaient encore les traces du sang de nos camarades, notre unité a été amenée dans un hôtel au nord, pour se ressourcer, se reposer quelques heures avant de repartir au combat. Nous avons été gâtés, mais parallèlement, nous avons vu les titres des journaux qui évoquaient ”une guerre inutile”. Le moral de nos soldats était touché, il n’a pas été simple de les ramener au combat”.
Yoni nous confie aussi que les objectifs de cette guerre n’avaient pas été définis avec suffisamment de précision : ”Les ordres changeaient constamment. Je pense que depuis la guerre de Kippour, nos gouvernements successifs balbutient, ils n’agissent pas avec assez de certitudes. A chaque guerre depuis 1973, c’est le peuple qui a gagné, sa force, son courage, c’est grâce à cela que l’on peut s’estimer vainqueurs”.
Et sur le plan militaire, peut-on dire que cette guerre est une réussite ? ”Il faut évaluer les faits avec recul et objectivité. Les dix dernières années ont été calmes à la frontière nord. Oui, cela est certainement le fait de la dissuasion que nous avons instauré par la guerre. Mais, n’oublions pas aussi que le Hezbollah est, depuis plusieurs années, embarqué dans la guerre civile syrienne. C’est un élément non négligeable. Ne perdons pas de vue que le Hezbollah s’est considérablement réarmé depuis la fin de la guerre de 2006. Il faut s’attendre à un prochain conflit avec lui dans un futur plus ou moins proche”.
Pourquoi un livre sur la guerre du Liban ?
Aujourd’hui, Yoni Chetboun sort un livre, intitulé ”Ta’hat Esh” (Sous le feu), qui raconte l’histoire de ce combattant qu’il était et qu’il est toujours puisqu’il poursuit au sein de l’armée en tant qu’officier réserviste.
”Le livre ne parle pas que de la 2e guerre du Liban”, nous explique-t-il, ”Je rapporte mon expérience depuis qu’Israël s’est retiré du Sud Liban en 2000 jusqu’à cette guerre en passant par la 2e Intifada, le retrait de Gaza. Comment tous ces événements sont liés les uns aux autres, comment ils ont entraîné l’enlèvement de Guilad Shalit à la frontière avec Gaza et des trois soldats à la frontière du Liban. La 2e guerre du Liban a été le point culminant de toutes ces années”.
La société israélienne à travers le prisme de l’armée
Dans son premier livre, Yoni Chetboun a choisi de raconter la guerre, de décrire les champs de bataille mais sa perspective est plus large : ”Cet ouvrage porte sur la société israélienne à travers le prisme de l’armée. Je vais à la rencontre de cette société. Ce livre ne raconte pas seulement des faits, il décrit les réflexions, les processus, qui amènent à prendre des décisions décisives dans des moments critiques. Il raconte aussi comment surmonter les difficultés, d’où viennent les forces”.
En effet, Yoni a traversé des épreuves difficiles. Il a perdu quelques-uns de ses amis les plus proches au combat. ”Je me dévoile dans ce livre aussi. J’y parle des moments les plus durs que j’ai vécus”.
Est-ce un livre pour les olim de France ? ”Quand j’ai parlé de ce projet à mon père, la première question qu’il m’a posée, était celle-la ! Il est certain que ce livre leur parlera puisque c’est aussi mon expérience en tant que fils d’olim de France qui est racontée. D’ailleurs, je cherche une personne qui serait prête à investir pour que mon livre soit traduit en français”.
Ainsi, Yoni destine son livre à un large public : les jeunes qui s’apprêtent à entrer à l’armée mais aussi ”tous ceux qui aiment Israël, qui veulent sentir ce que vivent les soldats. J’ai écrit ce livre en pensant également à donner des éléments pour la prise de décision, quel que soit le domaine de la vie”.
Soirée de présentation du livre :
Le mercredi 3 août 2016 – 28 Tamouz
Synagogue Ohel Nehama – 3 rue Chopin , Jérusalem
Merci de vous inscrire
Par mail: [email protected]
ou par message SMS 054-5405603
Guitel Ben-Ishay