Avec l’entrée en vigueur mardi de nouvelles et lourdes sanctions américaines contre l’Iran, le ton monte entre Washington et Bruxelles. Prenant le contrepied absolu du président Donald Trump, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a appelé les entreprises européennes à intensifier au contraire le commerce avec l’Iran et sauver l’économie de ce pays. « C’est crucial pour le maintien de l’accord sur le nucléaire et c’est une priorité en matière de sécurité pour l’Europe » a-t-elle expliqué. Etrange argument. Cela voudrait-il signifier que l’Europe est prête à s’aplatir face à l’Iran afin d’échapper à des d’attentats sur son sol? Ce ne serait pas la première fois que des pays européens monnaient leur « tranquillité » face à des pays ou organisations terroristes.
Federica Mogherini a poursuivi en complimentant l’Iran pour son respect scrupuleux de tous les engagements pris lors de la signature de l’accord sur le nucléaire!!!
Face aux menaces de sanctions américaines contre des entreprises européennes, l’Union européenne a fait entrer en vigueur dès mardi la « Loi de blocage de sanctions », texte déjà voté en 1996 pour contourner les sanctions américaines sur Cuba, la Libye et l’Iran, mais jamais utilisé. Cette loi assure une protection juridique et financière aux entreprises qui seraient lésées par des sanctions américaines. Le 16 juillet dernier, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont voté la réhabilitation de cette loi qui interdit aux entreprises de se soumettre aux exigences américaines sous peine de pénalités fixées par chaque Etat membre. A défaut de grands groupes et banques qui ont déjà annoncé la cessation de leurs liens avec l’Iran, Federica Mogherini a émis le souhait que les PME européennes continuent au moins à commercer avec le régime des mollahs.
Mais le président Donald Trump veut aller jusqu’au bout. Mardi, il a fait une déclaration qui ne laisse pas de place au doute quant à ses intentions vis-à-vis de l’Europe: « Ceux qui continuerons à faire du commerce avec l’Iran n’en feront plus avec les Etats-Unis ». Dans un nouveau tweet il a expliqué que le but ultime des sanctions est de favoriser la paix mondiale.
Sur le plan pratique toutefois, les analystes économiques ne voient pas vraiment comment des entreprises européennes pourraient résister à un boycott américain ni comment l’UE pourrait compenser les pertes de ces entreprises, même si de manière obsessionnelle, les pays leaders de l’UE comme la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne déclarent vouloir à tout prix maintenir les relations économiques avec Téhéran.
Lundi, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman avait dénoncé cette nouvelle attitude lâche de l’Europe: « L’Europe s’affaire à sauver l’économie de l’Iran et le régime de ayatollahs, qui est responsable d’attentats terroristes ou de tentatives d’attentats sur son sol, jusqu’à récemment. C’est tout simplement de la folie! »
Photo Yonatan Sindel / Flash 90