C’est un peu tous les ans la même chanson : « Na Na’h Na’hma, Na’hman MeOuman » contre ceux qui pensent que c’est une erreur de voyager sur la tombe du Tsadik Rabbi Nahman en Ukraine. LPH a voulu dépasser le débat. Nous avons interrogé les femmes, celles qui voient chaque année leur mari voyager à Ouman pour Rosh Hashana. Comment vivent-elles un moment si important de l’année juive sans leur époux ?
Emouna
« Pour moi, c’est un don de soi »
Cela fait dix ans maintenant qu’Emouna célèbre Rosh Hashana en Israël alors que son mari est en Ukraine. « Pour lui, c’est un principe au cœur de sa vie », confie Emouna, « Sa foi dans le Tsadik est fondamentale ». Pourtant, elle n’est pas vraiment sur la même longueur d’ondes que son mari. « Nous avons beaucoup de débats sur le sujet. Je trouve très difficile de passer Rosh Hashana seule avec les enfants. De plus, mon mari m’a toujours enseignée que Rosh Hashana avait une importance primordiale puisque ces jours sont le fondement de toute chose dans notre vie de Juif. Pour moi, il va de soi que le père doit être présent les jours de Rosh Hashana pour transmettre le message à ses enfants ».
Emouna a compris que le voyage est vital pour son mari : « L’année dernière il n’a pas pu se rendre à Ouman et il y a quelques mois, les médecins lui ont trouvé un cancer… Mon mari l’a très mal pris car pour lui c’est évident que cela est dû au fait qu’il n’est pas allé chez le Tsadik pour Rosh Hashana. Bien que j’essaie de le raisonner sur ce point, il ne peut rien entendre. Cette année, il voyagera coûte que coûte ». « Pour moi, Rosh Hashana est une charge très lourde : je porte en ces jours si importants la responsabilité du père et de la mère sur mes épaules. C’est un don de soi, une messirout nefesh. Mais je dois reconnaître que l’aide du Ciel est unique pendant ces journées. Je perçois des miracles, je reçois ici les mêmes lumières que mon mari à Ouman, je le sens, je le vois. Je réussis à créer une bonne ambiance à la maison comme si mon mari était présent. Finalement, la difficulté passe et on arrive à faire avec. Celui qui croit vraiment dans la bénédiction du Tsadik voit les grands bénéfices de ces désagréments ».
Sima
« Aucun manque, au contraire »
Sima est mariée depuis 20 ans et mère de 10 enfants. Elle n’a pas grandi dans une maison de la hassidout Breslev et déjà avant de se marier, elle savait que son futur époux voyagerait tous les ans à Ouman pour Rosh Hashana. « Il m’est très difficile de décrire ce que je ressens pendant cette période, c’est très fort. Aller près du Tsadik est un acte si grand et qui apporte tellement que j’encourage moi-même mon mari à s’y rendre. Tout est différent quand il revient, ce voyage n’est pas anodin, il fournit des forces, de la sainteté, c’est indiscutable ». Sima s’occupe donc seule de ses 10 enfants, mais elle le vit très bien : « Je ne ressens aucun manque, au contraire. L’ambiance lors des deux jours de Rosh Hashana est très bonne. Parfois nous faisons des repas avec d’autres familles dont le père est aussi à Ouman. C’est très convivial. Pour mes enfants, cela a toujours été naturel, ils ne m’ont jamais posé de questions pour savoir pourquoi Papa ne faisait pas Rosh Hashana avec nous ». Que pense Sima des débats autour des hommes qui laissent leur femme et leurs enfants seuls pendant des jours si importants ? « Aurait-on les mêmes débats s’il s’agissait de maris qui partaient en milouim ou à l’étranger pour des raisons professionnelles ? Nos maris partent chez le Tsadik pour se renforcer et rajouter de la kedoucha à la maison. Pourquoi les juger négativement ? Ils remplissent à merveille leur rôle d’époux et de père en agissant ainsi » !
Guitel Ben-Ishay