Comme chaque année, le Campus francophone de Natanya, en partenariat avec l’Institut Emmanuel Levinas, organise un cycle de rencontres et de conférences autour d’un thème qui sera décliné tout au long de l’année. Cette année, le cycle sur le thème « Resistances et Renaissance » sera inauguré le dimanche 15 novembre, en présence de l’Ambassadeur de France, M. Patrick Maisonnave.
Nous avons interrogé Claude Brigthman, la Présidente du Campus francophone, sur le choix du thème de la saison 2015-2016 : « L’objectif de ces cycles est de traiter en profondeur de questions sérieuses. Les conférences prennent la forme de master class, c’est-à-dire de débats et nous souhaitons favoriser les échanges entre des intervenants diversifiés et de haute qualité et un public curieux et d’une grande intelligence. Il s’agit aussi de promouvoir la francophonie qui nous est chère, sur un campus qui accueille aujourd’hui 150 étudiants français dans une ambiance qui leur permet de se rattacher à leur culture d’origine tout en leur ouvrant les portes d’un avenir en Israël ».
Pourquoi « Résistances » et pourquoi au pluriel ?
« La résistance est la capacité à surmonter les plus grandes épreuves. Bien que cela ne soit pas le fait uniquement du peuple juif, nous en faisons l’expérience tous les jours en Israël depuis 70 ans. La résistance c’est retrouver la force, la foi, se battre pour des valeurs et ouvrir un espoir pour l’avenir. Comme le dit le Rabbin Daniel Epstein, qui sera l’un des intervenants : « Résister, c’est exister ». Cette résistance est plurielle, il y a différentes formes de résistances : l’action sur le terrain, l’écriture, la parole, en sont des exemples ».
Claude Brightman insiste sur l’importance de l’activité universitaire comme un moyen de résister à la « morosité générale », en permettant à un maximum de jeunes de connaître davantage une culture qui les accompagne. À partir de là, on peut se construire, renaître : une renaissance cette fois au singulier parce que, pour Claude Brightman, « chacun renaît à sa manière ». L’ouverture du cycle de conférences se fera par la pièce « le Chandelier enterré », mise en scène et jouée par Steve Kalfa, adaptée d’une nouvelle de Stefan Zweig, ce même Stefan Zweig qui, pendant la Shoah, après avoir tenté de fuir a décidé de mettre fin à ses jours.
Quel message souhaitez-vous passer par le biais de la pièce et de son auteur au regard de la « résistance » ?
« Effectivement, Stefan Zweig a écrit des pages remarquables, mais on peut lui reprocher d’avoir fui, de ne pas avoir parlé, de ne pas avoir continué à se battre jusqu’à la Libération. Mais Stefan Zweig survit malgré lui, il avait en lui une identité juive très profonde et elle lui a survécu ».
Des intervenants très variés seront amenés à s’exprimer, du Rabbin Daniel Epstein à Serge et Beate Klarsfeld en passant par Daniel Cohn-Bendit et Denis Charbit, entre autres. Dans le contexte actuel, le thème apparaît opportun. Il permettra, sans aucun doute, de réfléchir à des notions fondamentales sur notre présent et notre avenir.
Est-ce l’une de vos attentes : donner aux mots leur sens authentique à une époque où les medias et les politiques jouent avec ceux-ci et les dévoient parfois ?
« Nous ne tenons pas à entrer dans des débats politiques. Mais il est vrai que chaque mot et l’utilisation qui en est faite portent des intérêts sous-jacents, sont le fruit de dogmes. Pour ma part, je prends au pied de la lettre les mots « anéantissement, destruction » utilisés par le monde musulman à l’égard d’Israël. En revanche, il serait effectivement plus sage de garder certains mots comme celui de « résistance », pour des actions qu’ils méritent. Nous devons nous battre pour que chaque chose, chaque phénomène soient véritablement appelés par leur nom ».
Réservations et abonnements : francophonie010@netanya.ac.il – www.netanya.ac.il 098607898 – 098607417
Guitel Ben-Ishay