Le P’tit Hebdo : Nous nous entretenons quelques jours après l’assassinat de Yanai Weissman z”l. Après enquête, il s’est avéré qu’il avait demandé à sortir avec son arme de la base, ce qui lui a été refusé. Aujourd’hui le Chef d’État-Major donne comme consigne que tout soldat sortant en permission emportera son arme. Pourquoi n’était-ce pas le cas ?
Rav Elie Ben-Dahan : Effectivement, la consigne n’était pas celle-ci jusqu’à aujourd’hui. La réticence vient du fait qu’à notre grand regret, les armes des soldats font l’objet de nombreux vols en dehors des bases. Tous les soldats n’ont pas de coffre à la maison pour la ranger. Il va de soi aussi que tous ne souhaitent pas aller partout avec une arme lorsqu’ils sont en permission. À la lumière des derniers évènements tragiques, il a été décidé que les soldats sortiraient avec leur arme, en particulier ceux qui vivent à Jérusalem et en Judée-Samarie.
LPH : Que pensez-vous des propos de Gadi Eizencott concernant l’adage de nos Sages : « Celui qui se lève pour te tuer, devance-le et tue-le avant » ?
Rav E.B-D. : Je pense que le Chef d’État-major a été mal compris. L’adage de ‘Hazal est un principe général. Il ne s’agit en aucun de ce qui doit être considéré comme une consigne d’ouverture du feu pour l’armée. S’il n’y a aucun danger d’être touché, alors on ne doit pas tuer la personne qui se trouve en face. Les soldats se doivent d’évaluer la situation. Le malentendu autour des propos de Gadi Eizencott vient probablement du fait qu’il a pris comme exemple une jeune fille de 13 ans avec une paire de ciseaux sur laquelle on aurait vidé un chargeur, cas qui ne s’est jamais présenté. Ceci étant dit, je tiens à saluer l’héroïsme dont font preuve les citoyens israéliens parallèlement au travail des forces de sécurité, lorsque se produisent des attentats.
LPH : Face à la multiplication des actes de terrorisme et du nombre de victimes, la population israélienne commence à se demander si les mesures prises par le gouvernement sont efficaces. Que préconisez-vous ?
Rav E.B-D : Nous avons affaire à des terroristes qui sont des personnes isolées. Il est très difficile pour les services de renseignements de les détecter. Pour ma part, je crois dans la force de dissuasion. Cela passe par la destruction systématique des maisons des terroristes, ce qui est mis en œuvre aujourd’hui. Je pense aussi que nous devons aller plus loin, ne plus délivrer de permis de travail aux proches des terroristes, leur faire subir plus de vérifications, leur rendre la vie dure… Et surtout, je le préconise depuis longtemps, nous devons expulser les familles de terroristes. À mon grand regret, cette mesure ne peut pour l’instant être mise en œuvre en raison de blocages judiciaires. J’espère que cela évoluera.
LPH : Une des solutions adoptées est aussi la concrétisation de projets de route plus sures pour les habitants de Judée-Samarie.
Rav E.B-D. : En effet, le ministère de la Défense s’occupe de trois routes de la plus haute importance pour le confort et la sécurité des habitants de Judée-Samarie. La première, la route Nabi Ilyas doit relier Kfar Saba à S’hem en passant par Karne Shomron. Ce projet est bien avancé, nous devons commencer à tracer la route prochainement. Une deuxième route devrait permettre de contourner le village palestinien de Hawara duquel beaucoup de jets de pierre et d’attentats sont commis. Cette route reliera S’hem, Itamar, Elon More, Har Bra’ha, Kedoumim en évitant les villages arabes dans lesquels le danger est présent. La troisième est dans le Goush Etsion, elle doit permettre de contourner le camp d’El Arouv qui nous est aussi très hostile. Ces routes représentent un grand intérêt sur le plan stratégique et sécuritaire. Elles seront ouvertes aux Juifs et aux Arabes. Nous les voyons comme une garantie de sécurité pour les habitants de Judée-Samarie et nous savons aussi que cela permettra à d’autres familles de venir peupler les yichouvim.
LPH : Plus de familles, mais construit-on aussi plus de logements, plus de yishouvim ?
Rav E.B-D. : Comme vous le savez le gouvernement ne construit pas en Judée-Samarie. Ceci étant, les constructions privées, elles, se poursuivent. Pour ma part, je suis convaincu que notre réponse aux attentats doit aussi être de construire. Les terroristes veulent nous faire partir, nous devons être forts et leur montrer que nous sommes là pour rester. Pour l’instant le gouvernement n’a pas décidé d’aller dans le sens de ce type de réaction, mais j’espère que cela viendra.
LPH : Quel est votre sentiment lorsque vous observez aujourd’hui la situation de la Judée-Samarie ?
Rav E.B-D.: J’ai vécu en tant que soldat les premières heures de ces yishouvim. Aujourd’hui, on compte plus de 400.000 Juifs en Judée-Samarie ! On avance, on construit, on vit. Les difficultés sont réelles, mais les Juifs sont des pionniers, ils ont beaucoup de force et de courage. Avec l’aide de D’, dans quelques années, un million de Juifs vivront en Judée-Samarie !