69 ans! Yom Haatsmaout représente un grand miracle: le peuple juif revenu sur sa terre proclame son indépendance nationale.
Déjà avant cette indépendance et encore plus depuis, ce sont les alyot successives qui ont construit le pays et qui lui ont permis de se développer matériellement et démographiquement à une vitesse incroyable.
LPH met donc l’alya à l’honneur en ce jour qui compte tant pour notre peuple. Nous vous présentons l’alya francophone suivant les époques.
Ils s’appellent Mihal, Yoni, Ruth, Irène ou Sarah. Ils ont leur histoire d’amour avec le pays. Ils nous la dévoilent.
Arrivée en bateau, il y a 48 ans
Mihal Vaknin
Pourquoi Israël?
Je suis arrivée en France d’Algérie à l’âge de 12 ans. J’ai grandi à Toulouse, puis après mes études, j’ai commencé à travailler à Paris. J’ai toujours rêvé d’Israël. Déjà enfant, je participais aux activités du Bné Akiva. Par la suite, j’ai suivi les cours de Manitou, z”l. Le retour à Sion m’animait.
Les premiers jours en Israël
A 24 ans, je décide de laisser ma famille en France et de partir. J’ai posé mon dossier à l’Agence Juive. On m’a proposé deux merkaz klita: un à Netanya, un à Kiryat Shmona. J’ai choisi cette dernière. Je suis arrivée par bateau à Haïfa, en 1969, puis je me suis installée à Kiryat Shmona. A cette époque, Israël subissait ce que l’on a appelé la ”guerre d’usure” entre la guerre des Six Jours et celle de Yom Kippour. Il pleuvait des katiouchot! Nous faisions l’oulpan dans les abris. Une bombe est même tombée à quelques 200 mètres du merkaz klita. Mais je n’avais pas peur, j’ai compris que je faisais partie du peuple. A cette époque, nous n’avions pas d’aide financière, si ce n’est le logement et la nourriture au merkaz klita. Je me souviens d’avoir payé mon oulpan.
Ce qui vous a paru difficile ?
Le petit-déjeuner à l’israélienne! Je rêvais d’une baguette! Je me souviens avoir passé du temps à chercher une boulangerie, avant de comprendre que le pain se vendait dans les épiceries!
La mode vestimentaire était aussi pour moi une énigme! Je ne comprenais pas les gens qui sortaient en pantoufles! Mais j’ai dépassé tout ça, maintenant!
Ce qui vous a émerveillée?
L’accueil! Jusqu’à aujourd’hui, je suis en contact avec les membres de la famille qui m’avait ”adoptée” à Kiryat Shmona. La mère était la cuisinière du merkaz klita, personne ne parlait français, mais ils m’ont reçue avec leur cœur et m’ont beaucoup aidée.
Je me sens entièrement israélienne, même si j’ai gardé les formules de politesse à la française, sur lesquelles je ne transige pas!
Yom Haatsmaout pour vous?
En France, je fêtais Yom Haatsmaout avec le DEJJ, on faisait une soirée puis le lendemain un pique-nique.
En fait, le déclic de mon alya, je l’ai eu Yom Haatsmaout, en 1968. J’étais venue en Israël et après avoir assisté au défilé, j’ai su que je devais partir.
Je déplore que ces dernières années, on semble aborder cette journée avec plus de légèreté et moins dans l’esprit des pionniers. On a oublié que le pays a versé tant de sang, on a oublié les héros d’avant l’indépendance, les chants. Cette journée devrait être un hommage.
Arrivée avec trois enfants en bas-âge, il y a 32 ans
Irène Toubiana
Pourquoi Israël?
Pour que ce soit plus facile pour nos enfants. Notre ainé avait cinq ans quand nous avons enfin réalisé notre volonté: celle de venir vivre en Israël. Nous avons attendu d’avoir fini nos études et avant que nos enfants ne soient plus grands, nous sommes partis. Par idéal.
Les premiers jours en Israël
Nous sommes arrivés au mekaz klita de Mevasseret Tsion. Au bout de quelques mois, mon mari a commencé à exercer comme médecin en tant que remplaçant. Nous avons déménagé pour Pisgat Zeev, puis pour l’éducation de nos enfants, nous avons préféré la vie de yichouv et nous sommes partis à Psagot.
Nous n’avons pas eu la possibilité de faire beaucoup d’oulpan, surtout moi puisque notre plus jeune enfant n’avait qu’un mois et demi et on ne le prenait pas en crèche avant l’âge de six mois. Nous avons appris sur le tas. Nos diplômes, médecin pour mon mari, BTS cosmétique pour moi, ont été validés immédiatement.
Ce qui vous a paru difficile ?
Pour mon mari, il a été difficile d’être reconnu par les koupot holim. Par ailleurs, nous avons dû nous démener beaucoup pour trouver une synagogue qui nous convienne, des écoles pour nos enfants qui nous correspondent. Ce sont donc principalement des difficultés logistiques que nous avons rencontrées. Mais elles ont fini par se régler.
Ce qui vous a émerveillée?
Pouvoir vivre pleinement sa vie de Juif! Ne pas avoir à demander la permission à personne, pour un jour de congé pour les fêtes ou autre. Je me souviens avoir été émue aux larmes, quand à la veille de Rosh Hashana, la société dans laquelle je travaillais avait fait poser sur mon bureau – et celui des autres employés – un pot de miel!
Ce qui est beau c’est aussi toute l’aide que nous avons reçue tout au long de notre parcours du merkaz klita à Psagot en passant par Pisgat Zeev.
Enfin, ce qui m’a émerveillée, c’est quand nos enfants nous ont remerciés d’avoir fait notre alya!
Yom Haatsmaout pour vous?
Cette journée a toujours été très importante pour nous, même en France. Quand les enfants étaient petits, nous allions chaque année dans une base militaire. Nous nous attachons à y associer une connotation profonde en allant au Kotel prier.
Quitter sa situation pour son rêve, il y a 20 ans
Sarah Medioni
Pourquoi Israël?
Par pur sionisme, par amour pour mon pays. J’ai toujours rêvé de vivre en Israël. Ce rêve a mis du temps à prendre forme pour des raisons familiales. En France, j’avais tout, une situation professionnelle très appréciable et une vie tranquille. Mais je devais venir en Israel!
Les premiers jours en Israël
Quand je suis arrivée en Israël, j’étais célibataire. J’ai été reçue par une amie à Netanya et j’ai suivi un oulpan. Je me suis mariée pendant mon oulpan!
On avait moins d’aide qu’aujourd’hui que ce soit au niveau financier que logistique, je pense notamment au niveau de la langue (traduction en français).
Ce qui vous a paru difficile ?
A vrai dire, j’aime tellement le pays, que rien ne m’a vraiment exaspérée. Alors peut-être que la fameuse ‘houtspa a pu me paraitre étrange.
La principale difficulté pour moi a été sur le plan professionnel. J’ai tout de suite été enceinte, et avec un enfant, c’était plus compliqué encore. Aujourd’hui, je travaille au centre de traduction du ministère de la Santé. Mais même s’il y a eu des moments difficiles, je n’ai jamais une seule seconde regretté mon choix ou penser à faire marche arrière. Ici, on vit des miracles et quand on tombe, on se relève et on avance.
Ce qui vous a émerveillée?
Le soleil tous les matins! La gentillesse des gens, toujours prêts à vous aider. Ici, il y a toujours quelqu’un qui arrive au bon moment!
Yom Haatsmaout pour vous?
J’ai toujours fêté Yom Haatsmaout. Aujourd’hui, cette journée revêt pour moi une dimension de transmission: je veux dire à mes enfants que grâce à tous ceux qui sont tombés, grâce à la persévérance de notre peuple, nous avons un pays à nous. Nous devons bénir le jour où nous l’avons reçu.
De Casablanca à Jérusalem, il y a 5 ans
Yoni Fashy
Pourquoi Israël?
Mon alya n’a été motivée que par des considérations sionistes. Au Maroc, l’Agence Juive n’est pas publique. Tout le monde connait le nom de l’émissaire et on s’adresse à lui. Il ne s’affiche pas, c’est un peu tabou. Donc, j’ai été le trouver et il s’est occupé de tout. Beaucoup de jeunes quittent le Maroc aujourd’hui surtout pour la France. Pour ma part, il était clair que ce serait Israël.
Les premiers jours en Israël
Je vis à Jérusalem. Je suis étudiant. J’ai découvert que beaucoup d’étudiants venaient de la diaspora et notamment beaucoup de francophones. Mon adaptation a été facile, les Israéliens aiment bien les Marocains! Je me suis vite senti étudiant israélien à 100%!
Ce qui vous a paru difficile ?
La langue. C’est pour moi le principal obstacle. Il est vrai aussi que certaines mentalités du pays sont difficiles à accepter quand on vient de l’étranger.
Ce qui vous a émerveillé?
C’est totalement diffèrent du Maroc! On est entre Juifs. Au Maroc, on faisait les fêtes, les évènements un peu enfermés sur nous-mêmes. En Israël, on sent l’atmosphère dans la rue. On ressent l’unité du peuple juif.
Yom Haatsmaout pour vous?
Au Maroc, on marquait cette date: on allait à la synagogue, on faisait le Hallel, on chantait, on lisait des passages spéciaux. A la maison, on dressait une belle table. Mais on devait rester discret.
En Israël, c’est la date qui m’a le plus marqué. On y ressent encore plus de joie que le jour de Pourim! Tout le pays est en bleu et blanc, c’est magnifique!
Yom Haatsmaout, c’est le retour des Juifs sur leur terre, le témoignage de leur amour du pays.
Venir vivre en phase avec la Torah, il y a 1 an 1/2
Ruth Halfon
Pourquoi Israël?
Nous étions bien installés. Nous avions quatre enfants de 9 ans à 5 mois quand nous avons décidé de partir. Nous avions envie de venir en Israël pour des raisons religieuses, depuis quelques années déjà. Mais nous ne voulions pas le faire dans la précipitation. Des éléments externes se sont mis en travers de notre projet pendant plusieurs années, puis l’occasion s’est présentée. Nous l’avons saisie. La dégradation rapide de la situation en France a pesé aussi dans notre décision mais nous ne sommes pas partis en fuyant. Nous avions un véritable projet.
Les premiers jours en Israël
Nous avions préparé notre arrivée. Apres nous être beaucoup renseignés sur les écoles, nous avons décidé de nous installer à Tel Aviv. Nous sommes très contents du lieu que nous avons choisi. Nous ressentons un bien-être que nous avions perdu ces dernières années en France. Nous vivons dans un sentiment de sécurité, y compris pour nos enfants. Nous les laissons faire des choses qu’il aurait été inconcevable de les laisser faire en France.
Ce qui vous a paru difficile ?
La ‘houtspa interpelle, on a parfois le sentiment de devoir se battre pour des futilités. Mais comme je parlais parfaitement l’hébreu avant d’arriver, je ressens moins de frustration face à certaines situations.
Ce qui vous a émerveillée?
Les enfants s’épanouissent totalement. L’école fait partie de leur vie mais ne l’accapare pas. Pour les parents le rythme scolaire est plus difficile à gérer, mais il est très bien adapté aux enfants.
Je suis aussi heureuse d’avoir créé avec mon mari, l’association FLAM, reconnue par l’Ambassade de France. Nous organisons des ‘hougim en français dans les écoles israéliennes, nous avons monté une bibliothèque de livres en français et nous prévoyons l’ouverture d’une crèche bilingue. Je trouve formidable de pouvoir vivre en Israël tout en ayant la possibilité d’offrir à nos enfants une seconde langue et le moyen de continuer à communiquer avec leur famille restée en France.
Yom Haatsmaout pour vous?
Nous ne sommes pas foncièrement sionistes. Nous aimons Israël, nous sommes pour un service militaire dans un cadre religieux. Nous n’avons jamais vraiment fêté Yom Haatsmaout. Ceci dit, nous savons que c’est une journée différente, parce qu’elle représente le début d’un processus. Hachem nous a donné la possibilité de revenir sur notre terre, d’y créer un pays et ainsi de garantir notre avenir. C’est très important.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Comme chaque année et ceci depuis des décennies, nous venons nous réjouir aux côtés du peuple Juif, dans Sa célébration de l’évènement, que nous considérons comme le plus important du monde, « Le retour du peuple Juif dans Sa terre » et l’établissement à la surprise du monde entier de l’Etat d’Israël.
Certes cela n’a pas été sans mal, sans douleurs, et sans pertes d’êtres chers, mais nous devons admettre que sans l’accomplissement des merveilleuses promesses et sans D.ieu, il n’y aurait pas d’Etat Juif, d’Etat d’Israël. Les ennemis de D.ieu et des Juifs dés 1948 reçurent la première d’une série de leçons amères qu’Israël était là pour y rester, car D.ieu est avec lui et qu’il est plus fort que tous ceux qui sont contre lui.
Donc, joyeux anniversaire chers amis, réjouissez-vous, beaucoup de bénédictions sont en cours d’accomplissement par le D.ieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Soyez tous et toutes assurés de notre amitié sincère, de notre aide, et de notre soutien qui ne faiblit pas.
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