A coup sûr Pourim dans son dénouement est le plus beau des sipourim
Et ces vers bien sonnés sont à boire pour leurs rimes
Parce qu’au bout du rouleau la lecture finit sa trame
Et l’on arrose la tension qui met fin à ce drame
Belles tentures et rideaux sont les voiles d’un féerique festin
L’opulence cache très mal l’inévitable destin
Les seigneurs de ce monde au comportement enfantin
Que le Grand Maître de l’histoire conduit comme des pantins
L’archi Mède copia Salomon pour bien asseoir son trône
Ah Véroch, mal de tête pour une si lourde couronne
Doliprane il faut prendre avant de lui tirer révérence
En coupable sottise il détient la plus haute compétence
Quand le vin est tiré il faut toujours le boire
Et malheur à celui qui n’en prévient pas les déboires
Les affaires les plus affriolantes se décident dans un jeu de cartes
Le plus bel atout de ce Roi de Pic ne peut être que sa Dame de Cœur
Ce n’est point la pudeur qui retient la princesse de Babel
Son orgueil à l’évidence la tient entre toutes pour la plus belle
Fatalité la démarqua en position postérieure à la queue
Pour punition d’avoir réduit ses servantes juives en loques
Le concours de beauté attire les minettes en folie
De semestre en semestre elles ravalent leurs visages bien polis
Dans le harem bien achalandé on élira Miss Persépolis
C’est Esther au fard blafard qu’acclamera la vox populi
Les tarsiens Big Tann et T’es Reche ourdissent un dessein pas laid
Il en faut toujours dans les complots de palais
Dans une coupe empoisonnée il faut savoir mettre de l’eau dans son vin
Elle déborde, et Mordekhaï y voit la main du divin
Quand Haman s’érige en idôle et perce
Que devant lui la foule se fend et se disperse
La flatterie populaire n’atteint jamais son comble
Tant que Mordekhaï le juif ne se joint pas à l’ensemble
Méfie-toi de l’Haman, il n’a rien de céleste
Le bonjour qu’il te donne c’est un sale amalek
Si courbettes tu lui fais, son épée sera leste
Ancestrale est sa haine, prudence et « dir balek »
On ne peut tirer au sort sans voir le POUR et le contre
Le sept Adar et la naissance du sauveur assurent une belle rencontre
Pourim c’est le temps où les dés sont jetés
Et le tirage sans hasard tombe toujours du bon côté
Trois jours durant, nuit et jour leurs corps jeûnèrent
Mais l’esprit tout entier adonné à l’étude de l’Omer
Le glaive tranchant suspendu au-dessus de leur tête
N’entame pas leur espoir de finir dans la fête
L’insomnie ne ferme pas les paupières de la nuit
C’est que le cœur redoute les plus sombres ennuis
Les chroniques royales seront lues par les scribes
Et l’histoire marginale coupera les morceaux en bribes
L’inattendu cavalier chevauche fièrement le royal étalon
Tandis que le dévalué en valet rampe le ventre aux talons
Ce spectacle incertain fut pour la fille d’Haman un manque de pot
Qu’elle laissa échapper avec son contenu pour lui en faire un chapeau
Dans ses cordes l’ambition est au bout de sa langue bien pendue
Et lèche à faux les victimes à lui suspendues
De la bouche de sa femme il sent la corde au cou
Comparable à cet âne que l’on traîne au licou
De ses viles mains il dressa bien haut l’horrible potence
De sa tête il goûtera à la chute de son omnipotence
Cinquante coudées, quel gâchis pour un despote aussi minable
De la place il en reste pour dix de ses enfants aussi condamnables
Quand les yeux de la mort obscurcissent l’histoire la plus sombre
Du trou noir comme un astre surgit l’héroïne de l’ombre
Son silence tribal va mûrir les mots de la parole d’or
Ses frêles épaules portent les rayons de la biche de l’aurore
La grande frousse de Pourim arracha notre plein gré pour la Torah
La contrainte de la loi à nouveau tu chériras
Plus que le sceau menaçant du monarque funeste
La voix du Sinaï est la seule qui te reste
Quatre mitsvot Ô mon fils la tradition te conseille
Ne fais point de la méguila un rouleau compresseur
A tes pauvres les cadeaux rempliront les corbeilles
Et partage toutes tes parts à tes frères et tes sœurs
La lumière pour chaque juif brille dans l’écriture sainte
Et la joie dans chaque fête éclate dans son enceinte
L’allégresse t’accompagne dans l’alliance charnelle
Et la splendeur de ton diadème couronnera toujours ta fontanelle
Composer ce poème n’était pas du gâteau
Les oreilles d’Haman sont foncièrement a’sourd
Le nez du Pharaon à Pessah n’offrez pas sur un plateau
Ni les pieds d’Antiochus à Hannouca à mijoter dans un four
Vaillantes sont nos dames dont jolies mains au pétrin
Confectionnant avec amour chocolats et riches vacherins
De grâce, mon gosier jamais n’avalera d’Haman les oreilles
Mac Aharon et Makroud n’auront pas leur pareille.
POURIM SAMEAH
Rav Yaacov Guedj