Le premier verset de la parachath Choftim est ainsi conçu :
« Des juges et des chotrim tu t’installeras dans toutes les portes que Hachem , ton Dieu, te donne, selon tes tribus, ils jugeront le peuple par un jugement juste » ( Devarim 16, 18).
Qui sont ces chotrim que la « Bible du rabbinat » rend par « magistrats » et dont l’hébreu moderne a fait des « policiers » ?
Ce mot chotrim (au singulier : chotèr ) apparaît à plusieurs reprises dans la Tora ainsi que dans plusieurs livres du Nakh comme Josué, les Chroniques et les Proverbes.
Par exemple : « Sortirent les oppresseurs ( noguessim ) du peuple et ses chotrim , ils parlèrent au peuple en disant : “Ainsi a parlé Pharaon : Je ne vous donnerai pas de paille ! » ( Chemoth 5, 10). Ces chotrim , un peu plus loin, seront frappés par les noguessim pour n’avoir pas exécuté les ordres qu’ils avaient reçus (5, 14).
Et Rachi de préciser ( ad loc .) qu’ils mériteront plus tard de faire partie du Sanhédrin et qu’ils seront imprégnés d’une partie de l’esprit saint qui reposait sur Moïse. C’est ainsi qu’il est écrit ( Bamidbar 11, 16) : « Hachem dit à Moïse : “Réunis-moi soixante-dix hommes entre les anciens d’Israël, que tu connais…” », de ceux dont « tu sais » le bien qu’ils ont fait en Egypte, « … pour être des anciens du peuple et ses chotrim » ( Sifri Beha‘alothekha 92).
Le Targoum Onqelos traduit « chotrim » par « pour‘anine », ce qui pourrait correspondre à « intendants ». Quant au Targoum Yonathan , il emploie à leur sujet le mot « sakhrine », que l’on pourrait traduire par « ministres » (Voir Daniel 6, 3).
A la lumière de toutes ces occurrences, on peut dire que les chotrim sont toujours des fonctionnaires d’autorité, mais des fonctionnaires responsables devant une instance hiérarchique qui leur est supérieure.
– :- :- :- :- :- :- :-
Haftarath parachath Choftim – L’annonciateur de bonnes nouvelles
« Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de l’annonciateur, le héraut de la paix, l’annonciateur de bonnes nouvelles, le héraut du salut, celui qui dit à Sion : Ton Dieu est roi ! » (Isaïe 51, 7).
Pour expliquer ce verset, Malbim se réfère à un autre passage du livre d’Isaïe, que nous avons lu dans la haftara de la parachath Waeth‘hanan : « Sur une haute montagne, monte, toi, annonciatrice de Sion, élève avec force ta voix, annonciatrice de Jérusalem, élève, ne frémis pas, dis aux villes de Juda : “Voici votre Dieu !” » (40, 9).
L’annonciateur de bonnes nouvelles, pour être mieux entendu, commencera par se poster au sommet d’une montagne. Son premier message sera celui de la paix, de celle que l’on conclura avec l’ennemi. Puis il annoncera le bien, ce bien suprême que sera la construction du Sanctuaire et la restauration de la dynastie de David « quand Hachem retournera à Sion » (51, 8). Il nous fera ensuite l’annonce du salut, du rassemblement des exilés auquel fait allusion le verset 9. Et enfin « il dira à Sion : “Ton Dieu est roi !” », préfigurant ainsi la révélation du règne divin sur toute la terre et auprès de tous les peuples, lorsque « Hachem mettra à nu le bras de Sa sainteté aux yeux de toutes les nations ; et tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu » (51, 10).