Le directeur de l’Agence juive en France, Daniel Benhaïm, a mis les pieds dans le plat : «Certains découvrent que le pays des vacances n’est pas celui du quotidien. Israël n’est pas un eldorado. 20 % des personnes faisant leur alyah finissent par revenir en France, généralement pour des raisons économiques. Partir en Israël est un choix difficile». Ce chiffre est en effet minoré car les statistiques officieuses sont supérieures à 30%.
L’Agence juive a compris qu’un nouveau langage de vérité s’impose car aucune situation d’urgence n’exige de pousser les Juifs à une alyah non souhaitée.
Les raisons économiques expliquent généralement les échecs de ceux qui se trouvent dans l’impossibilité de trouver un travail en rapport avec leur expérience ou leurs diplômes. À cet aspect s’ajoute la difficulté d’acquérir un logement compte tenu des prix excessifs de l’immobilier qui sont au niveau de la France dans les grandes villes d’Israël. D’autre part, le coût de la vie en Israël a beaucoup augmenté avec des salaires qui stagnent.
Il faut aussi noter que durant ces deux dernières années, l’Agence Juive s’était glorifiée des grands chiffres de l’alyah sans vouloir avouer qu’une grande partie était fictive. De nombreux Français avaient trouvé cette seule solution pour protéger leurs maigres économies placées en Israël après la pression permanente des nombreux démarcheurs de banques israéliennes venus en France pour les inciter à placer leur argent en Israël, la petite Suisse du Proche-Orient en raison de son secret bancaire.
Mais ces mêmes banques ont été obligées d’appliquer les nouvelles lois imposées en 2014 par les États-Unis et l’OCDE. Les banques ont alors bloqué tous les fonds d’origine française en menaçant de les transférer dans leur pays d’origine au risque d’entraîner des pénalités fiscales inévitables. La seule solution proposée pour résoudre ce différend avec les banquiers restait l’alyah «fiscale» avec prise de la nationalité israélienne, sans obligation de durée de séjour, pour éviter les problèmes avec le fisc français.
C’est pourquoi les chiffres de 2014 et 2015 ont été faussés. Il ne faut pas se voiler la face. De nombreux immigrants ont pris leur carte d’identité israélienne mais ont continué de résider en France.
L’Agence juive n’avait pas compris qu’elle ne pouvait pas fonder sa stratégie sur la seule alyah de nécessité découlant de la peur du terrorisme et de l’antisémitisme. La France n’est pas la Russie ni l’Ukraine où la guerre fait rage. Le gouvernement français ne pratique pas l’antisémitisme d’État. Bien au contraire, il combat, avec plus ou moins de succès, les dérives des terroristes islamiques qui veulent déstabiliser le pays. Enfin, le problème du port de la kippa serait une fausse incitation à émigrer.
Si Israël est intéressé à attirer la population juive de France, il doit mettre les moyens avec des mesures significatives sinon le flot des immigrants sera tari quand il ne se dirigera pas vers le Canada plus accueillant. Aujourd’hui seuls les retraités et les Juifs religieux ont la vocation du retour à Sion car il est difficile pour les autres familles juives de quitter le confort et les avantages sociaux qui leur permettent une vie décente, même en cas de difficulté économique.
Source: Jacques BENILLOUCHE copyright © Temps et Contretemps