Il s’agit d’un mini-tremblement de terre au sein du judaïsme religieux. Après des années d’avertissements, l’organisation rabbinique ‘Tsohar’ a annoncé lundi la création de son propre réseau de cacherout, indépendant de celui du Grand rabbinat d’Israël. Le label utilisé sera « Tsohar Pikoua’h Mazon« . C’est le rav David Stav, président de l’organisation qui l’a officiellement annoncé lors d’une conférence de presse à Beit Sokolov.
Ce réseau sera sous la responsabilité du rav Oren Duvdevani, qui quitte l’organisation « Hasga’ha Pratit » qu’il avait rejointe l’an passé. Il avait dirigé durant vingt ans un réseau de cacherout à l’étranger.
Le rav Raphy Feuerstein, l’un des dirigeants de l’organisation « Tsohar » a aussi pris la parole avec émotion: « Avec émotion et prière au seuil du 70e anniversaire de l’Etat d’Israël, je suis heureux de faire part de la création d’une nouveau réseau novateur de cacherout pour l’Etat d’Israël. Nous ne venons pas remplacer le Grand rabbinat, mais nous estimons que le Grand rabbinat doit être le régulateur d’une pluralité de labels de cacherout. Le rav Oren Duvdevani a quant à lui déclaré: « La cacherout fait partie de l’identité de l’individu comme de la société israélienne. Nous restons fidèles à la halakh’a qui a été préservée depuis de nombreuses générations. Nous sommes là pour une population qui veut faire confiance en ce qu’elle met dans la bouche. Nous sommes là pour des directeurs d’établissements qui désirent un service professionnel et fiable ».
Lors de cette même conférence de presse, les principes conducteurs de ce nouveau réseau ont été présentés. Parmi les points principaux, une tarification fixe, transparente et non prohibitive de la surveillance – pour la première fois depuis la création de l’Etat – ou encore l’emploi de moyens technologiques très modernes afin d’améliorer la surveillance et la supervision des mashgi’him (surveillants) sur le terrain et de maintenir des standards de cacherout élevés.
L’absence du terme « cacher » dans le logo de ce nouveau réseau fait suite à un avis juridique pour contourner la décision de la Cour suprême qui avait décrété que seul le Grand rabbinat était habilité à délivrer le label « cacher » ou « sous la surveillance de… ».
Shaï Berman, directeur-général de l’Union des restaurateurs en Israël. s’est réjoui: « C’est un jour important pour la société israélienne car nous sommes en faveur des rapprochements des coeurs. C’est également un pas important pour l’économie israélienne car nous savons que les monopoles ce n’est jamais bon. Désormais, le monde de la cacherout sera plus transparent, plus homogène et moins onéreux. Les restaurateurs recevront les exigences dès le départ et sauront à quoi s’attendre (…) C’est la fin d’une période de ‘terrorisme’ dont les restaurateurs ont souffert ».
Cette annonce a par contre provoqué une levée de boucliers au sein du Grand rabbinat mais aussi parmi les rabbanim de l’aile orthodoxe du sionisme-religieux. Un communiqué signé par les deux grands rabbins d’Israël déclare: « Le Grand rabbinat oeuvre et continuera à oeuvrer pour procurer à la population une cacherout dans la transparence et l’unité (…) Il est regrettable qu’au lieu de prêter main forte pour améliorer le réseau national de cacherout, l’organisation « Tsohar » ait choisi de prendre une initiative qui va affaiblir cette cacherout nationale… ».
Les grands rabbins d’Israël expriment également leur « étonnement » du fait que l’organisation « Tsohar » n’ait pas attendu l’application des réformes engagées et constater leur efficacité. Ils reconnaissent toutefois que le réseau de cacherout du Grand rabbinat a essuyé de nombreuses critiques justifiées mais estiment que la manière de s’y mesurer est d’améliorer le système existant et non de créer un réseau parallèle.
Le communiqué accuse également l’organisation « Tsohar » d’avoir choisi de piétiner la loi (Cour suprême) « ce qui est surprenant pour une organisation qui se veut respectueuse de la Torah et des institutions de l’Etat ».
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